Il y a un adage qui dit qu’on fait toujours du mal à ceux qu’on aime mais il oublie de dire qu’on aime ceux qui nous font du mal.

Tes yeux sont encore rouges. Ta peau est lacérée et ton corps malade mais tu t'en balances parce que t'es complètement aveuglée par l'amour. Ou du moins l'admiration. Tellement que pour toi, toute cette douleur ne représente rien. Tu s'rais capable de n'importe quoi pour une caresse de sa part. Un baiser, un regard. Tout. Combien de fois on t'a pointé du doigt ? Tu les entends, ces paroles autour de toi. 'Cette fille, elle est aussi folle que lui. Il finira par la tuer.' Mais tu t'en fous, d'un coup de paupière tu les éloignes de toi. Rien ne t'atteint. Parce que quand tu aimes, tu aimes. Rien n'est plus fort que ça. Et sur ton corps blessé, on peut parfaitement voir son prénom gravé sur ton bras. T'as souffert, oui, comme toujours mais tu dis souvent que c'est une blessure qui en vaut la peine. Skeleton. Tu ne prends aucune honte à le définir comme ton seul et unique grand amour. Tu ne te rends pas compte que tu es seulement amoureuse d'un être purement inventé par un esprit malade. Tout cela est malsain. Vous n'êtes que deux êtres tombés dans la folie. Tu te souviens de votre rencontre ? Oui, t'as encore les yeux qui brillent en y pensant. L'odeur de la mort qui rôdait au dessus de ta tête. Ce regard sombre que tu as croisé. Cet homme dont tu es soudainement tombé amoureuse. Même si t'as pas voulu te l'avouer tout de suite, t'aurais donné n'importe quoi pour qu'il te tire une balle en plein cœur. Mais il ne l'a pas fait. Skeleton t'a laissé la vie sauve parce qu'il t'a fait confiance, immédiatement. Et, il a eu raison, t'aurais eu mille raisons de le dénoncer aux flics mais à la place de ça t'as juste préféré le suivre. C'est dans cette apocalypse que tu as attrapé sa main, dans ce même chaos que tu l'as embrassé pour la première fois. C'est à l'enfer que tu as vendu ton corps. Enfer qui a brûlé ta peau. On a pourtant essayé de t'empêcher de le voir ce 'skeleton'. Seulement essayé parce que de toute façon, sans lui tu te laissais mourir. C'est lui qui a dessiné sur ton visage ces cernes, c'est lui qui a fait de toi une femme si maigre et froide. Il a pris possession de toi, chaque parcelle de ton corps lui appartient. Puis un matin, il t'a dit qu'il quittait Londres. T'as rien trouvé de mieux que de t'accrocher à lui. Il t'a supplié d'arrêter et alors tu lui as promis de le rejoindre tôt ou tard. Un an, ça fait maintenant un an que t'es loin de l'homme que t'aimes. Quand t'as enfin trouvé le moyen de venir à Paris t'as eu le réflexe de prendre une lame de rasoir pour repasser sur ton bras son nom. Un an, un an et toujours les mêmes sentiments, aussi forts, aussi puissants, aussi destructeurs. Il t'a promis un compte de fée apocalyptique. T'es enfin prête à le vivre. Tu veux à nouveau l'entendre t'appeler Blackbird, sentir la chaleur de son corps contre le tien. Revivre.