Hein ? Moi ? Raconter mon histoire ? Mais j'ai rien à d'intéressant à dire. Et puis j'ai pas que ça à faire moi, hein. Oh, c'est bon, arrête de me supplier et de te mettre à genoux devant moi ! Tu me fais de la peine. Ok, je vais te raconter. Mais vite-fait hein, parce que y a Docteur House qui va commencer là. Bon. Je suis née le deux juin mille neuf-cent quatre-vingt douze à Marseille. Ma mère s’appelait Alicia, avait toujours vécu en France. Mon père, Tony, était anglais. Il était guitariste dans un groupe de rock et lors d'un concert en France il a rencontré ma mère. Le coup de foudre entre eux. Enfin, un coup de foudre qui n'a pas duré longtemps puisque mon père s'est barré deux mois après ma naissance. Bah, ouais, il a pas supporté le fait de devoir mettre sa carrière de rockeur entre parenthèse pour m'élever. Alors un matin, il s'est cassé de l'appartement qu'ils avaient acheté à Marseille. Sans un bruit, sans un mot. Alors ma mère a du commencer à m'élever seule. C'était pas facile pour elle, tu sais. Elle était jeune, elle avait à peine dépassé la vingtaine, sans un rond. Elle est devenue serveuse mais avec le recul, je crois maintenant qu'elle exerçait d'autres métiers. D'autres métiers dont elle pouvait pas me parler. Ça a duré trois ans comme ça. Et puis on a déménagé dans une ville près de Marseille, plus petite, l'immobilier était moins cher. Je suis entrée en maternelle. Je crois que j'adorais vraiment les cours, bien que je n'en ai plus tellement de souvenir. Les années sont passées, jusqu'à ce que j'ai six ans. J'étais en CP, j'apprenais à lire et à écrire, j'étais une gamine heureuse, ma mère m'aimait et m'élevait correctement, tu sais, je ne pourrais jamais me plaindre de ça. A cette époque je ne souffrais pas de l'absence d'un père, je ne m'en rendais à peine compte. Je voyais bien que j'étais la seule de mes amies à n'avoir qu'un parent mais, au final, cela ne me dérangeait pas plus que ça.
Et puis un jour, je suis rentrée de l'école, et ma mère était avec un homme. Grand, brun, musclé, mal rasé. " Chérie... C'est ton papa. Il va revenir vivre avec nous, d'accord ? Fais lui un bisou, dis bonjour à ton papa. "
J'avais six ans quand mon père est revenu. Je n'avais aucun souvenir de lui. Je ne comprenais pas pourquoi cet homme, cet étranger dont je ne savais rien arrivait soudainement et s'incrustait dans ma vie, dans notre vie, pourquoi désormais vivait-il avec nous, dormait dans la chambre de ma mère, partageait nos repas. Je ne le détestais pas mais je ne l'aimais pas, pas comme un père, mais comme un invité dans mon chez-moi.

Et puis j'ai appris à le connaître. Il était gentil avec moi, me bordait le soir, me faisait des câlins, m'aidait à faire mes devoirs et acceptait de jouer des heures entières avec moi quand je m'ennuyait. Ma mère semblait heureuse avec lui, il était finalement devenu une part entière de la famille. Mais si il y a bien une chose que j'ai appris par mon expérience, c'est que toute bonne chose a une fin.

J'étais en CM2 lorsque je me suis réveillée, un matin. En fait c'était plus précisément le quatre octobre, je m'en souviens. Je me suis levée et il n'y avait aucun bruit dans la maison. Je pensais que mes parents devaient dormir, et j'ai décidé de leur préparer le petit-déjeuner au lit pour leur faire une surprise. J'avais à peine dix ans alors ça se résumait à quelques tartines beurrées et du lait. J'étais toute fière de moi, toute souriante quand je suis entrée dans la chambre de mes parents avec le plateau... Et je... Mon père n'était plus là. Le papa que j'avais retrouvé était parti encore une fois. Je le sais, parce que j'ai entendu la voix de ma mère le dire. Elle avait du deviner ma présence en entendant la porte de la chambre s'ouvrir. " Il est parti chérie, il est parti... " Sa voix tremblait, et je ne la voyais pas. J'ai laissé tomber le plateau et j'ai couru dans la chambre. Ma mère, ma maman était allongée par terre. Il y avait du sang, mais je comprenais pas pourquoi... Je comprenais pas, j'avais dix ans et je comprenais pas pourquoi les poignets de ma mère étaient en sang et pourquoi elle s'excusait sans cesse en pleurant... Et puis elle arrêta de s'excuser. Elle arrêta de pleurer. Elle arrêta de vivre.

Voilà comment j'ai perdu mes parents en cette putain d'matinée d'octobre. J'ai alors été adoptée par ma tante qui vivait à Londres. Apprendre une nouvelle langue, apprendre à vivre avec une nouvelle famille, apprendre à survivre sans mes vrais parents. Mais je me plaignais pas. Je ne pleurais pas. Je sais pas trop pourquoi mais pendant un long moment j'ai eu l'impression de ne ressentir aucune émotion. Plus de peine, plus de souffrance, plus de joie, plus d'espoir. C'était comme si j'étais morte, en quelques sortes. D'une certaine façon cela me permettait de ne pas être triste. En fait je crois que je n'arrivais pas trop à réaliser. Et puis à l'âge de treize ans, j'ai rencontré Tyson. C'était mon voisin, il avait le même âge que moi. C'était l'été et j'étais assise sur le perron de la maison où j'habitais désormais. Il est venu me voir, et il m'a fait un tour de magie. Ça m'a fait rire, et ça faisait longtemps que je n'avais pas ri. Lui et moi, ça a été une sorte de coup de foudre, mais pas d'amour. Une sorte d'amitié fusionnelle et évidente. A partir de cette rencontre, il m'a été impossible d'imaginer ma vie sans lui. A quinze ans, je voulais avoir ma première expérience sexuelle alors, on a fait le pacte de coucher ensemble, une seule fois, et que cela ne changerait rien entre nous. On l'a fait. Mais ce con a rompu le pacte. Parce qu'après il n'a plus pensé qu'à ça et a voulu qu'on sorte ensemble. Tu peux pas savoir à quel point je lui en ai voulu... C'est ce qui a marqué la fin de notre amitié, de toute façon il a déménagé quelques mois après.

Et puis... La vie est passée. J'ai terminé le lycée avec brio. Ma tante s'est mariée et j'ai décidé de revenir vivre en France pour commencer mes études de médecine. Je loue un studio, ma tante m'aide à financer ma vie à Paris et à côté je travaille en temps que livreuse de pizza pour renflouer un peu mon compte en banque. Ah, j'ai un poisson rouge aussi. Je l'ai acheté y a deux semaines parce que je me sentais seule et que ça coûte moins cher en bouffe qu'un chat ou un chien. Bref, je regarde ma vie qui passe et qui file, avec plus l'impression d'en être spectatrice que réelle actrice. Et je me retrouve là, dans ce bar en mars, à raconter ma vie à un strict inconnu... Mais c'est pas d'ma faute, c'est vous qui me l'avez demandé.

AMANDAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA *O* (t'as des fans meuf !). Ceci étant dit, triste jour ce quatre octobre, tu m'as filé la larmette. Mais sinon j'aime bien la forme l'entrée en matière avec Docteur House, ahah. Bref, j'ai fini mon blabla, maintenant les trois mots les plus attendus JE TE VALIIIIDE 8D
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Grayson, Yannie, Ella, Lumen & Cheshire.