Encore quelques finitions. Au fur et à mesure que mon bras vole devant la toile, que ma main laisse des traces, un tableau prend forme. J’avais déjà réalisé plusieurs esquisses auparavant avant de m’y mettre. Mes projets quand ils sont pour l’école se doivent d’être parfait ; pour beaucoup de chose je suis-je m’en foutiste, j’ajouterais même que je suis loin d’être perfectionniste, je fais toujours le ménage à l’arrache, les courses sont jamais complète, la majeure partie de mes devoirs écrits sont rendu en retard ou incomplet, en somme je ne suis pas une personne qui apporte du soin qu’elle peut faire mais dès qu’il s’agit d’Arts, d’un tableau ou même de qui que ce soit à quelque chose à voir avec le dessin, je me transforme en grande perfectionniste qui n’a de cesse tant que la dernière touche harmonisant le tout n’a pas été apportée. Il est tard alors que je suis en train de peindre dans ma chambre, sans doute trois heure du matin, on m’a invité quelque part ce soir. Tant pis, je resterais là et irais me coucher dès que cela sera terminé. Encore quelques finitions. Le rythme de ma main s’accroit, je complète ma pensée. « Les Limites » était le sujet donné par notre professeur, pour beaucoup il n’était pas inspirant mais pour ceux qui était capable d’observer l’espace-temps, ou même capable de s’observer soi-même, ce sujet était d’une richesse insoupçonnée, si bien que le devoirs était fini plusieurs semaines à l’avance. Tant mieux, s’il ne plait plus, je pourrais encore le corriger. Une heure plus tard, c’est mon lit que je retrouve. Je laisse le chevalet comme il est dans un coin de la pièce en me promettant que demain je le rangerais. Il y’a peu de chance, je le laisse toujours là car j’ai toujours un travail non-fini qui attend dessus. Celui là est terminé pour le moment, jusqu’à ce que je décide qu’il doit être retravaillé. La nuit passe. Plutôt bien d’ailleurs parce que j’étais crevée, je me sens à peine tomber sur l’oreiller que je suis déjà loin. Je dors et c’est amplement mérité. " Bonjour la belle au bois dormant " C’est un long gémissement qui s’échappe lorsque j’entends la froid d’Ella et que je commence à sentir l’air frais entrer par la fenêtre. On est presque en novembre, la fenêtre ne peux plus être ouverte ainsi sans me donner l’envie de me réfugier sous les couvertures et à vrai dire encore plongée dans mon sommeil c’est la mon premier reflèxe. Je me suis couchée tard à cause de cette fichu peinture, mon corps réclame encore un peu d’sommeil même si ça, ça devrait pas être permis. L’heure c’est l’heure. Par chance, l’odeur des viennoiserie fraîchement rapportée me donnent envie d’ouvrir les yeux. C’est en sursaut que je me lève avant de voir Ella assise sur mon lit à côté d’un plateau. Merde ! Je rêve pas. " Petit déjeuner au lit mademoiselle " Je la regarde avec un air pas encore réveillé et à la fois surpris. Un petit déjeuner au lit, c’est là ce qu’elle m’apporte. Si j’avais pas les yeux ouvert depuis seulement deux minutes, je serais sûrement accroché au cou d’Ella. C’était tellement attentionné que je n’arrivais pas à réaliser. Jamais personne n’a été aussi gentil avec moi. J’en perds mes mots. Elle est décidement trop adorable, j’en réalise toujours pas la chance que j’ai de l’avoir. " Aurais-tu pitié de ta gentille coloc' aujourd'hui ? j'ai envie de faire un truc spécial .. ça s'fête non 19 ans ? " Voilà le coup d’fouet dont j’avais besoin pour un réveil. 19 ans ? Je cherche dans ma mémoire à quel moment elle me l’aurait dit. Ces trucs là ça se dit nan ? J’aurais pu oublier, quoique non, pour Ella j’lui aurais sûrement préparé une surprise pendant des semaines. Merde. J’aurais dû mener l’enquête. « Attends ! T’as 19 ans ? Pourquoi tu me l’as pas dit ? » Je réponds avant de regarder le plateau sur mon lit. Du café chaud, un croissant dieu que ça m’attire. Mes yeux se redirigent sur Ella quand je prends le temps de réaliser. « Heyyy ! C’est moi qui aurais dû t’apporter les petit dèj au lit. On fait tout de travers là » dis-je avant de commencer à rire, puis à finalement m’extirper hors des draps. Sur les genoux j’avance vers Ella pour lui faire son câlin du matin vu que je n’ai toujours pas pris le temps de le faire. « Joyeux Anniversaire. Je suis ton chevalier servant pour toute la journée si tu le souhaite. » je lui annonce avec le sourire avant de lui déposer un bisous sur sa joue. « D’ailleurs comme c’est TON anniversaire, c’est toi qui doit être servie au lit. Allez HOP ! Sous les draps ! » J’ordonne en montrant la place vide dans mon lit pour qu’elle s’y installe.

