❝ Bienvenus à l'aéroport Paris Charles de Gaulle. Nous espérons que vous avez fait un bon voyage à bord de notre compagnie et nous vous souhaitons un très bon séjour. ❞

Étrangement, le soleil éblouissait la vue qu'Ava Lucille Harris avait à travers son hublot de Première Classe. Sa mère avait pourtant l'habitude de dire, et ce depuis sa plus tendre enfance, qu'à Paris tout était gris. Sa mère, Charlotte Jeanne Marie Leblanc, détestait et déteste toujours Paris, que ce soit été comme hiver et pendant ou en dehors des périodes de soldes. Charlotte Leblanc était française oui, mais plus précisément Lyonnaise et fière de l'être. Et elle répétait souvent à sa fille unique : ❝ Lyon c'est le Petit Paris. Un Paris sans ses inconvénients. ❞ Enfin Ava n'avait pas choisi Lyon comme destination mais Paris et sa mère n'en savait encore rien, la croyant probablement toujours aux États-Unis dans le ranch du Grand-Pa John. Grand-Pa John était une des raisons de l'arrivée d'Ava en France... Mais pour mieux comprendre, il faut retourner quelques années en arrière... disons... près de 25 ans.


Ava Lucille Harris est née le 3 Juillet 1987 à Londres, d'une mère française et d'un père américain. Vous devez certainement vous demander comment ils ont fait pour se rencontrer et pour avoir un enfant à Londres... Eh bien c'est simple. Andrew John Harris faisait ses études de Droit dans la meilleure université de Londres et Charlotte Leblanc étudiait l'Histoire de l'Art en échange avec la Sorbonne de Paris. Ils sont tombés amoureux, ont terminé leur étude respective, ont reçu leur diplôme, ont conçu un bébé et ils se sont mariés. Un peu dans le désordre mais ça ne les a pas empêcher d'être heureux et de donner la vie à Ava, dans la ville où ils avaient élu domicile.

Ava avait hérité de la beauté de sa mère avec ses cheveux roux naturels et ses grands yeux verts. De son père, elle avait probablement reçu son esprit libre et passionné. Depuis sa naissance la jeune fille obtient tout ce dont elle a besoin et tout ce qu'elle veut par ses parents, on pourrait la qualifier de petite fille pourrie gâtée. Son père travaille comme avocat pour de grandes entreprises à Londres et gagnent beaucoup d'argent alors d'après Charlotte ❝ Pourquoi s'en priver? ❞ Ava va alors en école privée, sa mère stricte (trop parfois) l'empêche de sortir, de s'amuser. Elle l'inscrit à des cours de danse classique, de piano aussi. Elle lui enseigne le français, parce qu'il parait que de parler plusieurs langues c'est un avantage pour l'avenir. Sauf qu'Ava, son avenir, elle ne le voit pas. Elle ne l'imagine pas. Elle rêve de vivre au jour le jour, de voyager, de découvrir des choses. Elle n'excelle à l'école, en langues, en danse classique et au piano que pour le plaisir de sa mère. Son père l'encourage, lui, il essaie de la motiver à trouver quelque chose qui lui plaira à elle et non pas à eux.

En apparence, Ava semble douce, fragile, sérieuse et pourtant à 18 ans, elle commence à mentir à ses parents, fréquenter de mauvaises personnes. Les disputes s'accumulent avec sa mère, mais aussi entre ses parents parce que son père voudrait qu'ils lui laissent plus de liberté ❝ Avant qu'elle ne fasse de plus grosse connerie ou qu'elle quitte la maison. ❞ Et c'était ce qui était arrivé, le diplôme du lycée en poche, des études de management qui ne lui plaisaient pas, elle avait fait ses valises vidant son compte en banque et avait débarqué à New York, visa en main et avait vécu sa vie à 100% et à 100 à l'heure. Au diable les parents! Aux diables les contraintes. Elle voulait vivre.

Mais à 21 ans, quand on a jamais connu autre chose qu'une vie de famille aisée où l'argent résout tous les problèmes, est-ce qu'on sait réellement ce que signifie "vivre"? Elle profitait certes, elle était serveuse, faisait un peu de mannequinat pour survivre mais elle continuait les mauvaises fréquentations... elle avait commencé à boire, à fumer, à se droguer même... Ses parents ont essayé maintes fois de la ramener à la raison, de la convaincre de rentrer à Londres. Ils ont échoué. Vint alors le dernier recours. Un soir alors qu'elle rentrait du bar où elle travaillait, elle trouva la porte de son appartement ouverte et son grand-père assis. ❝ Je ne te laisse pas le choix, Ava. ❞ Josh Harris ne quittait jamais son ranch au Nouveau-Mexique, mais il avait pris la peine de venir jusqu'à New York, récupérer sa petite fille et pendant près de 4 ans, il ne l'avait pas lâchée. Elle s'était installée Lovington dans le ranch familial. Elle avait dû apprendre à se débrouiller seule, à ne plus être dépendante de ces produits nocifs, à réfléchir à l'avenir.

La première année qu'elle passa au Nouveau Mexique avait été difficile, physiquement et psychologiquement. Elle était encore influençable. Elle avait alors rencontré Logan Sawyer, un biker d'un gang du Nouveau Mexique. Il était charmant et charmeur, elle avait succombé à son charme et lui au sien. Du moins, elle l'avait cru. Elle était amoureuse, et il disait l'être aussi. Il disait aussi vouloir quitter son club et s'occuper d'un ranch, ailleurs, commencer une nouvelle vie. Avec elle. Puis un jour, ça s'est arrêté. Après une dispute avec son grand-père qui n'aimait guère que sa petite fille fréquente un des voyous de la ville, Ava avait rejoins Logan sur leur lieu favori, en haut du château d'eau. Il n'était jamais venu. Elle avait attendu toute la nuit, toute la journée suivante, jusqu'à ce qu'elle rentre enfin chez elle, et que son grand-père lui annonce la mort du "gamin" comme ils l'appelaient. Un règlement de compte avec le gang des Mexicans.

L'Amérique profonde avait définitivement guéri Ava de l'amour. Elle avait fermé son coeur et s'était alors consacré à 100% à son avenir. Reprendre ses études? Reprendre le ranch familial? Retourner à Londres? Elle n'avait pas pu répondre à ses questions avant le décès de John Harris. son grand-père avait légué la moitié de sa fortune à son fils, et l'autre moitié à sa petite fille. Quelques semaines après, elle prenait un avion pour Paris.


Bien sur, elle ne connait personne à Paris. Enfin ce n'est pas tout à fait vrai, elle connait une personne à Paris : Skyler Avery Holloway. Sa voisine et camarade de classe depuis la plus tendre enfance. Celle avec qui elle partageait tout. Celle qu'elle avait laissé tombé à leur 21 ans. Celle à qui elle n'avait jamais donné de nouvelles. Elle avait réussi à récupérer son adresse parisienne mais hésitait maintenant à l'utiliser. Elle pourrait l'appeler avant... se prendre une chambre d'hôtel et l'appeler... Ou simplement frapper à sa porte.

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