Sujet: △ titre en cours. (alex) Dim 18 Mar - 17:31
Une fois ma conversation terminée avec Alex, je balance le téléphone de l’autre côté de mon lit et m’allonge comme il faut. Tête dans le coussin. J’inspire, expire. A multiples reprises. Dans un silence quasi complet. Les seuls bruits perceptibles sont les rires des garçons de l’autre côté de l’appartement. Un léger sourire s’esquisse sur mes lèvres. Alors que j’enfouis un peu plus ma tête dans l’oreiller. J’inspire, puis expire l’air qui a empli mes poumons. Je pourrai rester comme ça pendant des minutes, des heures. A réfléchir et profiter de ce silence. Mais j’ai encore les cartons à défaire. La flemme. Je relève légèrement la tête, soupirant. Je suis pressée de rejoindre mon meilleur ami. Aucune envie de reprendre le déballage de mes affaires. Je m’écouterai, je laisserai mes pas me guider jusqu’à chez lui. Je pourrai y aller en courant, limite. Mais je m’en abstiens, restant allongée sur le lit. Je lui laisse le temps d’encaisser la nouvelle et d’émerger. Surtout. Le pauvre d’ailleurs. Je me gifle mentalement. Et note quelque part dans le coin de mon cerveau : regarder l’heure avant de lui téléphoner la prochaine fois.
Finalement, au bout de je ne sais combien de temps, je trouve la force de me relever du lit pour me diriger vers les cartons. Il ne me reste pas grand-chose à faire. Mais si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Laissant les cartons traîner pendant des semaines après. Mauvais idée. Faut pas que je commence à jouer les bordéliques. Je soupire, encore. Puis au pire, je suis dans ma chambre. J’attrape mon fameux dossier et range deux trois livres avant de venir le réinstaller sur le lit. J’attrape un cousin et le cale derrière mon dos, avant de m’appuyer contre le mur. Je relève les jambes légèrement, de façon à poser mes pieds nus contre le lit et pose le dossier entre mes jambes. Que je commence à feuilleter. Laissant les souvenirs de ma grossesse me revenir, peu à peu. Je me souviens du jour où je l’ai appris. Au Mexique. Je me rappelle toutes ces émotions qui m’avaient submergé en même temps. Lorsque le test de grossesse vira positif. La joie, la surprise. Puis la peur, le stress et l’angoisse. Surtout ces trois-là. Comment mener une grossesse à terme, alors que je fuyais depuis des années déjà. Impossible. Mais d’un autre côté. Je portais la vie. Le fruit d’un amour. Je portais son futur enfant. Et je ne pouvais pas me résigner à avorter. Avorter, rien que ce mot me donnais envie de vomir. Je trouvais ce geste horrible. Et l’idée de le faire me paraissait aussi absurde que le fait que je sois enceinte. Enceinte. J’ai mis du temps à m’y faire. Le temps de décider comment j’allais mener ma grossesse. Loin de l’Amérique. Loin du Mexique. Loin de lui. J’avais décidé de partir. De fuir encore. Comme une lâche cette fois ci. Sans rien lui dire. Et puis ce jour.. où j’ai fuis. Je ferme les yeux. Ce souvenir est encore douloureux. Même si je tente de ne plus y penser. Cette maison qui part en fumée. Ceux qui étaient encore à l’intérieur. Lui. Et moi, qui cours. Jusqu’à l’aéroport. L’Italie. Terre d’asile. Pour une grossesse que je mènerai à terme toute seule.
Le temps défile alors que je suis plongée dans mes souvenirs. Des minutes, des heures. Je ne sais plus trop. Je m’en fous. J’ai les yeux rivés sur ce dossier, tout ces papiers, ces échographies qui me ramènent quelques mois en arrière. Et mon envie se consolide. Je veux récupérer cet enfant. Je ne veux plus qu’il soit aussi loin de moi. Pas une seconde de plus. C’est en train de me tuer. Et j’ai qu’un mois pour le récupérer. J’ai plus de temps à perdre. Ou je vais le regretter toute ma vie. Et j’ai pas envie. De m’en vouloir jusqu’à la fin. De l’imaginer. Une fille ou un garçon ? Est-ce qu’elle va me ressembler ou est ce qu’il va lui ressembler ? Fille ou garçon, ça n’a pas d’importance. Je l’aime déjà, alors qu’il est à des milliers de kilomètres de moi. Je rêve déjà de le serrer contre moi, de le regarder dormir, de m’en occuper. Je veux le faire. C’est ce que je veux plus que tout au monde. J’en ai la certitude.
