JOY A. BAKER && MATTHIAS J. PARKER

« N'oublies pas fiston, ce soir c'est ta nounou qui viendra te chercher à l'école, parce que je n'aurais pas encore terminé le travail quand la cloche va sonner » dis-je en m'agenouillant devant mon fils. « D'accord. Dis ? Tu vas rentrer beaucoup très tard ? Ou pas trop ? » répliqua-t-il, intrigué. Amusé par sa remarque, je ne pus m'empêcher de lui ébouriffer les cheveux, attendri. C'était tout de même incroyable, pensais-je, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, je ne pouvais m'empêcher de le trouver formidable. Pourtant, Dieu sait qu'il avait du caractère ce petit-là! D'un autre côté c'était aussi un enfant très éveillé et extrêmement intelligent pour son âge. Bien que je n'ai pas été un père exemplaire par le passé, j'étais véritablement fier de l'avoir à mes côtés. Et plus encore, j'avais compris la leçon. Jamais plus on ne me l'enlèverait! « Papa ? » fit-il après quelques minutes, alarmé par mon mutisme soudain. « Pardon chaton, j'étais dans la lune. Pour répondre à ta question: non. Je ne vais pas finir beaucoup très tard. Et puis dis-moi, je ne t'avais pas promis quelque chose en plus de ça ? ». A ces mots, son visage s'illumina. « SI! Tu as dit que l'on irait au zoo après l'école et, que le soir on mangerait une PIZZA! ». Ce qu'il pouvait être adorable! « Exactement. Mais pour ça, tu dois me promettre d'être bien sage avec la maîtresse aujourd'hui et, surtout tu ne chahutes pas tes petits camarades, d'accord? Allez, je dois y aller maintenant. Je te laisse. Tu rentres dans la classe et, on se voit ce soir » concluais-je en lui déposant un baiser sur le front. M'offrant une étreinte à laquelle je ne m'attendais pas, il me souffla alors à l'oreille « Travaille bien. Je t'aime papa ». « Moi aussi je t'aime. Allez vas ». Et je le regardais s'éloigner vers sa salle de classe, un sourire béa aux bords des lèvres.

Je venais donc de déposer Liam à l'école et, considérant qu'il me restait une bonne demi-heure devant moi avant de commencer le travail, je décidais d'utiliser ce lapse de temps pour aller boire un café quelque part par là. Voir même de petit-déjeuner dans la foulée, puisqu'avec le petit à préparer, je n'avais pas vraiment eu le temps de me remplir l'estomac. Oui, c'est le genre de choses qui arrivent lorsque l'on se lève en retard. Je déambulais donc dans les rues, flânant autour des divers établissements ouverts à une heure si matinale, quand je remarquai quelques mètres devant moi; une sorte de coffee-shop - qui venait d'ouvrir - et me faisait de l'oeil depuis plusieurs semaines déjà. Décidé, j'accélérai alors le pas, impatient à l'idée de pouvoir me rassasier d'autant plus que mon estomac grognait depuis plusieurs minutes déjà. Pourtant et tandis que je touchais au but, je bousculai par mégarde une jeune femme. Cette dernière, déstabilisée par la bousculade, tomba à terre. Confus, je me précipitais alors vers elle et, lui offrait généreusement ma main, afin qu'elle se relève. Toutefois et tandis que je baissais la tête vers la dite jeune femme, mon cœur chavira. Me ramenant près de trois ans en arrière, cette rencontre in-fortuite manqua même de me faire faire une attaque. Et alors qu'elle bafouillait mon prénom, probablement aussi surprise que je pouvais bien l'être à ce moment-là, ces mots raisonnèrent dans ma tête, me mettant complètement hors de moi. 'Je suis désolée tu mérites mieux que moi... Je t'aimerais toujours Joy'. 'Je t'aimerai toujours' que sa lettre disait. Mon œil oui, elle n'avait jamais cherché à me revoir, ni même à savoir comment j'allais après la mort de Lucy. Ou quoi que ce soit. D'ailleurs connaissait-elle jusqu'à son existence ? Avait-elle entendu parler de Liam? Une chose était certaine en tout cas, en quittant l'école il y a quelques minutes, je me serai attendu à tout sauf à ça.

