« ... Comme la vie est lente, et comme l'Espérance est violente. » - GUILLAUME APOLLINAIRE.

La bruine matinale venait s'échouer contre sa peau. Fleur resserrait son gilet autour de sa poitrine. Le froid de l'hiver commençait à arriver à grand pas et déjà des fumées blanchâtres s'échappaient d'entre ses lèvres lorsqu'elle prononçait quelques mots. Ses pupilles s'éparpillaient au gré des faibles remous qu'offrait la Seine. L'humidité la prenait à la gorge, elle grelottait et déjà elle regrettait de ne pas avoir pris un manteau à se mettre sur le dos. Un homme marchait à l'opposé d'elle. Elle allait à sa rencontre. Grand, le crane quelque peu rasé, bel homme. Cassandre n'était ni plus ni moins incroyablement bien foutu, dans un langage un peu châtié. Mais que toutes idées soient écartées de vos esprits, vils voyeurs, il n'y avait entre deux que la tendresse de deux amis. L'étiquette enfantine de « meilleurs amis » leur pouvait être de même attribuée sans grand problème. Trois ans, trois ans qu'ils s'étaient rencontrés. A cet endroit même ! A cette époque même ! Les quais de Seine. Fleur inspira une grande bouffée d'air et pressa le pas. Un sourire prit possession de ses lèvres tandis qu'elle se trouvait à un mètre du jeune homme. Elle le serra finalement dans ses bras en lui offrant un baiser sur la joue. « hey ! » souffla-t-elle en un frisson. Elle planta son regard dans le sien. C'était fou tellement cet homme avait toujours l'air posé. Et rassurant. Voilà une chose qui lui avait bien plu à jeune Fleur, cet aura rassurant qu'il lui inspirait. « comment tu vas, mon chaton ? » lui demanda-t-elle d'un air taquin. Une manie quelque peu agaçante qu'on lui attribuait : le fait de donner des surnoms aux personnes qu'elle chérit. Peut être agaçante ou simplement sympathique en soit. « Tu meurs pas de froid dans ton... » elle le détailla. « bigre, tu es plus sérieux que moi dans ton grand manteau. » en effet lui avait pensé à enfiler une veste bien chaude pour braver le froid du matin. Elle s'appliqua à se persuader qu'elle avait chaud. Vieille technique que son père lui avait proposé lorsqu'elle était gamine. Elle ne devait pas être très persuasive avec elle même ce jour là, la technique fut inutile et elle grelottait de plus belle. Bon Dieu, quelle idée que de se donner rendez vous ici. Les passages étaient étrangement très présent, et les couples se complaisaient le long des quais malgré le froid. Eux aussi semblaient en souffrir quelque peu mais la chaleur de leurs corps enlacés qu'ils se redistribuaient leur était bénéfique. Elle se lançait des piques amères en elle même pour se punir de ne pas avoir pensé à mettre un foutu manteau. Pourvu qu'elle n'attrape pas de stupides maladies. Ce n'était certes pas le moment... avec les cours de faculté qui redémarraient son attention devait revenir à son maximum. Sérieuse la petite Fleur dirons nous.

“Les jours s'en vont,

je demeure.„

Ce matin, je devais retrouver ma meilleure amie, Fleur. Nous nous étions donné rendez-vous sur les quais, lieu même de notre première rencontre. Travaillant de l'après-midi pour quelques jours, je n'aurais donc eu aucun problème rejoindre la demoiselle dans la matinée. Sortant avec une veste assez chaude pour me tenir bien au chaud malgré le tee-shirt que je porte dessus, je me dirigeais tranquillement vers le lieu de notre rendez-vous. J'étais à l'heure. Je n'aimais pas faire attendre les gens et encore moins ceux à qui je tenais le plus. Fleur avait cet avantage contrairement à d'autres, je l'aimais. Cela faisait désormais plusieurs années que l'on se côtoyait, que l'on rigolait aussi que l'on pleurait ensemble. Il y avait eu des hauts et des bas mais au final nous étions toujours aussi proches. Je dirais même que nous l'étions de plus en plus au fil des semaines. Une amitié comme la sienne était un véritable don du ciel.

Me stoppant à quelques centimètre du bord des quais, je fixais la Seine et les feuilles des arbres qui flottaient sur cette eau. Nous étions en automne et les quelques végétaux qui longeaient les quais perdaient leurs feuilles. Je n'avais que cela à faire en attendant ma meilleure amie. L'apercevant au loin, je lui fis le plus grand des sourires lorsqu'elle me rejoignit. Je l'enlaçais, la laissant déposer un baiser sur ma joue. « Comment tu vas, mon chaton ? » Je la regardais amusé.
« Mon chaton ? Tu comptes me donner un surnom différent à chaque fois l'on se voit ? La dernière fois, je crois que tu l'avais appelé mon poussin. » Je rigolais.
« Tu meurs pas de froid dans ton... Bigre, tu es plus sérieux que moi dans ton grand manteau. »
« C'est ce qui s'appelle être prévoyant, ma chère... » Lui répondis-je alors avant de poser mon regard sur les autres citoyens ou simples touristes se promenant sur les quais en cette fraîche matinée. « Et pour répondre à ta question, je vais bien. Enfin... Ça va quoi. »

Je l’observais à mon tour, comprenant rapidement qu'elle avait froid. Un léger sourire se dessina sur mon visage. Elle me rappelait une certaine personne lors de notre première rencontre, c'est-à-dire moi-même. Après avoir fait un petit plongeon involontaire dans la Seine en plein mois de novembre, j'avais été frigorifié. Heureusement pour moi, Fleur avait tout vu et été venu m'aider. Je l'avais remercié, je ne sais plus combien de fois avant de passer à autre chose comme elle me l'avait demandé. Au moins, la jeune femme connaissait mon sentiment et toute la gratitude que je lui portais pour être venu à mon secours. « Bon allez, viens là. » Lui dis-je en ouvrant ma veste pour qu'elle puisse se coller à moi et glisser ses bras dans mon dos. « Je n'ai pas envie de te voir mourir de froid sous mes yeux. Et pourquoi tu n'as pas pris quelque chose de plus chaud. Laisses-moi deviner... T'étais en retard et tu n'as pas eu le temps de chercher un vêtement plus adéquate à la température d'aujourd'hui ? »

« Mon chaton ? Tu comptes me donner un surnom différent à chaque fois l'on se voit ? La dernière fois, je crois que tu l'avais appelé mon poussin. » S'était-il exclamé en riant. « Je préfère mon chaton. M'enfin, c'n'est que mon simple avis » Fleur sourit. Un sourire malicieux comme elle aurait tiré la langue si le froid n'avait pas tant glacé son humeur taquine. Et tandis qu'il prônait son côté prévoyant, elle haussait les sourcils bien haut pour lui signifier un faux agacement tout en laissant échapper un petit pff. Bien sur qu'elle n'était pas prévoyante. Tête en l'air même par moment. Mais soit. Ce qu'elle n'oubliait pas cependant c'était que Cassandre se plaisait à lui rappeler mainte fois. « Et pour répondre à ta question, je vais bien. Enfin... Ça va quoi. » enchaina-t-il. « seulement un minuscule ça va quoi ? Hum. Me cacheriez-vous quelque chose, Lefèvre ? » Elle scruta son visage. Quelque chose n'allait-il pas ? Ou était-ce simplement un moyen de montrer que rien d'extraordinaire ne se passait en ce moment dans sa vie ?

