Avez-vous déjà eu des regrets ? Vous êtes vous déjà détester pour telle ou telle raison ? Trop naïf, trop sensible. Trop tout. C’est arrivé maintes et maintes fois à Nine, en sept ans. Si elle avait remarqué que son Matthieu n’était pas prêt au mariage, ou même qu’il ne voulait tout simplement pas d’elle, elle aurait pu tout stoppé - ou peut-être pas. Elle aurait pu s’éloigner de lui, éviter de tomber amoureuse. Elle n’aurait pas autant souffert, et surtout n’aurait pas été obligée de quitter sa ville natale, ses amis, ses lieux favoris. Ses souvenirs. Et au contraire, s’il l’avait vraiment épousé, si tout s’était déroulé comme prévu, elle serait sûrement une femme reconnue dans la haute société, elle participerait à des galas, des fêtes, des dîners. Ce genre de choses. Cependant, avec des « si » on mettrait Paris en bouteille, n’est-ce pas ? En ce moment, toute cette histoire - qui s’est déroulé bien des années auparavant - hante la jolie brune. Elle n’est pourtant pas triste, elle aime sa nouvelle vie, son métier. Ses nouvelles connaissances - sauf certaines, mais bon, c’est inévitable, me direz-vous ! Essayant d’arrêter de se prendre la tête, elle quitta la crèche, saluant ses collègues au passage. Dix-huit heures. Est-ce que Matthieu pensait à elle des fois, elle qui avait été sa fiancée ? Est-ce qu’il allait bien, s’était-il finalement marié ? Nine s’était retenue bien des fois de demander de ses nouvelles à sa famille, de passer un simple coup de fil, histoire de savoir comment était sa vie à présent. Elle rentra dans sa voiture et appuya sa tête sur le volant. Elle démarra et mit la musique à fond, espérant que cela l’empêcherait de réfléchir. Elle rentra chez elle, prit une tasse de café qu’elle fit rapidement réchauffer et alla s’affaler sur son canapé, devant la télé. Sans doutes allait-il passer un téléfilm pourri racontant une histoire d’amour parfaite entre deux jeunes gens - histoire de bien déprimer la jeune femme. Décidant qu’il fallait qu’elle se change les idées, Nine chercha son portable dans son sac et envoya un sms à l’un de ses plus proches amis. Quelqu’un sur qui elle pourrait toujours compter en cas de soucis, elle en était persuadée. Liam. Elle ne lui avait absolument jamais parlé de Matthieu, bien qu’il agisse en qualité de meilleur ami pour elle. Pas le courage d’affronter sa pitié. Mais là, il fallait qu’elle s’épanche, qu’elle se libère de tout ça, qu’elle en parle une bonne fois pour toute, pour enfin pouvoir oublier toute cette histoire.

« Liamounet. Dis moi que t’es là, ce soir ! Passe me chercher, emmène moi n’importe où, il faut que je me change les idées. » Elle réfléchit quelques secondes, puis ajouta « j’dois me confier sur un truc » avant d’envoyer le message. La réponse, positive, ne tarda pas à arriver au grand ravissement de Nine. Rester seule un soir de déprime, c'est une bien mauvaise idée, elle le savait plus que bien. Elle ne voulait pas terminer vieille fille, avec pour seul compagnon un chat, voir plusieurs. Ce qui d'ailleurs aurait pu lui arriver. Lorsqu'elle avait emménager à Paris, elle ne voyait pas grand monde. Très renfermée sur elle-même, plus qu'elle ne l'avait jamais été, elle refusait de faire confiance à qui que ce soit. La comédie avait durer un an, jusqu'à ce qu'elle soit en besoin de parler à quelqu'un d'autre qu'un membre de son cercle familial, au risque de devenir folle. Heureusement, tout s'était arranger. Elle fila vers la salle de bain, prit une douche rapide, s'habilla, puis s'attacha les cheveux. Son portable le sonna, et elle hésita à décrocher lorsqu'elle vit que c'était sa mère. Elle n'avait pas envi de lui parler, pas ce soir. Madame Bourgeois avait tendance à être on ne plus intrusive dans la vie de sa fille. On frappa à ce moment là, et Nine décida de laisser sonner. Elle alla ouvrir et ne fut pas surprise de découvrir Liam derrière la porte. « Merci d'être là. » Elle lui sourit puis s'effaça pour le laisser entrer. Elle alla chercher son sac, enfila des bottines et se tourna vers son ami, prête à partir. Elle était contente qu'il soit si présent pour elle. Rien que le fait de voir le jeune homme mettait Nine de bonne humeur, sûrement à cause de son sourire chaleureux ou de ses yeux rassurants. « Comment tu vas ? » Ils quittèrent le loft en discutant, ravis de se voir.