❝ Joy. Qu'est-ce que... tu fais là? ❞

Oui bon d'accord, la rue était à tout le monde. Mais je n'entendais pas cette question dans ce sens-là. D'ailleurs, elle savait très bien où je voulais en venir, je crois.

JOY && MATTHIAS

Elle me détailla quelques minutes, cherchant ce qui en moi avait pu changer après toutes ces années. Pas grand-chose je dirais. Mais après tout j'étais plutôt mal placé pour m'en faire une idée. De son côté, Joy n'avait pas changé. Si ce n'est peut-être qu'elle avait encore gagné en beauté et, en féminité. J'avais toujours eu du mal à croire qu'elle puisse s'embellir d'année en année et pourtant, le fait s'était avéré. Toujours le même sourire ravageur, les mêmes yeux ensorcelants et, cette voix divine qui m'avait si souvent bercée. A la regarder comme ça, j'en aurais presque oublié qu'elle m'avait quitté. Parce qu'elle était restée la même. Seuls ses cheveux avaient changé. Peut-être étaient-ils plus longs ? Ou bien plus courts? Ou alors avait-elle changé de coiffure, qui sait ? A cette pensée, je ne pus m'empêcher de soupirer, me blâmant plus que de raison dans la foulée. Non, mais sérieusement ?! A quoi je pensais?! La femme que j'aimais plus que tout au monde (tout du moins celle qui n'avait jamais quitté mes pensées), celle-là même qui m'avait abandonné se trouvait à mes côtés et, tout ce à quoi je pensais était à la manière dont sa coupe de cheveux avait évoluée?! Vraiment?! Je restais là, planté devant elle à la regarder en chien de faïence, alors qu'elle m'avait brisé le cœur et que j'avais rêvé des centaines de fois de pouvoir vivre ce moment?! Et pourquoi ne lui jetais-je pas ma haine au visage comme j'en avais si souvent rêvé? Juste histoire qu'elle comprenne ce qu'elle m'avait fait endurer en me laissant tomber.

Détournant subitement le regard, elle sembla chercher ses mots. Je craignais déjà qu'elle ne se confonde en excuses, m'obligeant ainsi à tourner les talons. Parce que pour être tout à fait honnête, je n'en avais strictement rien à faire de ses simagrées! Tout ce que je voulais savoir moi, c'était pour quelle sordide raison elle m'avait quitté ? Nous étions si heureux, si amoureux que cette raison, aujourd'hui encore m'échappait. Bien que j'étais conscient que remuer sans cesse le passé ne m'était pas d'une grande utilité, j'avais aussi réalisé que, tant que je n'aurai pas d'explications, je ne pourrais pas avancer. La preuve étant que, hormis Lucy, depuis Lucy devrais-je dire, je ne m'étais jamais véritablement engagé. Préférant me contenter d'aventures sans lendemain si toutefois l'envie m'en prenais. Je ne faisais plus confiance aux femmes de toute façon. Alors, à quoi bon? Et elle ? pensais-je, alors. Avait-elle quelqu'un dans sa vie ? Était-elle mariée aujourd'hui? Avait-elle des enfants, elle aussi ? Il y avait tant de choses dont j'aurai aimé lui parler, tellement de questions que j'aurai voulu lui poser, mais... en disparaissant elle avait aussi creusé un fossé entre nous. Fossé que j'avais bien du mal à oublier. D'ailleurs, je n'étais pas certains d'être à même de lui pardonner un jour sa lâcheté. Contre toute attente, elle m'expliqua alors qu'elle avait décidé de revenir vivre ici, les États-Unis n'ayant pas réussi à illuminer sa vie. Alors, c'était donc là qu'elle était partie?

❝ Les États-Unis, répétais-je, encore ahuri. Tu devais vraiment être dégoutée du quotidien avec moi, pour partir aussi loin, refaire ta vie ❞.

Ces mots étaient sortis malgré moi. Pourtant, je ne les regrettais pas. J'avais beau être toujours très attaché à Joy, il y avait des choses que l'on ne pardonnait pas. Tout du moins, pas aussi facilement que ça.

