New-York. C’est ici que je suis né, il y a vingt-trois ans de ça. Je n’ai pas eu une vie très intéressante, du moins pas avant le lycée. Enfant unique, fils adoré par ses parents qui me gâtèrent du mieux qui le pouvaient, ceux-ci venaient de bonnes familles, nous avions beaucoup d’argent et mes parents adoraient le montrer. L’argent , ça n’a jamais été le plus important pour moi, je détestais vivre dans cet immense maison, voir tous ses domestiques qui s’occupaient de moi alors que c’était à mes parents de le faire, mais qu’ils étaient trop occupé par leur vie luxueuse pour le faire. J’aurais pu être comme eux et donc devenir, un enfant gâté, pourri gâté, dépensant son fric n’importe comment, mais Dieu merci ça n’était pas le cas. A l’école, j’étais plutôt bon, assez pour que mes parents soient fiers de moi, d’après ma nourrisse, il fallait faire des études pour réussir dans la vie, et comme j’avais l’argent pour en suivre, je ne devais surtout pas me priver et avoir de très bonnes notes. J’écoutais ses conseils et je faisais la fierté de mes professeurs. Ce que je préférais le plus, c’était écrire. De la poésie, de la prose, lire, c’était ça, ma drogue et mes professeurs de littérature s’en rendirent très vite compte. J’étais doué, très doué d’après eux.
Je dirais que c’est à mes dix-neuf ans, que ma vie commença vraiment. Je me considérais comme un artiste incompris, je ne me mêlais pas trop aux gens, je savais comment attirer les filles dans mon lit et je n’hésitais pas à le faire, au plus grand désespoir de mes parents qui, à dix neufs ans, me présentèrent filles sur filles afin que j’en fasse mon épouse. Oui à dix-neuf ans…on peut dire que mes parents sont vieux jeu, mais ils ne voulaient pas que je finisse avec une fille venant de Brooklyn ou du Bronx, surtout pas ! Il me fallait une fille de bonne famille, comme moi. Toutes ses filles ne m’intéressaient pas et comme tout garçon de mon âge, j’étais très loin de penser à me marier ou même à fonder un famille. J’étais à la fac de New-York, mes parents auraient voulu m’envoyer à Yale ou à Oxford, mais j’avais choisi la fac publique, pour ne pas me retrouver avec des gosses de riches comme moi. Et je m’y sentais bien, vraiment très bien.
Je ne l’ai pas vu arriver. Et pourtant elle était là Mon dieu qu’est-ce que je l’aimais…elle s’appelait Emma, elle faisait une licence d’Histoire et nous nous étions rencontré par hasard à la bibliothèque. Elle m’avait tout de suite tapée à l’œil avec ses grands yeux bleus et ses longs cheveux bruns. Après plusieurs rendez-vous, j’avais osé l’embrasser, et nous nous étions mis ensemble. Nous étions inséparables, mes parents voyaient d’un très mauvais œil cette relation puisqu’Emma n’était pas d’une famille aussi riche que la nôtre, mais je m’en foutais, je n’avais pas besoin de leur autorisation pour l’aimer…Elle me rend ait carrément dingue avec son sourire et son rire. Nous nous voyons tous les jours, puis, un an plus tard, nous avions emménagés ensemble.
« Qu’est-ce que tu faiiiiiiiis ? », me plaignais-je alors que la jeune femme lisait très attentivement un livre depuis presque une heure. La jeune femme sourit légèrement et leva ses yeux de son livre pour me regarder, d’un air amusé.
« Je travaille monsieur « en licence de lettre modernes où on bosse jamais ! », j’ai un examen demain moi ! ». Je fis la moue en m’asseyant près de ma petite amie,
« Mais…j’veux un câlin moi ! ». Emma éclata de rire en redirigeant son regard vers son livre d’histoire,
« Le câlin viendra après les révisions ! » Je souris malicieusement et lui pris son bouquin des mains d’un geste rapide en amenant le livre derrière moi hors de sa portée,
« Je suis certain que tu connais déjà tout par cœur ! »« Non ! Rend moi ça ! », elle se redressa pour attraper le livre et j’en profitais pour déposer un baiser sur ses lèvres. La jeune femme se laissa faire en souriant.