Finalement, Cassandre prit d'un semblant d'observation se rendit compte que la jeune Fleur grelottait depuis un bon moment, que son gilet était bien maigre et ne lui apportait que très peu de chaleur. Elle l'observa ouvrir sa veste et dire : « Bon allez, viens là. » Fleur lui jeta un regard reconnaissant et vint se blottir contre le torse du jeune homme. « c'est vrai que tout de suite... » souffla-t-elle. Une lampée de chaleur traversa son corps et alors elle ressentait un certain bien être. Bientôt elle cessa de grelotter. « Je n'ai pas envie de te voir mourir de froid sous mes yeux. Et pourquoi tu n'as pas pris quelque chose de plus chaud. Laisses-moi deviner... T'étais en retard et tu n'as pas eu le temps de chercher un vêtement plus adéquate à la température d'aujourd'hui ? » Fleur émit un mince rire. Oui, ça lui ressemblait bien ce genre de situation, mais cette fois ci ce n'était pas la bonne... « Non, non. J'appellerais plutôt ça de la flemmingite-aigue. Tu sais... faire quelques pas en plus pour tendre le bras et attraper une veste posée sur une chaise, c'est beaucoup trop compliqué pour ma petite endurance. » Elle glissa ses mains froides le long de son dos. Elle le sentit éprouver un petit sursaut lorsque ses paumes rentrèrent en contact avec sa peau si chaude. « Et puis, tu sais, je saisis chaque occasion de me blottir contre tes muscles d'homme fort ! » lança-t-elle, taquine. Évidemment qui aurait vu la scène aurait donné sa main à couper que les deux jeunes gens ne ressentaient l'un pour l'autre pas seulement de l'amitié. Et bien, quel idiot serait-il avec une main en moins. En effet rien dans leur relation ne s'éloignait des chemins de celle qu'on appelle amitié. Elle n'était que taquine, emplie de confidence, d'honnêteté, de confiance. Sans ambiguïté. Et Dieu que c'était bon. Ne pas avoir à se prendre la tête avec des sentiments mal placés, et simplement parler. Parler comme bon nous semble, comme on le pense, selon nos envies. L'appeler un beau soir pour se délivrer de pensées trop lourdes. Pour se décharger d'émotions trop brulantes. Ainsi, Fleur se sentait bien. Comme blottie contre un frère. Contre un père. Simplement ainsi. Cependant, il s'avéra que cette position devenait un handicap pour arriver à marcher et après quelques essais périlleux elle se retira et vint seulement glisser sa main gauche dans la poche de Cassandre. Elle ne frissonnait presque plus. En espérant que le froid ne viendrait plus aussi violemment l'envelopper par la suite.

Elle jeta un coup d'œil à la Seine à leur droite. Et elle lança avec espièglerie : « Cela ne te rappelle pas de merveilleux souvenirs ? » En effet, qu'elle ne fut pas la surprise pour Fleur de trouver - trois ans plus tôt - un homme barbotant dans l'eau glacée du fleuve après y avoir été jeté par une bande de gamins déjantés. Monsieur avait tenté de faire le justicier en essayant de faire terminer une bagarre, il avait fini glacé jusqu'au os, et trempés de toutes parts ! Alors, dans son immense bonté, le jeune femme l'avait aidé à sortir et l'avait invité à venir se réchauffer chez elle. Tout en se pinçant les lèvres pour ne pas rire de l'infortune de l'inconnu. Maintenant, ils en riaient tout deux comme d'une bonne farce qui leur avait servi de rencontre.

Mon chaton ? Je rigolais. Je serais donc son chaton pour aujourd'hui et qui sait ce que je serais la prochaine fois ? J'allais bien. Enfin, ça allait. J'avais croisé Alcide hier et malgré ma folle envie de retrouver ce que nous avions perdu, je m'étais simplement rabaissé à une simple amitié vu qu'il avait totalement oublié ce que l'on avait vécu ensemble. J'en avais pris un sacré coup mais j'étais resté fort pour ne pas craquer devant lui. J'avais ensuite couru, couru jusqu'à ne plus pouvoir faire un pas. Je m'étais ainsi vidé l'esprit car le revoir et entendre sa révélation m'occupaient toutes les heures depuis nos retrouvailles. Je l'avais perdu... C'est tout ce qu'il y avait à dire. « Seulement un minuscule ça va quoi ? Hum. Me cacheriez-vous quelque chose, Lefèvre ? » Je lui fis un léger sourire. C'était difficile d'en parler car moi-même, je ne comprenais pas tout. C'était arrivé si brusquement, si rapidement qu'il me fallait encore du temps pour ingurgiter cette nouvelle et pouvoir en discuter avec Fleur.

J'invitais alors ma meilleure amie à venir se réchauffer contre moi. Elle avait froid, c'était indéniable. Vu sa tenue, je me demandais même comment elle avait pu tenir pour venir jusqu'ici. Je passais mes bras dans son dos. Elle cessa de grelotter. C'était bon signe et alors qu'elle glissait ses mains froides son mon tee-shirt, je sursautais légèrement, frissonnant au passage. Elles étaient gelés et le contact de ma peau chaude et de l'extrême fraicheur de ses mains me tendirent durant quelques secondes avant que tout ne redevienne à la normale. Elle était folle de me faire un coup pareil. J'étais peut-être un radiateur ambulant mais je craignais tout de même le froid comme tout le monde. « Et puis, tu sais, je saisis chaque occasion de me blottir contre tes muscles d'homme fort ! » Si elle voulait gonfler mon égo et ma fierté "d'homme fort" comme elle le disait si bien, elle aurait pu choisir une autre comparaison. Mais j'appréciais tout de même son subtil compliment. J'avais une certaine carrure mais je n'étais pas non plus un Hulk en puissance.

La jeune Lambert se recula après quelques essais de marches fructueux. Elle glissa simplement l'une de ses mains - désormais chaude - dans une des poches de ma veste. Je passais un bras derrière ses épaules. « Cela ne te rappelle pas de merveilleux souvenirs ? » Je souriais, me souvenant parfaitement de notre rencontre sur les quais.
« Comment pourrais-je oublier ? Ce n'est pas tous les jours que je plonge dans la Seine. » Nous commencions alors à marcher. Je savais qu'il fallait que je lui dise mais en aurais-je la force ? Il fallait. Elle était ma meilleure amie et j'avais besoin de son soutien. Après tout, elle connaissait elle aussi Alcide. Je lui devais bien ça. « Il faut que je te dise quelque chose... » Lui avouais-je alors tandis que nous continuions notre marche tel l'un de ses couples qui nous dépassait depuis quelques minutes. « J'ai revu Alcide hier... Il est revenu. » Toujours commencé par les bases, le moins important et pourtant, c'était déjà difficile d'en parler. Je posais mon regard sur la jeune femme. « Et il m'a complètement oublié. Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé là-bas, mais il a perdu la mémoire... Il ne se souvient plus de moi et de ce qu'on a vécu avant qu'il ne parte... » Je baissais la tête, repensant à nos retrouvailles de la veille. Je soupirais légèrement. « Je lui ai dis qu'on était de simples amis. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça... Mais voilà, nous ne sommes qu'amis... »