❝ On fait aller, tu me connais , repris-je quelques secondes plus tard. Toi aussi, tu as... bonne mine. Ça fait longtemps que tu es de retour à Paris? ❞ concluais-je alors avec une froideur à laquelle je ne l'avais pas habituée.

JOY && MATTHIAS

Passant une main dans ses cheveux, elle continua alors sur sa lancée, tentant tant bien mal de justifier son comportement passé. Inutile de préciser que cette piteuse tentative ne fut pas couronné de succès. Je n'étais pas complètement stupide et, j'avais bien compris qu'elle me cachait quelque chose, qu'elle me mentait. Quoi qu'elle puisse en dire, j'avais ma part de responsabilité dans son départ, auquel cas elle ne m'aurait pas quitté comme elle l'avait fait. Pas comme ça, sans explications, alors que j'étais sorti. C'était insensé, pas vrai ? Toutefois, je n'étais pas parfait et, si j'avais vraiment merdé quelque part et bien, j'aurais simplement aimé qu'elle m'en parle à l'époque, afin que nous puissions régler le problème. Parce que c'est ce que font les couples. Parce que c'est ce que font les gens qui s'aiment. Mais elle ne l'a pas fait. Raison pour laquelle j'étais tellement en colère. Si je lui en voulais toujours ? Assurément! Et ce n'était pas trois vaines phrases d'excuses, toutes plus incohérentes et affligeantes les unes que les autres, qui allaient m'aider à oublier cette rancœur et à passer à autre chose. Au contraire, sa réponse me mit hors de moi. Il allait me falloir plus, bien plus que ça. De véritables explications. D'ailleurs et, si ce couple de septuagénaires (qui feignait regarder la vitrine de la boutique voisine pour mieux nous écouter) ne s'était pas trouvé à quelques mètres de nous à peine, je ne me serais pas gêné pour lui balancer toute mon indignation et ma haine. Et croyez-moi, après toutes ces années, j'en avais à l'appel.

Elle me questionna ensuite sur ma vie et mon état d’esprit. Un peu comme l’aurait fait des gens normaux, un peu comme l’aurait fait de vieux amis. A la différence près que cela faisait un petit moment que nous n’avions pas entretenus ce type de rapport avec Joy.

❝ Tout va bien, répétais-je, une seconde fois. Mieux que le jour où tu es partis en tout cas ❞, réalisant à quel point j'avais pu me montrer mesquin et blessant, je m’interrompis quelques instants, pesant mes mots ❝ Écoutes Joy, je suis désolé, mais je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas me tenir en face de toi et, te parler de la pluie et du beau temps, te parler de moi et me contenter d'échanger des banalités avec toi, alors que ça fait quoi 5 ans qu'on ne s'est pas vu toi et moi ? Je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé et, je suis navré, mais je refuse d'oublier que tu es celle qui m'a arraché le cœur et l'a piétiné. Je t'aimais Joy, je t'ai toujours aimé et je doute sincèrement que cela puisse un jour changer. Pourtant, j'ai encore peine à croire que tout ça soit arrivé. Maintenant, tu as fait un choix et, j'aimerais que tu m'expliques clairement les raisons qui t'ont motivées. J'ai besoin que tu me l'expliques, car sans ça je ne peux pas avancer. Et j'ai besoin de passer à autre chose Joy, j'ai besoin de vivre, ENFIN. Tu comprends? ❞

J'en avais conscience je m'étais peut-être montré un peu trop brutal et, pressant, mais il fallait que ça sorte. Il fallait qu'elle sache ce que je ressentais. Je ne pouvais pas faire autrement.