J’étais heureux. Vraiment…j’avais tout ce dont je pouvais rêver d’avoir. Une petite amie merveilleuse, un super appart’, de bonnes notes à la fac et même si mes parents râlaient toujours un peu, des parents qui prenaient soin de moi financièrement. Tout se passait comme je le voulais, jusqu’à un jour de Décembre, peu avant Noël. Je rentrais de courses que j’avais fait avec ma mère, Emma était dans le salon, son mascara avait coulé sur ses joues, comme si elle avait pleurée. Je n’avais pas tout de suite tout compris, mais elle finit par m’avouer directement ce qui se passait : elle était enceinte. A ce moment-là, nous avions vingt ans et dans notre tête, nous n’étions pas prêts à assumer un enfant. Cela faisait presque deux ans que nous étions ensemble, mais nous n’avions encore jamais parlés de ce genre de chose, ou même de mariage, nous étions bien comme ça et c’était tout ce qui comptait, nous vivions au jour le jour. Malgré ça, nous avions décidé de garder le bébé. Nous y avions réfléchis, parlé, parlé et encore parlé, et Emma ne voulait pas avorter. Faire adopter était encore pire. Mes parents furent très en colère, ils pensaient qu’Emma n’était qu’une passade et qu’ils pourraient me caser avec la première fille de riche que je croiserais, mais ils comprirent à ce moment-là que ça n’arriverait pas.
La grossesse fut…difficile. Emma avait quelques problèmes, elle avait son placenta mal collé contre sa paroi utérine, vers la fin elle ne devait plus du tout bouger de son lit au risque déclencher l’accouchement trop tôt. Je m’occupais d’elle comme je le pouvais, j’avais arrêté d’aller à la fac et je m’étais trouvé un job dans un stabucks pour pouvoir m’occuper moi-même de pas future petite famille. J’avais peur. Peur de ne pas être prêt, d’être mauvais père, peur qu’il arrive quelque chose à Emma car l’accouchement n’était pas sans risques… Notre petite Aylin naquit le 18 Août 2009, Emma allait bien même si l'accouchement fut long et périlleux. Aylin était en bonne santé et malgré leur mauvaise foi, mes parents, et ceux d'Emma étaient ravis. Elle était tellement belle...Nous nous sommes alors mariés un an plus tard.
C'est donc à 21 ans que je suis devenu papa. Et j'étais fier de ma petite famille, même si deux ans plus tôt je n'aurais jamais cru arriver à ça un jour. Je m'occupais plutôt bien d'Aylin, Emma avait repris ses études à la fac en repiquant son année et moi, j'avais trouvé un nouveau job comme barman dans un bar branché de la ville, le job payait assez bien pour nous faire vivre et mes parents nous aidaient beaucoup. Le 25 Mai 2010, je reçus un appel de l'hôpital, Emma avait eu un accident de voiture et elle était dans un état critique. J'ai laissé le bébé chez mes parents et j'ai accouru à l'hôpital : un chauffard lui avait foncé dedans, elle n'avait rien pu voir venir. Elle eut de multiples hématomes à la tête et un traumatisme crânien, après l'opération elle tomba dans le coma...pendant trois mois. Trois mois d'horreur, elle avait des tuyaux partout, pas d'amélioration. C'était insupportable de la voir dans cet état et difficile de m'occuper de ma fille, d'aller au boulot et d'aller la voir à l'hôpital.
Le 30 Août 2010, Emma mourut d'une crise cardiaque.
J'étais dévasté. C'était comme si tout le monde autour de moi s'écroulait. Je ne mangeais plus, je ne souriais plus. Si ma vie avait commencée à dix-neuf ans, elle s'arrêta à 22 ans. Je me retrouvais seul avec ma fille, qui me rappelait tellement sa mère...j'avais tellement mal...mes parents gardèrent Aylin pendant six mois avec eux, j'étais une épave, je ne pouvais pas le faire. J'allais la voir, mais pas trop souvent, ça me faisait trop de mal.
Aujourd'hui, je vis à Paris avec ma fille. Il fallait que je change d'air, que je quittais cette ville qui me rappelait tant ma femme, avec tous les souvenirs dans tous les coins de la rue de la grande Pomme. Je me plais plutôt bien, ici même si la vie Européenne est plutôt différente de la vie Américaine. J'ai trouvé une petite place de serveur dans un petit resto sympa, et j'ai décidé d'écrire quelques petits articles et des petites histoires dans le journal de Paris, alors que parallèlement, j'ai repris mes études de lettres modernes. J'essaie d'oublier, du mieux possible, et de me reconstruire...