 « Cela ne te rappelle pas de merveilleux souvenirs ? » avait-elle lancé avec malice. Cassandre passa son bras autour de ses épaules et esquissa un petit sourire avant de répondre : « Comment pourrais-je oublier ? Ce n'est pas tous les jours que je plonge dans la Seine. » Fleur émit un petit rire qui se fondait dans un esprit nostalgique. Cette rencontre lui avait valu le droit à un fidèle ami. Un confident avec lequel rien n'était tabou et avec qui l'amusement était souvent au rendez vous. Dieu qu'elle y tenait à son Cassandre. Et d'ailleurs, elle le lui disait mainte fois, elle serait toujours là pour lui. Pour l'écouter, le rassurer, le conseiller. Et espérait du fond du cœur que cet état de fait était réciproque. Ainsi les voilà marchant tranquillement le long des quais. Ils étaient étrangement silencieux. Fleur ne pouvait s'empêcher de dévisager Cassandre. Quelque chose le tracassait. Hum. Mais elle ne posait plus de question. Quand bien même il aurait envie de lui dire ce serait fait. Et là avait-elle raison. Bientôt, il lui confia les évènements qu'il avait vécu la veille... « Il faut que je te dise quelque chose... » Fleur le regarda avec de grands yeux.  « J'ai revu Alcide hier... Il est revenu. »  Elle manqua une respiration comme son cœur manquerait un battement. Non. Elle ne se serait pas attendue à cela. Alcide, l'ancien petit ami du jeune Cass. Voilà plus d'un an qu'elle ne l'avait plus revu, lui qui était parti à la guerre. Et malheureusement... Cassandre et lui s'était disputé juste avant son départ. Ainsi, l'homme Lefèvre, à cheval sur sa fioutu fierté, ne s'était pas rendu à l'aéroport lorsque Alcide s'en devait aller. Et plus aucunes nouvelles de son amour ne lui revinrent tandis que ce dernier était sur le front. « Et il m'a complètement oublié. Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé là-bas, mais il a perdu la mémoire... Il ne se souvient plus de moi et de ce qu'on a vécu avant qu'il ne parte... » Voilà plus embêtant encore. Fleur avait à peine considéré le fait que le jeune homme et Cassandre pourrait une nouvelle fois se retrouver. Et donc n'avait-elle pas pensé à une telle situation. Embarrassant. Desolant.  « Je lui ai dis qu'on était de simples amis. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça... Mais voilà, nous ne sommes qu'amis... » Quel idiot. Pourtant le voyait-elle dans un etat des plus attristés et n'avait aucune envie d'en rajouter. Alors épondit-elle seulement : « Bon Dieu. C'est un choc que d'apprendre comme ça toutes ces histoires. Mais voyons, pourquoi avoir fait ça ?! Et Alcide... comment a-t-il réagit ? » Elle se pinçait les lèvres. La situation était plus délicate qu'elle ne le pensait. Et que ressentirait Alcide lorsqu'il apprendrait la vérité sur la relation passée entre lui et Cassandre ? Cela ressemblait à un de ces mauvais feuilletons américains devant lesquels elle passait ses temps d'ennuis.

Mais pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une pointe de bonheur à l'idée de retrouver le jeune homme. Car oui, elle appréciait follement Rodriguez. Tels deux gamins ils passaient leur temps à se taquiner et s'entendaient très bien. A coup de mâchoire acérée. Oui c'était leur petit truc pour se montrer leur affection des petits mordillements. Cela paraissait tout à fait... débile. Mais soit cela était ainsi. Du moins avant. Comment être sur que d'elle il se souviendrait ? Après tout, s'il ne se rappelait pas de Cassandre pourquoi se souvenir de la meilleure amie de celui-ci ? Elle soupira. « que vas-tu faire ? » demanda-t-elle finalement.

Les révélations que je faisais surprenait Fleur. Je le voyais très bien. Je la connaissais bien, même très bien pour connaître ses réactions sur le bout des doigts. Elle était aussi surprise que je l'avais été en croisant Alcide dans la rue alors que je n'aurais jamais pensé le voir à Paris. Pour moi, il était je ne sais où sur le front en train de se battre, d'être sous les tirs ennemi et non pas en plein cœur de la capitale à se promener de manière tout à fait naturel. Comme ma meilleure amie, cette situation inattendue m'avait choqué, bouche-bée. J'en avais voulu au militaire d'être revenu sans me prévenir mais finalement je lui étais tombé dans les bras. Il m'avait manqué et malheureusement, ce manque continuerait même après son retour. Alcide m'avait complètement oublié et je faisais partie d'une vie qu'il pensait ne jamais avoir connu. « Bon Dieu. C'est un choc que d'apprendre comme ça toutes ces histoires. Mais voyons, pourquoi avoir fait ça ?! Et Alcide... comment a-t-il réagit ? » Oui c'était fou. Toute cette histoire était folle et pourtant, je m'y étais enfoncée encore un peu plus profondément comme si j'aimais souffrir de le voir en tant qu'ami alors que je ressentais toujours quelque chose de fort pour cet homme. Tous croyaient que j'avais une trop grande fierté pour le reconnaître. Même Fleur n'était pas au courant de tout ce qu'il s'était passé avant son départ. J'avais gardé quelques détails douloureux pour moi. Personne ne savait que je m'étais finalement rendu à l'aéroport et que je l'avais loupé de quelques secondes insignifiantes à mes yeux. Personne ne savait à quel point, je m'en étais voulu d'avoir agit de la sorte et surtout personne ne comprenait pourquoi je n'avais jamais voulu qu'Alcide parte là-bas se faire tuer. Personne ne me comprenait et je ne demandais pas à ce que cela arrive. Je vivais avec toute cette souffrance et j'aimais à croire que je m'en sortais dans mon malheur.
« J'ai agis sur un coup de tête. Ça m'a fait peur... J'ai simplement dit ce qui me passait par l'esprit sans réellement m'en rendre compte. Je ne voulais pas le perdre alors qu'il était enfin de retour. Je sais ce qu'il peut arriver lors de ces amnésies... J'aurais pu lui faire revenir ses souvenirs juste en lui donnant toutes les informations concernant notre histoire mais je ne voulais pas qu'il se souvienne de notre dernière dispute. Je... J'ai... » Je soupirais finalement, m'écartant de la jeune femme pour passer mes deux mains sur mon visage. « Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça... Et lui, je sais pas. Il était normal quoi. Vu que je n'existe pas dans son esprit, je pouvais être n'importe qui à ses yeux. Il l'a accepté, c'est le plus important, non ? »

Je me posais alors sur l'un des bancs du quais, me demandant ce qu'il se serait produit si j'avais réagit autrement. En effet, que se serait-il passé si je n'avais pas menti, si j'étais resté fidèle à l'homme que j'avais aimé et que j'aimais toujours ? Le revoir m'a fait remonter des sentiments que je pensais perdue. Lui parler m'a fait comprendre que je ressentirais éternellement quelque chose pour lui quel que soit la distance, quel que soit nos disputes et nos ruptures. « Que vas-tu faire ? » Je posais mon regard sur Fleur. C'était une très bonne question qu'elle me posait là et je ne savais pas quoi lui répondre. Après tout, elle aussi était ami avec lui et je me demandais s'il se souviendrait d'elle ou non. Dans un sens, cet interrogation me terrifiait car j'avais peur d'être le seul à m'être évanoui des souvenirs d'Alcide. S'il se souvenait de Fleur, cela me ferait comprendre que sa perte de mémoire me concernant était inconsciemment voulu. Le psyché d'une personne était un mystère pour moi. Je soignais les blessures visibles, les blessures du corps. Ce qu'avait le militaire relevait de la psychologie et son oubli de tous nos souvenirs pourrait être la conséquence d'une envie forte de m'oublier suite à la violente dispute que nous avions eu à son départ. J'envisageais toutes les hypothèses. C'était préférable pour ne pas tomber de haut lorsqu'il se souviendrait. Si bien sur, la mémoire lui revenait...
« Je vais continuer ce que j'ai commencé. Je n'ai pas le choix. Lui dire la vérité serait pire pour lui. Je serais son ami pour le meilleur comme pour le pire. Et même si lui ne voit que le meilleur, moi je vivrais le pire à chaque fois. » Mes yeux bleus se posèrent alors sur le couple qui passait devant nous, puis sur la Seine. J'étais perdu. Je n'aurais jamais pensé qu'Alcide reviendrait avec une perte partielle de sa mémoire. Je m'étais attendu à sa mort, à sa prise d'otage, au fait qu'il soit torturé par les talibans mais cette possibilité ne m'était jamais venu à l'esprit. « J'espère juste que ça n'empire pas... » Révélais-je alors à Fleur.

