« Lux ! Lèves toi un peu ! J'en ai assez de te voir dormir à longueur de journée ! ». je me retourne dans mon lit et enfouie ma tête dans mes draps. Pendant ce temps là, j'entends Zola se presser dans la chambre, et ranger ses affaires, tout en tentant de s'habiller. Je tente de me rendormir lorsque j'entends un gros *BOUM* retentir dans la chambre et mon frère jurer. Je ne peux m'empêcher de rigoler comme une enfant sous mes draps. Erreur fatale. Quelques secondes passent, et je me retrouve à nue, mon frère me regardant de haut avec un sourire en coin des lèvres. Je grogne et lui balance l'oreiller à la figure. Il ne bouge pas d'un pouce. Je me lève et ouvre brutalement les rideaux, puis les fenêtres, avant de me diriger à pas décidés vers la salle de bain et lui claquer la porte au nez. « J'peux jamais faire ce que je veux avec toi Zola ! S'pèce de dictateur ! ». Je l'entends glousser derrière la porte et s'éloigner. Alors je soupire, et enlève mon short et mon débardeur avant d'entrer dans la douche. J'y reste quelques minutes, profitant de ce moment de tranquillité, rien qu'à moi, où mon frère n'a pas le pouvoir de dérange. Les minutes passent, et lorsque je me rends compte que ma peau est devenue rouge à cause du jet d'eau brûlant, je décide de sortir de ma douche. Je m'enroule dans une serviette, me brosse les dents et les cheveux et me dirige vers ma chambre où j'attrape des sous-vêtements, un jean slim déchiré, un tee-shirt avec River Phoenix dessus, mes Clarks et mon Perfecto marron. Puis j'attrape mon paquet de cigarette, et sors de l'appartement, ma sacoche en cuir sur mon épaule. Je passe devant mon frère sans lui adresser un regard, installé dans la cuisine, mangeant un bol de céréale comme si cela faisait des jours qu'il n'avait rien avalé. Je claque la porte derrière moi.
Dehors, il fait plutôt bon, mais je me félicite d'avoir prépare ma sacoche hier soir et d'avoir mit mon bonnet et mon écharpe beige dans ma besace. Je me mets à marcher vers la place d'Italie, en écoutant David Bowie dans mes écouteurs. Je marche tranquillement, me dirigeant vers Italie 2 pour prendre mon petit déjeuner là bas, comme je le fais chaque matin lorsque mon frère m'énerve. Je commence trois pains au chocolat et un double cappuccino, puis j'attends qu'on vienne me servir, en observant les gens passer. Je ferme les yeux, mes écouteurs toujours dans mes oreilles, jouant, cette fois-ci, Draw you swords de Angus and Julia Stone. Je me revois petite, assise à une terrasse de café, dans le 8ème arrondissement, attendant, chaque samedi matin, avec Zola, Izia et Mahaut, que mon père nous ramène nos croissants et nos chouquettes habituelles. A chaque fois, il en avait pour trente euros environ, car nous mangions comme quatre, et nous resservions. Mais à chaque fois, il nous restait assez pour le lendemain matin. Et mon père ne disait rien, car il était heureux de partager ce moment avec nous, de nous voir heureux de manger des pauvres petites viennoiseries alors que nous pourrions demander tellement plus. Je sens alors une larme m’échapper et je me resaissis. Je n’ai pas à pleurer pour lui, il ne fait plus parti de ma vie. On me sert. Je commence à manger, et c’est lorsque mes dents entre en contact avec mon premier pain au chocolat que j’aperçois Aphrodite marcher au loin. Fainéante comme à mon habitude, j’attrape mon portable et compose son numéro.
« Allo ? Bonjour Mademoiselle DeLaMerveillère, vous êtes priées de vous rendre à la boulangerie qui se trouve à votre droite. Merci ! »Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre et me mets à glousser comme une enfant en mordant dans mon pain au chocolat. Je la vois se tourner vers moi, curieuse et me voir. Je souris et lui fais un petit salut de la main.

Je n'avais jamais été le genre de fille très sociable, à avoir un cercle d'amis bien fermé. Non, j'étais plutôt le genre de fille à s'entendre avec quelques personnes, et à vagabonder entre les gens. Je n'aimais pas les petites routines, les habitudes. Non, j'aimais le changement, les nouvelles choses. J'étais une fille imprévisible, personne ne savait à quoi s'attendre avec moi, pas même moi. Assise à ma table, mon pain au chocolat dans ma bouche, je regardais Aprhodite avancer vers moi. Comme d'habitude, elle était très jolie et toujours soignée, contrairement à moi qui me foutais entièrement d'avoir ma capuche mal mise en dessous de mon Perfecto, ou d'avoir du chocolat sur le coin de la bouche. Ces petits détails, je n'y faisais jamais attention, d'après moi, il y avait des choses bien plus importantes que l'apparence. Certes, ça comptait énormément, mais des gens rataient des choses importantes à cause de petits détails futiles tel que se regarder dans le rétroviseur de la voiture pour remettre ses cheveux en place, ne pas voir que le feu est rouge et se faire foncer dedans par une autre voiture. C'était ce qui était arrivé à une amie il y a un an, certes, elle s'en est sortie, mais elle a failli y passer... Alors je n'aime pasles détails, c'est inutile, et je ne comprends pas ces gens autour de moi qui cherchent toujours la perfection. Est-ce le cas de Aphrodite ? Ca je n'en sais rien, mais lorsqu'on porte le nom de la déesse de l'amour et de la beauté, il ne peut pas en être autrement...
Aphrodite est désormais près de moi, elle rit légèrement et me lance : « Lux, tu sais que c'est très impolis de raccrocher au nez des gens? ». Je ris à mon tour en mordant dans mon pain au chocolat. La politesse ? Je ne suis polie que quand il faut l'être, je ne m'imagine vraiment pas dire "Pardon", "Merci", "Excusez-moi", "Je vous prie de bien vouloir appuyer sur le bouton". Il n'y a que les personnes coincés et les lèches cul qui font ça. Ce n'est pas du tout mon genre, c'est une chose sûre et prouvée. Je regarde Aphrodite de travers en souriant et lève la tête vers elle lorsqu'elle se baisse pour me faire la bise. « Ca faisait longtemps que je t'avais pas vu dis donc! » Je la regarde et ramène mes affaires vers moi pour lui laisser de la place. J'essaie de me rappeller à quand remonte la dernière fois que nous nous sommes vus, mais j'ai l'impression que cela remonte à des années. Je n'ai vraiment plus aucune notion du temps... Je soupire et réponds : « Oui je sais... Ces derniers temps je n'ai pas trop vu mes amis d'avant. » Je lui adresse un petit sourire et bois une gorgée de mon cappucino et lève les yeux vers mon amie. Je remarque qu'elle balaye des yeux la petite table où se trouve mon petit déjeuner, et je lance en gloussant : « Compte pas sur moi pour te passer quelque chose ! J'ai faim et j'ai déjà tout lêché... Ou presque... » Sans plus attendre, je mords dans chacun de mes pains au chocolat et bois une gorgé de mon cappucino. Puis je la regarde en souriant, telle une gamine. Parfois je me dis que je suis vraiment abominable comme fille... « Sinon, comment va ton fils ? » Je n'aimais pas les enfants, je n'avais jamais aimé ça. Ca pleurait, criait, collait, et faisait pleins de bêtises. Je ne savais même pas comment Aphrodite faisait pour vivre avec un mioche, et l'élever toute seule. C'est tellement horrible de dire ça, mais à sa place, j'aurais placé mon enfant à l'orphelinat, quitte à lui rendre visite de temps en temps.