Je me lève en vitesse. Sans pendre le temps de regarder l’heure qu’il est. Je change rapidement de vêtements. Troquant mon vieux jogging et le t-shirt que je porte contre une robe blanche. Je me fous de mon apparence. Pas le temps de passer devant le miroir. J’enfile mes espadrilles blanches. Attrape mon sac à main et le dossier. Sans oublier mon téléphone. Et je sors de la chambre, en claquant la porte. Je cours jusqu’à la porte d’entrée, criant un : « - Je sors ! » aux garçons. Je ne sais pas s’ils m’ont entendu. Mais tant pis. Je trouve un taxi. Lui donnant la direction où je vais. Rue du temple. Je joue avec mes doigts pendant tout le long du trajet. Mordillant ma lèvre inférieure. Signe de grand stress chez moi. Je ne sais pas trop ce que j’ai. Faut que je me calme. Mes émotions ne doivent pas prendre possession de mon corps de cette manière-là. J’essaye de rester calme. Je n’y arrive pas. Je soupire, encore. Qu’est ce que je peux me détester dans ces moments-là. Le chauffeur à un léger sourire sur les lèvres, ayant remarqué mon petit manège dans le rétroviseur. Je l’entends me parler sans vraiment l’entendre. « - Beh alors ma jolie, on est toute stressée ? » Non, sans rire. Ca se voit tant que ça. Je soupire. « - Ouais.. » Je clôture la conversation. Je raconte pas ma vie à des gens que je connais depuis des semaines, ce n’est pas en ayant passé cinq minutes dans ce foutu taxi que je vais lui lâcher un mot de plus. Je tourne le regard par la fenêtre, observant Paris. Paris, Paris, Paris. Cette ville est aussi magique que maman le disait. Je m’y sens comme un poisson dans l’eau. Je m’y sens bien. Je ne veux pas partir d’ici. Je veux plus fuir. J’ai rencontré des gens bien. J’ai rencontré Alex. Et ça me tuerait de devoir fuir. De devoir le quitter, sans qu’il ne sache rien. Sans rien lui dire.
Le taxi arrive enfin. Je lui lâche un billet de vingt euros sans savoir si j’ai droit à de la monnaie. Je m’en fous. Je cours jusqu’à devant chez Alex. Mon meilleur ami. Je m’arrête devant la porte. Faut vraiment que je me calme. J’inspire, expire. Jusqu’à être à nouveau maîtresse de mon corps. La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte. J’entre rapidement et monde les escaliers pas trop vite. Pas envie d’être essoufflée. Et enfin, j’arrive devant sa porte. Devant son appartement. Je sais pas si c’est ouvert ou fermé. Alors je sonne. Attendant qu’il m’ouvre.
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Sujet: Re: △ titre en cours. (alex) Jeu 22 Mar - 18:41
Je laisse le téléphone tomber. Le bruit sourd de l'objet tombant par terre résonne dans la pièce. J'ai même pas le courage de vérifier si il est encore entier. Au fond, je m'en fiche. Je m'en fiche. Il peut tout aussi bien être brisé. Brisé…tout comme moi je l'étais en ce moment. Iseult. Ma meilleure amie…J'essaie de me remémorer chacun de ses mots, mais il n'y a qu'une chose, qu'un mot que je retiens : "enfant". Cette chose que je n'aurai jamais. Cette chose dont j'ai tellement envie mais qui ne fera jamais partit de ma vie. J'ai mal Je soupire. Je me laisse aller en m'enfonçant plus dans le vieux canapé en cuir. Enfant..le mot résonne dans ma tête tel un écho incessant qui ne veut pas s'arrêter. Stop. Je peux plus l'entendre. Il me fait mal. Pourquoi? Pourquoi j'ai cette putain de maladie? Je pouvais pas juste avoir une vie normale? pas de maladie. Pas de damnation. Rien. Pas de maladie qui allait vous ôter la vie bien trop jeune, qui allait vous ôter votre indépendance, qui allait vous ôter une des seule chose dont vous avez envie. Iseult ne sait pas la chance qu'elle a. De juste avoir un avoir un enfant quelque part dans ce monde. Je l'envie tellement. Si seulement elle savait. Un jour je lui dirait peut-être pour ma maladie. Un jour…Je soupire à nouveau. Je sais pas quoi faire. Il faut que je lui parle. Il me manque Josh. Son nom m'envahit. Réveille-toi. S'il te plait. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de te sentir proche de moi. J'ai besoin de tes bras autour de moi. J'ai tant besoin de ta présence. Réveille-toi. S'il te plait. Je ferme le yeux. Je sais plus quoi faire. J'ai envie de tout lâcher, de tout abandonner, d'en finir pour de bon. Mais Isi, elle a besoin de moi maintenant. Je lui ai dis que je serais là et je le serais. Je peux pas l'abandonner. Pas maintenant, même si elle vient de me détruire de l'intérieure…même si elle vient de me déchirer en morceaux. J'irais partout pour elle, pour le récupérer son enfant. Je le ferais même si je sais que ça me demanderai un énorme effort tant psychologique que physique. Je commence à sentir que je pars.