De jolies poches décoraient ses yeux suite à une nuit riche en cauchemars. Il ouvrit la bouche pour lâcher un bâillement disgracieux avant de s'octroyer un café noir, histoire de se remettre les idées en place. Ces derniers temps, il ne dormait pas beaucoup, de nombreux souvenirs de la guerre jaillissaient dans son esprit, l'extirpant d'un sommeil agité. Une fois qu'il était réveillé, il lui était quasiment impossible de se rendormir comme toute marmotte qui se respecte, l'obligeant à prendre son petit-déjeuner à quatre-heures du matin et à mater la télévision jusqu'à ce que le commun des mortels s'extirpe de leur couette. Ses doigts caressaient la tasse brûlante de café qui reposait entre ses mains, de quoi le remettre sur pieds d'ici une trentaine de minutes. Il n'avait pas pris le temps de se raser, laissant une petite barbe de deux jours naître à l'angle de sa mâchoire. Après avoir enfilé un polo noir et un jeans bleu marine, le militaire s'embarqua à l'extérieur de son appartement, désireux de prendre l'air et faire quelques courses.

« Alcide! N'oublie pas de me ramener une bouteille de lait stp » Alcide releva le menton vers le deuxième étage de son immeuble et tomba sur la vieille Martha et ses délicieuses tartes au riz. Il lui fait un signe de la main en guise de réponse et poursuivit son chemin à travers le quartier, savourant la caresse de la brise matinale contre sa peau, tels des baisers volants. Marchant avec une monotonie certaine, le jeune homme repensa à sa rencontre de la veille, avec Cassandre Lefèvre. Cette nuit, il avait fait des rêves pas très catholiques en sa « compagnie », rêvant de son corps contre le sien, ses mains partant à la découverte de chaque parcelle du corps du bellâtre qui s'était présenté comme son ami. Si Cassandre savait qu'Alcide faisait des rêves chauds en pensant à lui, il prendrait sans doute ses jambes à son cou.

Flânant sur le sol du Panthéon, une tête blonde attira son regard...Il fixa son regard sur la demoiselle et reconnut sans mal Fleur. Un sourire naquit à la commissure de ses lèvres, enfin une personne dont il se souvenait! [et voici le moment de vérité xD] Bien qu'ayant une préférence pour les hommes, le militaire avec succombé au charme de la belle blonde [ce qui est bien sûr, totalement faux Hein xD], partageant les mêmes draps à de nombreuses occasions. Une amitié gorgée de piques et de provocation s'était installée entre eux. Pressant le pas, le militaire se retrouva rapidement aux côtés de la jolie Lambert. Il glissa son bras sur son épaule et vint lui coller un baiser sur la joue droite, un sourire taquin à la commissure des lèvres. « Salut jolie blonde! Alors, je t'ai manqué? » [=_= '] Son regard se posa sur celui qui avait animé ses rêves de la veille qu'il venait juste de remarquer, Cassandre. Machinalement, il retira son bras de l'épaule de Fleur. « Hey Cassandre! Comment va? » ajouta-t-il en tentant de chasser des pensées illicites de son esprit. Son regard s'attarda un peu trop sur ce-dernier.

« J'ai agis sur un coup de tête. Ça m'a fait peur... J'ai simplement dit ce qui me passait par l'esprit sans réellement m'en rendre compte. Je ne voulais pas le perdre alors qu'il était enfin de retour. Je sais ce qu'il peut arriver lors de ces amnésies... J'aurais pu lui faire revenir ses souvenirs juste en lui donnant toutes les informations concernant notre histoire mais je ne voulais pas qu'il se souvienne de notre dernière dispute. Je... J'ai... Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... Et lui, je sais pas. Il était normal quoi. Vu que je n'existe pas dans son esprit, je pouvais être n'importe qui à ses yeux. Il l'a accepté, c'est le plus important, non ? » Il était tout à fait désemparé. Ses mains venaient frotter avec désespoir son visage dans l’espoir peut être d’extraire quelques tristesses de la veille. Fleur se trouvait à son tour dans une mauvaise position… Que pouvait-elle dire pour le réconforter… Elle se sentait dans une situation délicate et pourtant en face d’elle n’était autre que un de ses plus vieil ami, ou du moins lequel avec qui elle se sentait le plus proche. « Je vais continuer ce que j'ai commencé. Je n'ai pas le choix. Lui dire la vérité serait pire pour lui. Je serais son ami pour le meilleur comme pour le pire. Et même si lui ne voit que le meilleur, moi je vivrais le pire à chaque fois. » Elle soupira. « Ne serait-ce pas plus simple de se poser avec lui et de lui expliquer la vérité ? Comme tu le dis peut être cela permettra à sa mémoire de réacquérir de nombreux souvenirs… Et à toi de ne pas vivre dans ce que tu appelles le pire. Je doute que la solution que tu proposes soit la meilleure en fait… » « J'espère juste que ça n'empire pas... » « Que cela n’empire pas dans quel sens ? » Eut-elle à peine le temps de temps avant que la situation ne devienne en effet totalement catastrophique. En effet sitôt n’eut elle pas terminée sa phrase qu’elle sentit comme une pression contre son épaule. Un bras venait de l’entourer en une étreinte des plus chaleureuse à en croire. Elle sentit des lèvres se déposer sur sa joue. Elle leva les yeux. Bon Dieu. Ils étaient dans de beaux draps. Voilà Alcide pile devant son regard en train de s’écrier joyeusement : « Salut jolie blonde! Alors, je t'ai manqué? » Joyeusement ? Ce n’était pas tout… Un certain regard taquin se joignait à ses paroles… Taquin ? Peut-être plus que ça même. Mais non, elle se faisait des idées. Il y avait toujours eut entre deux une certaine relation taquine. C’était surement parce qu’elle ne l’avait pas vu de longtemps que cela lui semblait follement étrange… Mais attendez. Pourquoi se souvenait-il d’elle et non de Cassandre ? Cela la mettait un peu plus mal à chaque minute. D’autant que lorsqu’il se tourna vers son ami en un simple : « Hey Cassandre! Comment va? » Fleur se mordilla la lèvre, mal à l’aise. Elle lança un petit : « oh tiens, Alcide, quelle surprise de te voir là ! Comment tu vas après tant d’année ? » banal. Et au moins elle ne se mouillait pas, c’était l’avantage. C’est alors qu’elle capta quelque chose dans le regard de Alcide : il restait avec insistance collé sur le visage de Cassandre. Cela voulait-il dire que ?...

