Je suis né le 1er avril 1989. Et en effet je suis une grosse blague comme mec ! Je suis né à Sidney en Australie, pour moi c’est la plus belle ville du monde. Je sais ce que vous allez me dire, je ne suis pas objectif, mais après 23 ans à recevoir des photos et cartes postales des villes du monde entier, je pense avoir un avis définitif sur la question. Maïa Rosenberg c’est ma mère, journaliste internationale, elle dit qu’elle a quitté mon père parce qu’il buvait trop, mais moi je pense qu’elle l’a quitté pour son métier. Elle aime trop voyager, ne jamais rester plus d’un mois dans une ville. Et mon père, Charly Wayans lui… et ben lui il ne supporte pas les voyages, et il boit. Des fois. Donc ma mère s’est tiré quand j’étais petit. Mais elle m’a toujours aimé, c’est ce que disent ses nombreuses lettres en tout cas. Elle ne pouvait pas m’emmener avec elle, et qu’elle me le dise ça me rassurait quand j’étais gosse. Du coup j’ai grandis avec Charly. Il parlait pas beaucoup, mais quand il disait quelque chose c’était toujours intéressant. Il travaillait comme garagiste, et moi j’avais le droit de jouer avec les pièces. Même quand je venais travailler avec lui il ne parlait pas. Du coup j’ai appris à ne pas trop parler. Ou du moins à ne pas parler pour dire n’importe quoi.

Au lycée j’étais plutôt populaire. Les filles m’aimaient bien et je leur rendais bien. Je jouais dans l’équipe de football, j’étais pas le meilleur mais je me débrouillais bien. J’ai toujours aimé le sport, et ce sport particulièrement. Je crois que depuis tout petit j’aime le contact physique, je me suis souvent battu. Et puis j’aime le sexe, ça reste toujours un bon exemple ! J’ai eu ma première fois à l’âge de 14 ans. J’étais débile, et c’était une fille facile. A chier ! Je comprenais pas pourquoi je ne tombais pas amoureux, pourtant j’ai toujours trouvé les femmes belles, mystérieuses et attirantes. Mais aucune ne me faisais vibrer. Sauf au lit, et encore.

Très vite j’ai su que je ne voulais pas faire d’études. Mon père était d’accord, ma mère ne l’était pas. Mon père remporta l’affaire. Donc au lieu d’aller à la fac, je faisais quelques boulots par ci par là. J’aidais mon père la plupart du temps, surtout depuis qu’il avait augmenté la dose de whisky chaque soir. Pompier. Voilà ce que je voulais être. Parce qu’on ne fait pas le pompier, on ne joue pas au pompier, on est un pompier, à part entière. Et c’est ce que je voulais être, sauver des vies, risquer la mienne. Ne pas faire des horaires de fonctionnaires et m’emmerder toute ma vie au boulot. De toute façon j’avais aucun diplôme, mais j’avais un physique. Très entretenu. C’était parti, je passais les concours, je m’entrainais jour et nuit, je vivais pratiquement à la salle de muscu ou à la caserne. Je dormais 4h par jour et je mangeais comme un ogre. Je faisais le sale boulot, je nettoyais les camions, les uniformes, tout. Mais j’aimais ça ! Je me sentais vivant, et puis on m’a fait une offre.
C’était un mardi matin. Je m’en souviens parce que c’est le jour où mon père regardait son émission du mardi à la télé. « T’as du courrier » m’avait-il lancé. Moi je venais de me lever, il était 11h du matin, et je m’étais couché à 7h après une intervention. La lettre expliquait qu’une offre d’emploi comme sapeur pompier m’était proposé à Paris. J’avais rien dis à mon père sur le moment. Il ne m’avait pas non plus demandé ce que disait la lettre. Puis une semaine après je lui annonçais que je partais. « Où ? » m’avait-il dit. « En France, à Paris, ils ont un poste de pompier pour moi. » - « Les français sont des révolutionnaires tu le savais ? Ils ne sont jamais content et proteste tout le temps contre le gouvernement. Mais ils sont vrais, sincères et troublant. Je vais t’acheter une valise viens. » J’ai jamais dis je t’aime à Charly mais ce jour là je le pensais plus que n’importe quel autre jour.

Ca fait un peu plus d’un an que je suis sur Paris aujourd’hui. Je suis sapeur pompier, un des plus jeunes. J’ai 23 ans et je suis gay. C’est un détail, en tout cas j’aime à penser que c’est est un. Il n’y a qu’une personne qui a besoin de le savoir, c’est Kari. Les autres, je m’en suis toujours foutu. Kari c’est mon copain, mon meilleur ami, mon frère. C’est un peu tout je crois, mais il ne le sait pas toujours. C’est à cause où grâce à lui, je ne sais pas, que je sais maintenant que je suis homosexuel. Dans le fond je l’ai toujours su, mais je voulais pas. Aujourd’hui, il est là, donc ça va.

Je ne suis pas un ours. Je ne mords pas (quoi que), mais j’ai toujours été méfiant. Je me laisse pas approcher comme ça. On peut penser que je suis froid, distant. Les vrais savent qui je suis. Je suis Natan.