Je me lève. Je pose ma tête dans mes mains. j'ai toujours pas encaissé les mots de ma meilleure amie. J'y arrive pas. Je prend le paquet de clope qui se trouve sur la table basse. J'en allume une, laissant la fumée s'imprégner dans mes poumons, les remplissants peu à peu de cette chaleur toxique. ma main tremble. J'ai du mal à terre sur la clope. Le résultat de ma non-prise de médicaments. Josh me tuerait s'il me voyait. C'est le seul qui sait. Et encore il ne sait pas. Maladie épileptique. Mon cul ouais. Parkinson, maladie neuronale qui vous ôte tout contrôle de vos gestes, qui vous ôte toute forme d'indépendance au fur et à mesure que le temps avance, que votre vie part peu à peu, qu'elle s'en vole; vous laissant dans ce vide intersidéral, dans ce néant à jamais oublié. Je me souviens de ma dernière attaque. Celle qui m'a rapproché à nouveau de Josh. Celle qui grâce à qui, je ne j'aurais jamais réalisé à peut point je l'aime. Quand je me dis qu'une autre de mes crises nous avait séparer. Je me rappelle encore de ce jour où je lui ai dis que je pouvais plus continuer, que c'était fini, que lui et moi c'était fini pour toujours. j'ai envie de rire à mon mensonge. Si seulement, j'avais su à ce moment tout aurait été plus simple. Ou pas. J'en sais rien.De toute façon, il n'y a plus aucune importance. Je vais mourir. Josh est dans le comme, et on pourra jamais être ensemble. C'est voué à l'échec, quoiqu'il arrive. C'est tellement ridicule cette histoire. Pourquoi je m'acharne à vouloir me retenir à lui alors qu'on pourra jamais être ensemble. L'amour. je ris. Cette merde qui nous tient tous. Souffrance ouais. Dommage que ça rime pas, sinon ça aurait très bien marché. Je me lève pour de bon. J'écrase la clope dans le cendrier qui jonche sur le table. Je me dirige vers la chambre. Je me laisse aller dans le lit. Affalé, je bouge plus. Je ferme les yeux. Je me rendors.
J'entends un bruit. La sonnette. Oh merde. Isi. J'avais oublié qu'elle voulait venir. Je me lève. je suis toujours en boxer et t-shirt. Et en plus je dois puer d'hier encore. Bon pas grave. Ou peut-être si. Je file rapidement sous la douche. Je sors, j'enfile boxer, jeans, t-shirt. Je viens lui ouvrir. L'appart est d'un bordel horrible. Je devrais rangé, et ne parlons pas de la flaque de lait se trouvant dans la cuisine. Je devrais vraiment rangé. Après, une fois, qu'elle sera partit je rangerais tout ça, mettant de l'ordre dans toutes mes affaires. J'ouvre la porte. Aleshua arrive en courant. Il croit qu'on va sortir. Je me penche pour prendre la petite bête noire dans mes bras. Je me relève souriant à Iseult. Je me mets sur le côté, la laissant entrer. je lui fais la bise « Hey…» avant de refermer la porte derrière elle.