Assis sur un banc, je regardais par intermittence Fleur et la Seine. Voir que l'eau s'écoulait toujours me réconfortait. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée. « Que cela n’empire pas dans quel sens ? » Mes yeux bleus se posèrent immédiatement sur ma meilleure amie lorsque je remarquais qu'un inconnu la serrait déjà dans ses bras. J'observais la scène, amusé par ce que j'avais devant moi.
« Salut jolie blonde ! Alors, je t'ai manqué ? » Le petit sourire que j'arborais s'effaça dans la seconde qui suivit ses paroles. Je reconnus instantanément Alcide. Même s'il me tournait le dos, sa voix le trahissait. « Hey Cassandre ! Comment va ? » J'étais perdu que je ne répondis même pas à mon ex, devenu aujourd'hui un simple ami. Je ne comprenais plus rien. Que se passait-il entre Fleur et Alcide ? L'avait-elle revu avant que je ne lui en parle pour qu'il agisse de la sorte ? Pourquoi m'aurait-elle caché qu'il était de retour sans aucun souvenir de notre passé commun ? Je restais sur le banc à les observer. Je me sentais légèrement trahi. Je baissais les yeux.
« Oh tiens, Alcide, quelle surprise de te voir là ! Comment tu vas après tant d’année ? » Après tant d'année ? Je relevais mon visage en direction de ma meilleure amie alors que le militaire me fixait toujours. Je les entendais parler. Je voyais leur lèvres bougées. Et pourtant, j'étais dans mes pensées et la signification des mots qui me parvenait m'était incompréhensible comme s'ils parlaient tous les deux une autre langue. J'étais dans mon monde.

J'aurais voulu hurler, crier, sauter dans tous les sens et surtout m'enfuir d'ici. Mais étrangement, je restais paralysé, bloqué sur ce banc et les regardais. « Tu... Tu te souviens d'elle ? » Surpris, je me levais finalement. Je ne comprenais pas. Je les avais présenté et Alcide se souvenait d'elle et non pas de moi. C'était trop, trop pour que je ne puisse le supporter. Je fis quelques pas pour m'éloigner d'eux et surtout de lui mais je revins tout de même vers eux. J'avais quelques points à éclaircir. « Tu sais que c'est ma meilleure amie ? Que c'est moi qui vous ai présenté ? Tu te souviens de tout ça ou pas ? » J'étais limite froid et brusque dans ce que je lui demandais. Je voulais comprendre. Je voulais essayer de calmer mes doutes, mes peurs et mes craintes car tout ce que j'avais cru comprendre la veille se révélait être fondé. Alcide m'avait oublié moi parce que je lui avais causé de la tristesse et des souvenirs douloureux. Son inconscient m'avait banni de son esprit. Je voulais être sûr de cette théorie avant de m'emballer, avant de m'effondrer. « Désolé, si je vous ai coupé dans vos retrouvailles mais je veux juste comprendre... » Mon cœur battait la chamade. Les prochaines minutes seraient cruciales et je doutais déjà que le dénouement soit heureux pour moi.

Revoir Fleur lui conféra un sentiment de joie, il appréciait beaucoup la jolie blonde. Entre eux deux, ça avait toujours été une amitié gorgée de piques et de sarcasmes. Il était loin de se douter que les supposées liaisons n'étaient que des pures inventions de son subconscient. Cassandre était alors apparu dans son champ de vision, le beau jeune homme avait capté toute son attention, et Alcide en aurait presque oublié Fleur si celle-ci ne l'avait pas extirpé de sa contemplation. « Oh tiens, Alcide, quelle surprise de te voir là! Comment tu vas après tant d'années? » Tant d'années? Cela ne faisait qu'un an qu'ils ne s'étaient pas revus, mais à part ça...Était-ce de l'ironie? Peut-être était-elle aussi fâchée suite à son absence de nouvelles? Pourtant, si elle s'entendait bien avec Cassandre, il devait sans aucun doute l'avoir mise au courant, non? « Hum je me porte bien, je suis revenu de mission il y a un mois et je n'ai toujours pas trouvé le courage de déballer mes affaires. Bref, et toi? Tu as trouvé ton prince charmant en un an, où tu te languissais de moi? Avoue...» Il accompagna sa phrase d'un sourire coquin teinté de sous-entendus 'explicites', un sourire qui s'effaça bien vite lorsque ses yeux croisèrent le regard déconfit de Cassandre. Ce dernier s'était terré dans un mutisme impénétrable, comme s'il venait d'être frappé de plein fouet par un métro. Le militaire observa ce brusque changement de comportement sans rien comprendre. Avait-il dit quelque chose de mal? Ou alors...il était peut-être jaloux? Bon, ce n'était pas la première fois qu'il était aussi tactile avec la blonde, mais tout de même...Certes, c'est une jolie brindille, très jolie même...Ils n'étaient tout de même pas sortis ensemble alors qu'il était en Afghanistan? Si? C'était la seule hypothèse qu'il avait en tête. Pas étonnant qu'il fasse une telle tête, il ne devait sans doute pas apprécier de le voir trop près de Fleur. « Tu te souviens d'elle ? » Silence. C'était donc ça qui le tracassait? Le jeune brésilien déglutit péniblement, mal à l'aise face à cette révélation...Pourquoi se souvenait-il d'elle et pas de lui? Parce-qu'il avait eu une liaison avec la sulfureuse donzelle? « Euh...Bah... » Il fut coupé dans son élan par la voix tranchante de Cassandre. « Tu sais que c'est ma meilleure amie? Que c'est moi qui vous ai présenté? Tu te souviens de ça ou pas? » Ils étaient donc meilleurs amis...Donc ils n'avaient pas eu de liaison? Il enfouit ses mains dans ses poches, embarrassé d'avoir l'esprit semé de trous noirs. A vrai dire, il ne se souvenait absolument pas de sa première rencontre avec Fleur...Les joues creusées, les lèvres plissées, Alcide s'en voulait terriblement de ne pas se souvenir du jeune homme...Pourtant, l'infirmier ne semblait pas être le genre de personne à être effacée aussi vite des mémoires...Une douleur s'immisça au niveau de sa poitrine, il ne se sentait pas très bien. « Désolé si je vous ai coupé dans vos retrouvailles, mais je veux juste comprendre » Nouveaux picotements. Cassandre était doué pour jouer avec ses émotions, et il commençait sérieusement à se poser des questions. Quand il était avec lui, déjà la dernière fois, il s'était senti tout drôle...« Eh bien...Figure-toi que je n'en sais pas plus que toi! Oui, je me souviens de Fleur, et pourquoi? Je n'en sais foutre rien! Il semblerait que ma mémoire me joue des tours! Si ça te fait chier, sache que ça m'emmerde tout autant! » s'énerva-t-il en shootant dans une canette qui trainait au sol, les joues rouges de colère. Il s'était emporté, pour chasser ses craintes et cette tension. Réalisant son excès, Alcide soupira, les épaules affaissées en un signe de résignation. « Désolé...je me suis emporté... » Le trouble le gagna une nouvelle fois alors qu'il sentait le besoin urgent de le prendre dans ses bras l'envahir...