Je reste encore sous le choc d’apprendre qu’aujourd’hui c’est l’anniversaire d’Ella. Choc. C’est un bien grand mot mais comme je viens de me réveiller mon visage ne parvient pas à afficher une autre expression. Oui j’ai l’air sous le choc de cette nouvelle alors qu’en temps normal j’aurais juste été surprise. Il faut le temps pour que mon cerveau se mette en marche et puis la journée sera comme une autre. Enfin façon de parler parce que c’est le première anniversaire ou jour spécial que je passe avec Ella et j’entends bien à ce qu’il soit réussi et inoubliable. « Oui … tu sais j’aime pas trop parler de ce genre de chose » Je ne tarde pas à me tenir droite sur mon lit. C’est à nous de prendre cette journée je suppose. « Oui enfin là on parle pas de la date de tes dernières règles ou de ton prochain rendez-vous chez le dentiste mais de ton anniversaire. C’est important que tes amis le sachent. » Je lui spécifie avant de me rendre compte que je suis presque à la réprimander. C’est pas ce que je veux. Je me sens juste horriblement gênée de ne pas avoir pu lui offrir quelque chose ou même lui organiser une fête. Je suis sûre qu’elle aurait adoré que j’invite ses amis les plus intimes pour ses dix-neuf ans. En petit comité évidemment. Oui elle aurait aimé mais comme je me réserve l’idée pour l’an prochain. Dommage qu’aujourd’hui je n’ai même pas eu l’occasion moi-même de lui apporter le petit déjeuner au lit. « Ne soit pas bête mon cœur, je suis contente de t’apporter le petit déjeuner » Mon cœur. J’aime quand Ella m’appelle ainsi. C’est qu’un petit nom pourtant mais moi ça me fait sentir importante à ces yeux parce que j’adore Ella. Avec ce qu’elle a fait pour moi je ne m’imagine même plus sans elle à vrai dire, c’est comme avoir une sœur. Une sœur qui prend soin de vous et qui vous comble de toute l’affection que vous pouvez nécessiter. C’est avec tendresse que je lui souhaite son anniversaire. « Merci mon cœur » répond-elle histoire de me faire sourire un peu plus. J’aurais jamais eu autant l’impression d’avoir une famille que depuis que je suis ici. Et parce que trois cent quatre jour par an elle s’occupe de moi j’estime que je dois le faire le jour restant – bon le résultat est faussé parce que ça fait moins d’un an mais on se comprend. Je sors de mon lit pour lui faire prendre ma place. C’est à elle d’être bien installé comme une princesse au chaud sous les couvertures, comme c’est à elle de profiter du petit déjeuner, c’est à moi d’être l’hôte et vu qu’on est dans ma chambre, ça tombe bien. Comme je lui ai dit, je suis son chevalier servant. Je commence donc à sortir le petit déjeuner du plateau pour qu’on en profite. Assise en tailleur au pied d’Ella, je lui tends son bol de lait. Pas de café, j’ai bien retenu. Je nous sers tandis qu’elle commence à prendre la parole. « Il y a un truc que j’aimerais faire, je suis jamais allé en boite, tu m’y emmènerais ? » Je reste immobile en la regardant sitôt cet aveux fait. Là, je suis surprise. Pas choquée mais presque. Est-ce qu’elle se rend compte que je vais en boîte jusqu’à trois fois par mois. Mais comment a-t-elle fait pour y déroger. Puis la réponse coule de source : y’a pas de garderie dans les boites. « Wow ! J’arrive pas à y croire. Mais tu sais que tu as de la chance ? Toute les boîtes de la capitale vont fêter halloween et donc ça va être très ambiancé il n’y aura qu’à choisir et je t’emmène où tu veux princesse. » J’en fais la promesse avant de mordre énergiquement dans mon croissant. Et bien me voilà amusée et pressée d’être à ce soir pour faire découvrir à Ella Paris by night même si évidemment si on touche ni à l’alcool ni aux drogues ça risque d’être différent. Ca sera une découverte pour nous. « Il me faudrait une robe par contre, je n’en ai pas de convenable » De convenable ? Avec un joli minois comme ça, c’est pas la robe qu’on regarde. « Nan mais c’est Haloweeeen. Tu peux te déguiser. Oh attends ! » Je saute du lit et me dirige vers la grosse armoire à côté des cartons. Depuis des mois que j’habite ici je n’ai pas pensé à les déballer mais je me plonge quand même à l’intérieur pour en tirer une vieille robe noir pleine de dentelle. « Voilà ! J’ai la même en blanc quelque part. S’tu veux on en prend une chacune et on s’déguise en cygne. Le blanc et le noir. Comme dans Black Swann. » J’énonce l’idée avant de jeter à nouveau la robe sur les cartons pour me précipiter dans le lit en manquant de tout renverser sur mon passage. « A moins que ! tu n’aies envie de faire quelque courses aujourd’hui. » J’annonce en riant presque à croire que le shopping est la meilleure chose qui pourrait nous tomber dessus.

