Je venais de finir de manger. Un bon sandwich fait avec les premiers trucs qui me sont tombés sous la main, je dois avouer que c’était mangeable mais je ne présenterais pas ce plat au grille-un-thon du quartier ! De toute façon il n’était ni délicieux ni parfait, alors je ne pourrais même pas l’emmener. En fait je suis peut être geek, je viens de manger, je parle de nourriture, et direct je pars sur un jeu, en l’occurrence les sims ! J’aime vraiment beaucoup ce jeu, même si pour beaucoup c’est un jeu de filles, j’aime bien faire des sims complètements fous et après les tuer, bon maintenant avec les sims trois ils peuvent remonter sur le bord de la piscine, mais il reste toujours l’enfermement dans une pièce, l’électrocution, la peur, et pas mal d’autres techniques, tout est marqué sur internent. En fait, je ne suis pas très sympa’, je tue quand même des personnages imaginaires dans un jeu, c’est un peu sadique quand même, en fin c’est sûrement mieux que de jouer à call of ou battlefield, où là il faut tuer des gens, mais c’est tout de même beaucoup plus réaliste que les sims. Et puis dans ce genre de jeux, c’est souvent les américains c’est les gentils, les autres c’est les méchants on les tue tous. Je pense que l’exemple le plus flagrant de ce genre de choses est terrorist takedown, qui en plus d’être un mauvais jeu, représente aussi très mal le contexte dans lequel il est mis, c’est-à-dire la guerre en somalie. Et je suis bien placé pour savoir, qu’en temps que professeur d’histoire, que cette guerre fut assez horrible pour ne pas être reprise par un jeu minable qui n’en connaît même pas le contexte ! C’était le petit coup de gueule du jour. Je crois que je devrais travailler pour jeuxvidéos.com, je serais peut être meilleur que lorsque que je suis professeur d’histoire-géo’, enfin, je n’arriverais toujours pas à la cheville de n’importe quel rédacteur de ce site, mais bon !

Enfin bref ; Comme je n’attendais personne, je me baladais tranquillement en caleçon dans mon appartement, oui, il fait super froid dehors, mais moi je me balade en caleçon, je ferrais mieux de baisser le chauffage et de mettre un pull. De toute façon je pourrais sortir dehors en caleçon que j’aurais à peine froid, bon je serais malade, mais comme je ne suis pas frileux, je ne me rendrais pas compte que je suis malade. Bon bref, après avoir mangé mon sandwich thon, œufs, tomates, concombre, mayonnaise – je ne savais même pas que j’avais tout ça dans mon frigo’ – je me rendais dans la chambre histoire de me balader un peu sur internet. Je m’allongeais tranquillement sur mon lit, les jambes croisées, mon ordinateur posé sur celles-ci et mon casque audio sur les oreilles. L’isolation de l’appartement est assez bonne, mais j’aime bien être complètement dans ma bulle lorsque je suis sur le net. J’entends tout de même si quelqu’un sonne l’alarme de l’immeuble – j’ai testé – ou s’il y a pas mal de bruit, mais par exemple quelqu’un qui marche sur le plancher, je ne l’entends pas, à moins que ce soit un éléphant ! Au bout de quelques recherches sur google et une vidéo marrante sur youtube, j’entendis quelqu’un, dans mon appartement, oui pas au dessus ou à côté mais chez moi. Je retirais mes écouteurs, et je compris que c’était Lou. Et merde, je suis en caleçon ! Je met mon ordi’ en veille, je ne peux pas débarquer en caleçon, ce serait un peu déplacé ! J’attrape vite fait un t-shirt et un jean, je vérifies tout de même qu’ils ne sentent pas trop mauvais, je ne veux pas passer pour un gros dégueulasse. Un petit tour dans la salle de bain, un coup de déodorant, et j’arrive dans le salon, presque content d’être arrivé à être presque présentable en si peu de temps. « salut ! » dis-je d’une voix enjouée. « tu fais quoi ici ? »

Il sentait à plein nez le gars qui n’avait pas lu ses messages, il sentait à plein nez le gars qui venait de filer dans la salle de bain, un coup de déo sous les bras et des vieilles fringues moisies de trois jours, voir même une semaine complète. On pouvait presque sentir le vieux sandwich crudités qu’il avait mangé quelques instants plus tard. Alors, de son ton enjoué, lorsque je l’entendais dire un « tu fais quoi ici ? » Je ne pu que croiser les bras sur ma poitrine, signe incontestable d’insatisfaction, serrant presque les lèvres d’une attitude de vieille prof sévère. Et d’un ton las, abandonnant presque la bataille, je lui répondis « Tu lis même pas tes messages ! Tu pourrais faire un effort ! » J’avais pris la peine de bouger mes fesses, j’avais pris la peine de le prévenir de ma présence et voilà comment j’étais reçue – exaspérée. Je fouillais dans ma sac pour empoigner un mystérieux paquet, en sorti une cigarette que je ne tardais pas à déposer entre mes lèvres, le regardant de haut en bas « Non mais, c’est pas comme si c’était la première fois que je me pointais un samedi soir ! » Je ne tardais pas à filer dans le canapé, lui réclamant : « T’aurais pas un briquet quelque part ? J’crois que j’ai oublié le mien »

Parce que au fond, je savais que je ne lui en voulais pas vraiment, parce qu’au fond, je savais qu’il finirait par venir se vautrer avec moi sur le canapé, qu’on s’enfilerait ensemble cette bouteille de vodka, qu’on se mettrait un bon film, un jeu, quelque chose, et qu’on finirait par rire ensemble, comme de bons vieux potes qui se retrouvent. J’aimais me retrouver avec lui, peut être pour ce rôle de mauvaise fille que je me donnais, j’aimais qu’il ne voit pas en moi une femme, qu’il me considère comme l’un de ses vieux potes, et pourtant, j’avais pris soin de me préparer, de ma maquiller, de sentir bon, de choisir une tenue … Et pourtant, ce faux naturel repris le dessus, dès que je me retrouvais face à lui, simplement. Je tournais la tête vers Soren, qui n’avait pas encore bougé « J’te propose qu’on se pose devant un film, y’a une bouteille de vodka dans ton frigo … Je savais que tu n’aurais pas lu tes messages en fait … J’finis par te connaitre !»