«Oh tiens, Alcide, quelle surprise de te voir là! Comment tu vas après tant d'années? »Les regards que lui lancèrent les deux hommes étaient plus qu’étonnés. « Heu et bien. Une année je voulais dire, bien sur, m’enfin je m’emporte. » Elle sourit, un peu gênée ne sachant plus ce qu’elle disait. Bon Dieu que la situation finissait par devenir énormément compliquée. Et Fleur n’était pas de caractère à se démêler d’histoires compliquées si facilement… Nous dirions plutôt que son sport favori consiste à s’empêtrer un peu plus, et à sourire bêtement. « Hum je me porte bien, je suis revenu de mission il y a un mois et je n'ai toujours pas trouvé le courage de déballer mes affaires. Bref, et toi? Tu as trouvé ton prince charmant en un an, où tu te languissais de moi? Avoue...» avait répondu Alcide. Etait-ce ironique ? M’enfin, il avait bien l’air de croire dur comme faire à ce qu’il disait… Mais quel était ce petit jeu ? Fleur était perdue. « Heu… Et bien… Non pas de prince charmant à l’horizon. » Ses joues s’empourpraient par la gêne et elle ne cessait de regarder comment allait Cassandre dont le visage se fondait dans la tristesse aux vues des regards coquins qu’adressait Alcide à la blonde. Bientôt ce dernier qui se rendit compte de l’expression de celui qui fut son ex, il effaça son sourire. « Tu te souviens d'elle ? » Le silence tomba. Fleur passait son regard d’un homme à l’autre tout en se taisant, ne savant que dire. « Tu sais que c'est ma meilleure amie? Que c'est moi qui vous ai présenté? Tu te souviens de ça ou pas? » La brusquerie qu’utilisait Cassandre dans ses propos n’eut qu’effet de rendre Fleur un peu plus triste et de plus en plus gênée. Elle aurait voulu s’éclipser, se tasser sur elle-même. Ne pouvait-elle pas prétexter un rendez-vous ?... Enfin non. Elle ne pouvait pas laisser son meilleur ami ainsi… Mais sa présence n’envenimait-elle pas justement les choses ? Elle en fut certaine une fois que Cassandre souffla : « Désolé si je vous ai coupé dans vos retrouvailles, mais je veux juste comprendre » Mon Dieu mais que croyait-il ?! Mais Fleur n’osait rien dire de peur de faire une quelconque gaffe les entrainant tous trois dans une scène encore plus complexe. C’est alors que les traits d’Alcide se déformèrent par la colère et que dans une pulsion il tapa dans une canette au sol en ajoutant agressivement : « Eh bien...Figure-toi que je n'en sais pas plus que toi! Oui, je me souviens de Fleur, et pourquoi? Je n'en sais foutre rien! Il semblerait que ma mémoire me joue des tours! Si ça te fait chier, sache que ça m'emmerde tout autant! » Fleur comprenait tout à fait que ce qui arrivait au jeune homme lui fasse perdre ses moyens… Perdre la mémoire, ne plus arriver à mettre la main sur ses souvenirs, ne plus mettre de noms sur les visages, bien sûr que c’était déstabilisant… Mais pourquoi s’énerver si brusquement ? La lèvre de la jeune blonde en pâtissait largement. Bien vite le voilà qui s’excusait cependant. « Allons les garçons calmez-vous je vous en prie… » souffla-t-elle d’une petite voix… Bientôt sa respiration s’echappait et elle peinait à calmer son cœur. Petite nature ? Presque. Elle aurait voulu se rapprocher de Cassandre et le prendre dans ses bras, mais comment savoir si c'était la bonne manière d'agir, la colère semblait tellement prendre possession de lui qu'elle doutait qu'elle n'en soit pas de même à l'origine.

L'attention soudain que portait Alcide à Fleur m'étonnait. D'accord, je les avais présenté. Elle était ma meilleur amie et il fut mon petit-ami. A une époque, je ne pouvais me séparer des deux. Aujourd'hui, j'aurais pu croire que cela allait être différent mais, apparemment, mes espérances s'étaient foutues de moi. « Hum je me porte bien, je suis revenu de mission il y a un mois et je n'ai toujours pas trouvé le courage de déballer mes affaires. Bref, et toi ? Tu as trouvé ton prince charmant en un an, où tu te languissais de moi ? Avoue... » Je les observais tous les deux. Leur petit jeu ne m'amusait pas ou du moins celui qu'Alcide entreprenait ne me faisait pas rire. Je ne savais quoi faire. Il ne se souvenait pas de moi. alors comment pouvais-je dire quelque chose ? Je n'étais qu'un inconnu retrouvé par un pur hasard dans la capital. Je n'étais strictement rien à ses yeux contrairement à ce qu'il était pour moi dans mon cœur.
« Heu… Et bien… Non pas de prince charmant à l’horizon. » Je ne disais plus rien tandis que je sentais les yeux des deux autres protagonistes de cette histoire qui semblait tout droit sorti d'un livre. Tout ceci ne pouvait être vrai. Pourtant, tout était bien réel... Ce regard coquin de mon ex était tout aussi réel que ces regards qu'il me lançait avant de partir pour l'Afghanistan. Je soupirais.

Debout face au militaire, je me questionnais sur sa perte de mémoire, sur ces derniers souvenirs, sur le pourquoi du comment... Il se souvenait de Fleur mais je n'arrivais toujours pas à comprendre quelle relation pensait-il avoir eu avec elle ? Je savais qu'il était un peu comme chien et chat. Je connaissais en plus leur tempérament mais je devais bien avouer que certains doutes naissaient dans mon esprit suite aux paroles de mes deux compagnons. J'avais exprimé mon ressenti. Certes, j'avais été froid, brusque presque violent mais le désir d'éclaircir les choses était bien plus grand encore. Lorsqu'Alcide frappa violemment dans la canette au sol, je sus rapidement qu'il allait me crier dessus. Je le connaissais très bien et cela ne manqua pas. « Eh bien...Figure-toi que je n'en sais pas plus que toi ! Oui, je me souviens de Fleur, et pourquoi ? Je n'en sais foutre rien! Il semblerait que ma mémoire me joue des tours ! Si ça te fait chier, sache que ça m'emmerde tout autant ! » Il m'énervait. Il me m'était en colère. Je tentais tout de même de garder tout cela pour moi mais sa dernière phrase me sortit de mes gonds. Il n'avait pas le droit de me dire une telle chose. Pas après ce que nous avions vécu. Malheureusement pour moi, il ne se souvenait pas de ce que nous avions vécu et c'était bien là tout le problème de cette situation.
« Parce que tu crois que c'est amusant de n'être qu'un inconnu pour toi avec tout ce qu'on a vécu ensemble ?! » Je me retournais pour faire quelques pas à l'opposé du jeune homme. En cet instant, j'aurais tout fait pour qu'il retrouve sa mémoire, quitte à le frapper pour qu'il est des flashs ou n'importe quoi qui lui permettrait de me reconnaître, de se souvenir de notre amour passé. Mais je ne fis rien. J'avais trop peur de sa réaction car, après tout, il ne m'avait pas vu à l'aéroport comme il me l'avait demandé le soir de notre si violente dispute. Et même si j'avais vu son avion décoller - parce que j'étais finalement venu le retrouver avant son départ - Alcide n'avait jamais su que j'étais venu lui souhaiter un bon voyage et surtout que j'étais venu lui dire de me revenir vivant.
« Allons les garçons calmez-vous je vous en prie… » Je jetais mes yeux bleus sur Fleur. Elle avait raison. Je ne devais pas m'énerver. Alcide était vivant comme je l'avais souhaité et c'était surement le principal aujourd'hui.
« Désolé...je me suis emporté... » Je lui souris légèrement, un petit sourire réconciliateur, puis je baissais les yeux.

