J ‘avais du temps à perdre aujourd’hui. J’avais passé ces derniers mois à enchainer les divers articles sur mon blog et je n’arrivais plus à rien. Mes posts perdaient en qualité. C’était un signe avant-coureur de fatigue. Faire une pause était une évidence à ce stade. Alors c’est ce que j’avais fait. Le souci est que j’ai très vite tourné en rond dans mon appartement, dans ma vie. La solitude que j’arrivais à ignorer jusqu’alors me frappa de plein fouet. Quoi que je fasse, j’étais seule. Quoi que je fasse, je me sentais mal. Vide. Incomplète. Inutile, et j’en passe. Mais je ne pouvais toujours pas reprendre mon blog pour le moment. Je n’y arrivais pas. Et je paniquais à l’idée de me dire que peut-être, je n’arriverai plus jamais à écrire quoi que ce soit sur ce blog qui était mon bébé sur lequel j'avais passé des heures. Ce blog était certainement ma seule raison d’être, de vivre même. C’était mon gagne-pain et j’étais arrivée à être reconnue d’une certaine manière. Certes, personne ne savait qui j’étais, à quoi je ressemblais. Mais peu importait. J’étais arrivée à faire quelque chose de mes dix doigts et de ce truc dans le crâne que l’on appelle cerveau. Sauf que là, plus rien. Ce que je considérais être mon don m'avait échappé. Et j’en étais effrayée.

Alors je décidai de quitter les quatre murs de mon appartement et de prendre l’air. Pour être honnête, je fuyais mon domicile. Et bizarrement – ça n’avait strictement rien de bizarre en réalité, je tiens à le préciser – je me retrouvais à faire des achats plus que compulsifs. Je fis un nombre incalculable de magasins, à tourner comme une droguée à la recherche de sa dose. Comme une fille à la recherche du truc qui rendra cette journée utile. Je suis passée par une boutique très vintage – j’adore le vintage. Il y avait de tout et de rien. C’était absolument parfait puisque j’étais à la recherche de tout et de rien. Je suis ressortie de cette boutique avec un nombre incalculables de meubles anciens magnifiques – et certainement impossible à caser dans mon appartement, mais impossible n’est pas Melrose – que je recevrai dans la semaine, de vieilles fringues de sexy dont je me ferai le plaisir de rendre plus actuelles et j’avais craqué sur nombres de bijoux et breloques. Sur le chemin, je tombais sur une librairie. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un bon livre. Je ressortis de là avec une bonne pile, pouvant m’occuper pour un bon moment normalement – je l’espérais tout du moins. Et là, j’atterris devant les Galeries Lafayette. Il fallait absolument que j’y entre, ne serait-ce que pour me trouver des paires de chaussures. Beaucoup de paires de chaussures. Oui, j’aime énormément les paires de chaussures. Et comme pour les autres boutiques, je tournai, prenais des vêtements et des accessoires assortis par dizaines, une vendeuse me suivant telle un vautour, sentant la super commission que je lui serai. Je me la jouais princesse capricieuse, mais pas imbuvable. La vendeuse trouvait sublime tout ce que je portais – mais il fallait comprendre qu’elle souhaitait me vendre tous les produits de la boutique si seulement elle le pouvait. Puis après quelques heures, je me retrouvai à la caisse, la carte de crédit prête à chauffer, mon compte en banque prêt à pleurer. Et ma seule préoccupation à ce moment-là était de savoir comment j’allai pouvoir ranger tout ça.