JOY && MATTHIAS

Mieux sans elle ? Mieux sans elle?! Mais comment aurais-je pu me sentir mieux en la sachant à des centaines de milliers de kilomètres? En ignorant où elle était ? Était-elle tombée sur la tête?! Le simple fait qu'elle puisse penser à de pareilles choses me dépassait. Joy était la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. N'en avait-elle jamais pris conscience ? Je n'avais peut-être jamais manqué de rien étant petit, mais je ne m'étais pourtant jamais senti aussi heureux que le jour où j'avais fait sa connaissance. Déjà à l'époque, je savais que quelque chose de fort nous lierait et ce, pour très longtemps. Dit comme ça, ça pouvait sembler un peu niais, mais c'était pourtant la vérité. J'en étais tombé raide dingue, dès la première minute. Il avait suffi d'un seul regard et, mon cœur avait chaviré. Découvrant alors dans ses yeux candides de petite fille, une bonté et une gentillesse qui m'ont bouleversé à tout jamais. Et si elle savait que son départ m'avait poussé à ma propre perte? Si elle apprenait que j'étais tombé dans la drogue et, qu'on m'avait retrouvé à demi-mort sur un trottoir? Continuerait-elle de penser que son départ m'avait été bénéfique? Que j'étais bien mieux sans elle quoi qu'il en soit? J'en doutais sincèrement. D'ailleurs je m'apprêtais à le lui dire, mais elle ne m'en laissa pas le temps, s'empressant de réagir à ce que je venais de lui balancer au visage.

Ses yeux plongés dans les miens, elle m'expliqua alors que j'étais dans mon bon droit et, qu'à ma place elle aurait probablement réagi de la même manière que moi. Continuant sur sa lancée, elle insista sur le fait qu'elle ne pouvait pas m'expliquer pour quelle raison elle était partie, mais que cela ne changeait rien à ses sentiments. En d'autres termes, qu'elle m'aimait toujours et que cela ne changerait jamais. Je l'écoutais patiemment, buvant chacune de ses paroles; pourtant je n'en comprenais pas un traître mot. Non pas qu'elle ne fusse pas clair, mais son discours pour moi, n'avait aucun sens.

❝ Je ne crois pas que tu comprennes Joy. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu après ton départ, tu ne sais pas. Mais pour faire court, disons que j'ai été au plus mal. Alors, j'ai peut être l'air bien aujourd'hui, mais ce n'est pas grâce à toi. J'ai bien failli en crever, tellement j'avais mal. Mais ça tu t'en fiches n'est-ce pas ? Parce que tu n'as pensé qu'à toi!❞

A ces mots, une larme coula sur sa joue. Raison pour laquelle je regrettai déjà mes paroles.

❝ Non Joy ne... ne pleures pas ❞, repris-je tandis qu'elle chassa d'un revers de la main cette petite larme. ❝ Je, je suis désolée. Je ne voulais pas. C'est juste que j'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé. Mais j'ai jamais supporté de te voir pleurer, alors arrête s'il te plaît. En attendant et, tant que tu ne seras pas prête à me dire la vérité, je crois... je crois que ce serait préférable qu'on évite de se voir. Je suis désolé. D'ailleurs, je ferai mieux d'y aller❞, concluais-je en jetant un regard rapide à ma montre, feignant être pressé.

JOY && MATTHIAS

N'en démordant pas, elle se borna à dire qu'elle avait pris la bonne décision, insistant sur le fait qu'elle l'avait fait pour moi, rien que pour moi. Il est vrai que Joy n'était pas quelqu'un d'égoïste, toutefois j'avais peine à croire qu'elle ait pu me quitter dans le seul but de me protéger. D'ailleurs de quoi voulait-elle me protéger? Quel était ce lourd secret qu'elle s'efforçait de me cacher ? Pourquoi ne pas m'en avoir parlé à l'époque? Pourquoi ne pas tout me révéler aujourd'hui? Les choses seraient tellement plus simples à l'heure actuelle si elle s'était confiée au lieu d'affronter cette chose toute seule. Qui sait, j'aurai peut-être pu l'aider? Quoi que ce soit, aussi horrible que cela ait pu être, j'étais certain que notre couple aurait survécu à tout ça. Nous avions traversés tellement de choses, vécus tellement de drames tous les deux qu'au fond, ce qui me faisait le plus de peine, c'est qu'elle n'avait pas eu suffisamment confiance en moi. Me croyait-elle capable de l'abandonner lorsque les choses se seraient compliquées? Pensait-elle réellement que j'étais lâche au point de prendre la fuite à la première difficulté?! Certes, ces mêmes pensées se bousculaient dans ma tête depuis des années et, plus encore depuis que j'avais commencé à lui parler, mais j'aurai tellement aimé qu'elle me réponde, qu'on en finisse enfin. J'étais tellement fatigué et désespéré d'ignorer la raison pour laquelle elle avait renoncé à moi et à ce qu'on avait; puisque de toute évidence elle n'avait pas eu le choix. Je voulais bien la croire, je ne demandai même que ça. Mais pour ça il fallait qu'elle se montre honnête avec moi. Mais elle continuait de me refuser ça, ajoutant même que j'avais probablement raison et qu'il était effectivement préférable qu'on en reste là, tout du moins pour l'instant. BON SANG! Pestai-je intérieurement. N'avait-elle pas compris que j'avais lâché cette stupidité dans le simple but de la faire réagir?! Sa présente naïveté me mettait hors de moi, a un tel point que je ne pus m'empêcher de jurer cette fois.