Cette situation était difficile. Mon choix de n'être qu'un ami pour le militaire me faisait mal à chaque minute que je passais en sa compagnie. J'avais même peur de le regarder et qu'il se doute alors de quelque chose. Je l'aimais toujours mais son amnésie l'éloignait de moi. Je me rapprochais alors de Fleur et je lui attrapais la main que je glissais une nouvelle fois dans la poche de mon manteau. Je tremblais. J'étais terrifié et je ne savais quoi faire. J'avais juste besoin d'elle, besoin de son soutien et de son amitié pour les quelques minutes restantes. « Ne me laisses pas, s'il te plait... » Lui chuchotais-je à son oreille avant de reporter mes yeux sur Alcide. « Excuses-moi également, je n'aurais pas dû être aussi insistant. » Lui dis-je sincèrement. Je m'étais peut-être énervé contre lui mais il n'était en aucun cas responsable de son état, de sa perte de mémoire. Comment pouvais-je être aussi stupide pour l'avoir pensé un instant ? Je le fixais toujours dans les yeux. « Bon, alors dis-nous, tu fais quoi sur les quais ce matin ? »

De nature impulsive, Alcide perdait vite son sang-froid, s'en suivait souvent de fréquentes boutades avec ses comparses. Heureusement, il savait vite se rattraper par une moue boudeuse ou un sourire qui faisait fondre ces demoiselles. « Heu… Et bien… Non pas de prince charmant à l’horizon. » Les sourcils froncés, il ne manqua pas de montrer son étonnement. Fleur aurait-elle perdu de sa légendaire répartie? Il avait comme l'impression que quelque chose clochait dans tout ce décor, il se sentait comme décalé par rapport à ses deux acolytes. La belle blonde parlait avec hésitation, presque de la prudence et Alcide ne comprenait absolument pas pourquoi elle agissait de la sorte. Ils ne s'étaient pas vus pendant un an et son manque d'engouement le laissait perplexe. Décidément, le monde ne tournait pas rond! Sa bouche resta close, il n'osa rien répondre et resta silencieux en détaillant les rougeurs naître sur les pommettes de Fleur. Son regard défila de Cassandre à Fleur, de Fleur à Cassandre, l'un avait un regard gorgé de tristesse, l'autre était plongée dans un embarras certain. Le militaire aurait juré qu'il y avait quelque chose d'intime entre eux, mais d'après ce qu'il avait compris, ces ceux-là n'étaient 'que' meilleurs amis. Alors quoi? Nul doute que le problème venait bel et bien de lui. Il commençait sérieusement à en avoir marre des situations à la con, où il fallait presque jouer aux devinettes pour obtenir une quelconque réponse. Il s'était énervé, comme d'habitude, et avait rapidement regretté sa colère. Ça ne ferait qu'envenimer les choses, et c'est bien la dernière chose qu'il souhaitait. « Parce que tu crois que c'est amusant de n'être qu'un inconnu pour toi avec tout ce qu'on a vécu ensemble ?! » [...] Alcide l'observa longuement, perdu mais aussi troublé. Ce n'était pas le genre de réplique que l'on balançait à un pote, même si des tensions subsistaient. Un étrange pressentiment l'envahit...  « Qu'est-ce que tu veux dire? Je croyais qu'on était de simples potes qui passaient des soirées pépères autour d'un bon verre?! » Son instinct lui dictait de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout se passera bien, de le réconforter, etc. Les doutes s'immisçaient lentement en lui, il n'était pas tout à fait sûr de l'honnêteté de Cassandre concernant leur « relation ». Fin observateur, il n'est pas le genre de gars que l'on peut duper facilement, et il était persuadé qu'on lui cachait quelque chose. « Allons les garçons calmez-vous je vous en prie… » Elle n'avait pas tort et on pouvait presque lire de la compassion dans les prunelles sombres du brésilien. « Désolé Fleur...mais je suis un peu perdu là...Entre toi qui est si distante, et Cass' qui pète un câble...Non, vraiment, je ne comprends rien... » La pauvre, elle ne devait pas se sentir à son aise entre les chamailleries des deux garçons. Une pointe de jalousie le chatouilla lorsque le blondinet rejoignit Fleur pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Ils sont juste meilleurs amis...Pas vrai? Et puis de toute façon, ça ne devrait pas le préoccuper autant, n'est-ce-pas? Il se sentait comme une pucelle effarouchée qui allait à son premier rendez-vous...Quelle embrouille! « Excuses-moi également, je n'aurais pas dû être aussi insistant. » Cette réponse le laissa sur sa faim, il avait envie de tenter quelque chose, mais craignait la réaction de Cassandre. « Bon, alors dis-nous, tu fais quoi sur les quais ce matin ? » Comment détourner la conversation en une leçon, Alcide n'y prêta pas attention, reportant sa tentative à plus tard. Il faudra qu'il ait une sérieuse discussion avec l'infirmier. « Je m'emmerdais un peu chez moi alors j'ai été prendre le grand air...Et...vous deux? » finit-il, hésitant.

[désolé, c'est médiocre '-']

« Parce que tu crois que c'est amusant de n'être qu'un inconnu pour toi avec tout ce qu'on a vécu ensemble ?! » « Qu'est-ce que tu veux dire? Je croyais qu'on était de simples potes qui passaient des soirées pépères autour d'un bon verre?! » Il semblait bien que Alcide commençait à comprendre. Cassandre avait fait la gaffe à ne pas faire. Ou plutôt à faire. Tout dépend des points de vue, tout dépend des évènements à venir. Fleur aurait voulu s’effacer totalement. Mais cependant elle restait là et bientôt elle oubliait tout ce qui l’entourait pour se concentrer sur cette scène peu singulière qui se déroulait devant elle et dont elle n’était presque que spectatrice. Devait-elle agir d’une quelconque façon ? Elle n’osait pas. Réconforter l’un ou l’autre ? Les deux en avaient en effet bien besoin. Alors que faire bon Dieu ?! Tandis qu’elle leur demandait de se calmer chacun de leur côté de manière à ne pas faire envenimer un peu plus la situation, les voilà qui se radoucissent. Un certain soulagement. Ils s’excusaient alors tout deux promptement à leur manière… Dans leur regard se lisait l’incompréhension. Alcide et Cassandre étaient totalement paumés. Ils ne comprenaient plus rien. Et Fleur ne savait comment cette petite rencontre matinale allait se terminer. Mauvais feuilleton oui. Enfin, Cassandre se rapprochait d’elle lui attrapait la main et lui soufflait : « Ne me laisses pas, s'il te plait... » Fleur hocha la tête d’un air entendu. Ses paroles restaient un peu coincées en elle. Et après tout que pouvait-elle dire ? Ces histoires ne la regardaient pas vraiment. C’étaient leurs histoires à eux, leur histoire, d’amour. Un amour oublié par l’un des deux, un amour qui détruisait l’autre peu à peu. Elle le voyait dans les yeux de son meilleur ami. Il était totalement désemparé. Alors d’une pression de main et d’une sorte de sourire caché elle tentait de lui offrir sa présence, de lui sommer de garder un peu de courage, de prendre peut être du recul avec la situation. Du moins lui signifier que quoiqu’il en soit elle était là. Puisqu’elle ne se sentait pas capable de faire plus compte tenu de la scène. Avec soulagement elle le voyait changer quelque peu de sujet : « Bon, alors dis-nous, tu fais quoi sur les quais ce matin ? » mais sa voix restait triste et monotone. « Je m'emmerdais un peu chez moi alors j'ai été prendre le grand air...Et...vous deux? » Fleur s’empressa de répondre, histoire d’empêcher l’infirmier d’encore une fois faire l’effort de cacher cette tristesse qui l’emprisonnait peu à peu. « Simplement un petit rendez-vous histoire de se retrouver tous les deux. Il m’apprenait justement ton retour quand tu es apparu comme par magie à côté de nous. » Elle esquissa un petit sourire. Sourire quelque peu faux. Au fond d’elle, elle n’espérait qu’une chose : que cela se termine. Oui elle rêvait de partir à toutes jambes et de filer se poser chez elle. L’air de rien, elle était un peu l’intruse du tableau.

[et moi donc ><.]