J’enlevais par la suite ma veste et mon écharpe gardées sur moi, soupirant, je lançais une nouvelle fois « Tu peux pas baisser le chauffage ? Non parce qu’on chauffe ici quand même ! » Je parlais, certainement beaucoup trop, je parlais sans plus m’arrêter, j’étais une fille après tout, une pipelette. Alors je fini par me concentrer sur cette cigarette pas encore allumée, la tournant entre mes doigts, glissant mon esprit ailleurs que sur la présence de Soren, parti certainement dans la cuisinette, parti certainement se demander pourquoi il avait fini par me rencontrer et pourquoi il acceptait encore de me recevoir chez lui.

Si seulement il avait le choix …

Ce qu’elle faisait ici, question débile, à mon avis elle est pas venue repasser la pile de linge qui penche dangereusement ou faire la cuisine. Je ne la connais pas depuis très longtemps, de toute façon je ne connais personne depuis très longtemps ici, cela ne fait que six ans que je suis arrivé dans la capitale, mon plus vieil ami doit être Cassandre, que j’ai rencontré à mon arrivée ici. Avant, je faisais le tour du monde, et ce pendant huit ans, ce furent sans doute les huit plus belles années de ma vie. Maintenant, je me suis posé j’ai un travail, dans lequel, pour le moment je m’épanouie, ça va, je ne m’en lasse pas. Il faut dire qu’il y a toujours des choses à dire sur l’histoire ou la géographie, des anecdotes à raconter, qui pourrait passionner un auditoire s’il n’était pas plus intéressé par leurs portables, leurs sms et leurs amours ! Enfin, que voulez-vous, ce sont des jeunes, et les jeunes ça ne pense pas très souvent au cours, c’est beaucoup plus intéressé par qui sort avec qui que part la révolution française. « Tu lis même pas tes messages ! Tu pourrais faire un effort ! » Oui, je pourrais, mais je n’ai pas pensé à les lire à vrai dire, mon portable est resté dans la cuisine, du coup je ne les ai pas lu. C’est vrai que si je l’avais fait, j’aurais été prévenu de son arrivée et je n’aurais pas l’air d’un sdf, comme actuellement. C’est vrai, elle, elle s’est préparée, elle s’est coiffée, elle a mis du parfum, à côté moi je fais gros goujat qui regarde le foot’ et qui boit de la bière. Ce que je ne suis pas ! Je n’aime pas particulièrement le foot’, même s’il m’arrive d’en regarder quand je ne trouve rien à faire ou qu’il n’y a rien d’autre à la télévision. « Non mais, c’est pas comme si c’était la première fois que je me pointais un samedi soir ! » elle a l’air tellement à l’aise chez moi, elle devrait emménager ! J’ai l’impression qu’elle me connaît trop bien. J’aurais pu être sorti, on est samedi soir, mais non, je suis là. Parfois je sors, c’est vrai, mais je ne suis pas un grand fêtard, je suis plus adepte des soirées pizzas que alcool jusqu’au bout de la nuit ! Enfin, elle m’a l’air vachement excitée et susceptible. Je vais essayer de pas l’énerver encore plus, mais je crois que c’est foutu. Je suis un vrai fouille merde, qui dit tout le temps l’inverse de ce qu’il faut. « T’aurais pas un briquet quelque part ? J’crois que j’ai oublié le mien » c’est vrai que je fume parfois, mais pas souvent, une de temps en temps histoire de décompresser, j’ai toujours un paquet sur moi, mais je ne suis pas un addict, ça m’évite juste de manger cinq tablettes de chocolat à la place. Je trouve que c’est mieux d’en fumer une parfois que de s’enfiler dix kilos de chocolat et devenir obèse en deux jours. Déjà que je suis gourmand ! « J’te propose qu’on se pose devant un film, y’a une bouteille de vodka dans ton frigo … Je savais que tu n’aurais pas lu tes messages en fait … J’finis par te connaître ! » en fait, même si elle est un peu chiante des fois, elle est quand même vachement prévoyante et moi trop prévisible. Elle me fait un peu penser à ma sœur, d’ailleurs il faudrait peut être que je l’appelle, elle ou quelqu’un d’autre de ma famille, ça fait quand même huit ans qu’ils n’ont pas eu de mes nouvelles, si ça se trouve ils pensent que je suis mort ! « Tu peux pas baisser le chauffage ? Non parce qu’on chauffe ici quand même ! » rien que pour lui faire les pieds je vais rien et si elle se plaint, elle a qu’à aller de hors, au moins elle aura pas trop chaud ! Je m’avançais vers elle et lui prenais sa cigarette des mains, avant de dire « en effet, j’ai bien un briquet, je pourrais te le passer, mais ta clope, c’est sur le balcon et pas autre part, ok ? » je veux pas que ça pue la cigarette partout dans l’appart’ non plus, nan mais oh ! « ok pour le film, mais t’es sure qu’on pourra le regarder sans que tu racontes quelque chose toutes les trente secondes ? » dis-je pour la taquiner.