Un vent du nord soufflait sur Paname qui commençait à se parer lentement de son premier manteau du soir, orné de quelques premières lumières de restaurants, boutiques, lampadaires ou luminions quelconques. Et il n’était qu’aux alentours de seize heures. Pourtant la neige se perd. Les bourgeons prospèrent. Mais le printemps en faisait languir plus d’un, Morgan y comprit. Il était là, en train de se cailler comme pas possible. Sa roulée s’éteignait à chaque rafale de vent, et il avait perdu le courage de la rallumer à chaque fois. Fallait toujours tirer comme un bâtard si c’était pas de l’indus. Le brun rabattit sa capuche sur sa tête, mains dans les poches, tapant des pieds histoire de se réchauffer, combattre ne serait-ce qu’un peu le froid qui te traverse jusqu’aux os, crispant chacun de ses muscles.
Erwen, ce mec là, c’était un peu sa nicotine, on pouvait pas dire que c’était sa propriété, mais Mo faisait tout comme. On pouvait pas le mettre en cage cet oiseau là… Mais il était tellement fragile quelques fois… Il s’y était attaché, mais jamais ne se l’avouerait, plutôt crever. Savoir qu’il pouvait dépendre du Chapelier, ça le mettait hors de lui. En réalité il avait besoin de contact charnel pour se prouver qu’il était bien vivant, ce plaisir qui le prenait aux tripes, savoir qu’on lui était soumis, savoir que c’était comme ça et pas autrement qu’on pouvait avoir de l’autorité, c’était jouissif. Mais ça le fait flipper aussi, pouvoir se raccrocher à la baise et l’exta, l’adrénaline seulement, son monde quoi. C’était un putain de faible en fait Morgan, une petite merde dans son entièreté quoi, pourri jusqu’à la moelle.


L’impatience grandissait, mais elle n’était pas due à sa situation inconfortable. Il était où putain ?Quelques passants curieux le reluquaient, c’était quoi ce mec aux lobes quasi-inexistants tellement étirés, il foutait quoi sur ces marches ?