Je m'étais trahis tout seul et j'avais laissé place aux doutes lorsque j'avais répondu du tac-o-tac à Alcide suite à son énervement. A peine avais-je sorti cette phrase sous le signe de l'énervement et de la colère que j'avais regretté mes paroles. C'est pourquoi je m'étais éloigné du militaire et de Fleur. J'avais la gaffe à ne pas faire et maintenant j'en étais encore plus démuni. J'étais encore plus perdu et j'avais encore plus peur de le décevoir lorsqu'il apprendrait la vérité. Le pire restait sa mémoire. S'il la retrouvait alors que je lui mentais toujours, que se passerait-il ? Pour lui ? Pour moi ? Pour nous ? J'étais terrifié à l'idée de le voir partir à nouveau.

Main dans la main avec ma meilleure amie, je sentais son soutien rien que par le contact de nos deux peau l'une contre l'autre dans la poche de mon manteau. Heureusement qu'elle était là, avec moi, ou sinon j'aurais déjà fuis depuis quelques minutes. Elle me rendait plus fort tandis que la présence d'Alcide me faisait douté, me troublait au plus haut point. Je posais alros une simple question. Je changeais de sujet et c'était surement le mieux à faire même si ma voix restait triste et monotone. Je n'étais pas aussi joyeux que lors de nos retrouvailles pour ce rendez-vous sur les quais. Parler de mon ex pour ensuite l'avoir devant moi était une situation insoutenable. Mais encore une fois, je n'étais seul et Fleur était d'une grande aide pour moi ce matin. « Je m'emmerdais un peu chez moi alors j'ai été prendre le grand air...Et...vous deux ? » Je n'avais plus vraiment envie de parler. J'étais démunis devant cet homme que j'aimais toujours et qui m'avait complètement contrairement à ma meilleur amie dont il se souvenait parfaitement bien. J'allais tenter une réponse lorsque Fleur en débuta une à ma place. Je serrais sa main en signe de remerciement et j'étais bien heureux qu'Alcide ne voit pas nos deux mains qui se tenaient dans la poche de mon manteau.
« Simplement un petit rendez-vous histoire de se retrouver tous les deux. Il m’apprenait justement ton retour quand tu es apparu comme par magie à côté de nous. » J'acquiesçais d'un signe de tête, suivi d'un petit sourire en direction du militaire accompagné d'un regard amoureux. Ces yeux doux que je lui faisais s'évaporèrent dans la seconde qui suivit. Il ne fallait pas que je laisse planer le doute dans l'esprit d'Alcide. Nous n'étions qu'ami. Je devais me rentrer ça dans le crâne ou je risquais de tomber de haut à chaque fois que je le croisais dans la rue.

Je lâchais alors la main de ma meilleure amie. Pris dans un élan de courage et de bravoure, je me rapprochais du mon ex petit-ami pour lequel j'avais toujours des sentiments profonds. Je le regardais dans le blanc des yeux avant de venir l'enlacer. Je prenais des risques mais j'avais envie de le faire. Je glissais mon visage près de sa nuque et humais alors son odeur que j'adorais toujours autant. « Je suis désolé pour tout à l'heure... » Lui révélais-je finalement. J'étais sincère. « Je n'ai jamais aimé lorsque l'on se disputait pour rien. J'espère seulement que tu m'en veux pas. » Je me détachais de lui et déposais une main sur son épaule. Je lui souris, difficilement, mais je réussis tout de même lui sourire pour masquer les apparences. « Mon aide pour déballer tes cartons tient toujours ? » Lui demandais-je. Je ne voulais que la situation empire et surtout, je ne voulais pas qu'il me déteste. Déjà que nous n'étions plus amants, je ne pouvais me passer de lui comme amis.

[Désolé pour le retard! Je suis impardonnable ><]

« Simplement un petit rendez-vous histoire de se retrouver tous les deux. Il m’apprenait justement ton retour quand tu es apparu comme par magie à côté de nous. »

Alcide sourit doucement, il appréciait l'effort que faisait Fleur par rapport à cette situation un tantinet délicate. A sa place, il aurait sans doute tout fait pour s'éloigner de cette ambiance où la tension était horriblement palpable. Dans d'autres circonstances, il ne se serait pas privé de l'enlacer pour lui coller une bise sur la joue mais suite à la réaction explosive du jeune homme, il préférait s'en abstenir. D'ailleurs, c'est plutôt Cassandre qu'il avait envie de prendre dans ses bras, mais il garderait bien sûr ça pour lui. Pour dire vrai, il aurait préféré que Fleur s'en aille, histoire qu'il en sache un peu plus sur la réaction de son comparse, mais celui-ci ne semblait pas être apte à parler de tout ça. Il observa Cassandre et Fleur avec une pointe d'envie, lui aussi aurait aimé trouver du soutien quelque part, mais chacune de ses rencontres avec ses proches s'était soldée en une explosion, un mélange de colère et d'incompréhension. Enfin, c'était bien normal...Imaginez un de vos potes se ramener et vous confondre avec un parfait inconnu, c'est plutôt vexant, mais Alcide n'y pouvait rien. Il n'avait pas choisi d'oublier quelques-uns de ses proches et non d'autres, comme Fleur. Oublier le jeune homme et pas sa meilleure amie, la fille qu'il lui avait présentée, c'était tout bonnement pathétique. D'ailleurs, il se serait bien terré dans un trou de souris, comme un enfant pris en faute.

Il sentait bien que sa présence était la source de tout ce remue-ménage et alors qu'il s'apprêtait à les saluer avant de s'enfuir, Cassandre s'éloigna de Fleur pour le rejoindre. Alcide ne put détacher son regard de l'infirmier, il était comme fixé sur sa simple personne. Tout ce qui les entourait s'évaporait en miettes, comme par magie, et Fleur était déjà bien loin. Il retint sa respiration lorsque le visage de Cassandre s'était dangereusement approché du sien, croyant presque qu'il allait l'embrasser. Une pointe de déception le traversa lorsqu'il constata qu'il n'en fit rien, mais sa présence eut tôt fait de baisser toutes ses défenses, et il aurait suffi d'un rien pour qu'il subisse les extravagances de son imagination débordante et gorgée de désir. « Je suis désolé pour tout à l'heure... » Ne sois pas désolé, aurait-il voulu lui dire, mais sa réponse resta bloquée en travers de sa gorge. Il était noyé dans un bain utopique, profitant de la proximité du blondinet. « Je n'ai jamais aimé lorsque l'on se disputait pour rien. J'espère seulement que tu m'en veux pas. » Comment pourrait-il lui en vouloir? Certes, il était furieux contre sa propre colère, mais il comprenait sa réaction. Il n'avait pas la force de le disputer, pas aujourd'hui. Un soupir de désenchantement s'échappa de ses lèvres lorsque Cassandre s'éloigna de lui. C'était trop beau pour être vrai. « Mon aide pour déballer tes cartons tient toujours ? » Alcide lui répondit d'un sourire ravi. « Bien sûr! Tu viens quand tu veux! » Il lui fit un petit clin d'œil. « Bon, eh bien je crois que je vais y aller, je dois encore faire des courses pour ma voisine et si je tarde trop, elle va me sermonner pendant des heures. Non merci! » Il déposa un baiser sur la joue de Cassandre sans se presser, râlant contre le temps qui allait bien trop vite à son goût, et fit la bise à Fleur. « Allez, à plus tard les amis! Passez une bonne journée » Il les salua avec un grand sourire, bien que rempli d'amertume au fond de lui, et s'éclipsa au détour d'une ruelle en mijotant sur ce qui venait de se passer.