❝ NOM DE DIEU, JOY! Quand vas-tu enfin te décider à ouvrir les yeux?! rugissais-je dans un éclat de voix, oubliant qu'il y avait foule autour de nous. Tu ne pourras pas fuir éternellement le problème tu sais, Repris-je d'un ton relativement plus posé. Tout se sait un jour ou l'autre de toute façon. Mais si tu tenais réellement à moi comme tu le prétends depuis tout à l'heure, alors tu me dirais la vérité. Maintenant. Tu ne me ferais pas ainsi lambiner. C'est alors qu'elle grimaça légèrement, comme assaillie par une affreuse douleur à la tête. Elle manqua même de tomber à la reverse, ce pourquoi je saisis vivement son bras. Tu es sûr que ça va?Demandai-je alarmé par son changement d'état. ❞

JOY && MATTHIAS

Restée quelques minutes silencieuse, Joy finit par se détacher de moi et m'assura que ce n'était rien. S'efforçant de sourire, elle ajouta même qu'elle souffrait souvent de migraines aussi intenses et qu'elle avait de fait, appris à faire avec. Fronçant un sourcil, je reculai alors d'un pas et commençais à la regarder avec intérêt. Elle me cachait quelque chose, c'était évident. J'étais peut-être un piètre menteur, comme elle me l'avait gentiment fait remarquer il y avait quelques minutes de cela, mais de toute évidence elle non plus, elle n'excellait pas dans ce domaine-là. Les traits de son visage s'étaient crispés en une mimique gênée et aussi loin que je m'en souvienne, elle faisait toujours ça lorsqu'elle me mentait. Si cette femme était toujours la jeune femme dont j 'étais tombé amoureux, alors j'étais à même de dire que non, elle ne se montrait pas honnête avec moi et que non, ce n'était pas rien. Mais puisqu'elle ne voulait pas m'en dire plus, puisqu'elle persistait à se taire, nous n'avions plus grand-chose à nous dire je crois.

❝ Très bien. Comme tu voudras, repris-je calmement. Puisque tu persistes à te taire, je ne vois pas très bien ce que nous faisons encore là. De toute évidence cette conversation n’a pas lieu d’être. Je suis désolé, ajoutai-je en voyant sa mine dépitée. ❞

Elle était déçue, peut-être même triste aussi. Il faut dire qu'elle n'avait probablement pas imaginé que nos retrouvailles se passeraient de cette façon. Mais honnêtement, à quoi s'attendait-elle après cinq ans de silence? Pensait-elle sérieusement que j'allais lui sauter dans les bras et faire comme si rien ne s'était passé? Qu'il suffisait qu'elle me dise qu'elle m'aime et que tout serait terminé. Ce n'était pas si facile, désolé.

❝ Je vais y aller, maintenant. Si toutefois tu changes d’avis, tu sauras toujours où me trouver , ajoutai-je, dépité. Mais ça m’a fait plaisir de te revoir, je suis heureux de savoir que tu vas bien. Prends soin de toi, dis-je en déposant un baiser sur son front. Au revoir, Joy. ❞

FIN DU SUJET