Je me retrouve très excitée à l’idée de passer la journée et la soirée avec Ella. Ce serait la première fois. Oui, la première en maintenant plusieurs mois de colocation, c’est à peine croyable. Nous sommes proches, elle est la sœur que j’ai jamais eu, la seule personne à prendre soin de moi et à m’aimer sans rien me demander en retour et pourtant je ne suis jamais sortie avec elle en ville pour qu’on s’amuse. Jamais. C’est la deuxième révélation du jour qui m’abasourdit. Je garde pourtant le sourire parce qu’une journée qui démarre si bien promet d’être inoubliable. " Je ne m'y connais pas trop tu sais chérie. Tu veux pas choisir plutôt ? " Je fais déjà des plans dans ma tête pour partir avec elle, je fais la liste des boîtes dans ma tête, je tente de déterminer laquelle sera bien ambiancée sans être surpeuplée. C’est pas évident parce que je sais qu’Ella n’est pas une habituée et qu’il pourrait être très simple de la perdre dans la masse. « Si tu veux. Mais tu sais, j’ai mes endroits fétiche. J’espère que tu n’as pas peur de la foule car il risque d’y en avoir un paquet. » Je la met en garde. Je ne connais pas ses habitudes en dehors de notre appartement. Je sais qu’elle ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue probablement pas et je ne pense pas qu’Ella soit du genre à accepter des contacts rapprochés avec des gens totalement inconnus. Dit comme ça, j’ai l’impression qu’elle est un ange et moi un démon, on n’est pas si loin de la réalité, à côté d’elle je suis une mauvaise personne. J’ai bien plus d’ennemi que d’amis. J’arrive même pas à être sympa avec les mamies dans le bus, j’envoie chier, je gueule contre la première personne à m’bousculer dans la rue. Ella, elle doit aider les mamies qui lui demandent de l’aide, elle doit dire pardon aux autres même quand c’est pas sa faute et puis elle a une fois si douce, ça lui sert à rien d’hurler sur les autres pour s’imposer. La chance. Je saute du lit pour aller chercher une robe dans mes cartons. Depuis l’temps j’estime que j’devrais ranger ma chambre et emménager pour d’bon mais j’y pense pas. J’en sors une robe bourrée de dentelle, le genre de truc qu’on achète sans savoir quand on le mettra. " Hum, t'es sur que je ne vais pas avoir l'air ridicule dedans ? " me demande Ella en désignant la robe en question. Bah vu que j’vais mettre la même dans une autre couleur. On sera ridicule à deux, c’est ça l’amitié non ? Je la suis des yeux quand elle se lève pour approcher le tissus et voir ce qu’il en est. Je ne dis rien en attendant son avis. " Tu vas être magnifique, j'aurais l'air ... moi " Que nenni ! Rien ne m’énerve plus que le manque de confiance en soi, surtout chez les personnes aussi formidable qu’Ella. Elle ne s’en rend probablement pas compte mais à côté d’elle je suis invisible. Moi, je ne suis qu’une blonde dont on tente de profiter en espérant qu’il n’y’ait rien là haut, c’est pas ce qu’on qualifie de jolie. Ella, c’est le genre de fille qu’on veut épouser. Si elle réalisait cette chance. " Tu me prête ton corps pour une soirée ? " Elle rit en tombant sur mon lit. Je ne ris pas moi. Je suis mal à l’aise d’être jalousée par quelqu’un d’aussi parfait. « Ella ? Tu t’rend compte que tu dis n’importe quoi ? Avoir l’air d’être toi c’est carrément beaucoup que d’être juste magnifique. Crois moi, avec ça’ Tu seras merveilleuse, comme toujours, parce que tu vaux beaucoup mieux qu’une boite vide dans mon genre. » Je lui réponds sans pour autant dévoiler les complexes que je peux avoir. Je laisse tomber la robe sur elle avant d’ajouter. « Allez ! Lève toi pour l’essayer. J’dois voir s’il faut l’ajuster. » Je reprends l’sourire que j’arbore naturellement. « Et puis si on a l’air ridicule, dis toi qu’on sera deux comme ça’ Qu’on sera ensemble et sincèrement aujourd’hui, on s’en fout un peu du regard des autres. Le premier qui t’fait une réflexion, je lui rentre dans le lard. »