« Qu’est-ce que tu fous ? T’es pas encore prêt ? » Je levais les yeux vers mon père. Non, je n’étais pas encore prêt. Surtout parce que je n’avais pas envie d’aller à sa conférence débile, pour me retrouver avec tous ces bourgeois coincés. J’avais 14 ans, et je passais la plupart de mon temps dans des soirées remplis de bourge, dans le but de faire croire aux autres que même si ma mère était morte, mon père et moi restions une famille unie, que tout allait bien entre nous. Mensonge. Depuis son départ, c’était l’enfer. Mon père se montrait encore plus distant, plus sévère aussi. Nos rapports, déjà catastrophiques, étaient pires, chose que je croyais impensable avant la mort de ma mère. Ha, si seulement elle était toujours là ! Elle me comprenait, s’occupait de moi mieux que quiconque. La personne la plus aimable et compréhensive sur cette Terre .. Le monde est injuste. Il le serait, ce serait mon père qui serait mort et pas elle. Oui, je sais. C’est cruel de penser comme ça, surtout à mon âge. Mais j’aurais pourtant préféré que ce soit mon père, plutôt que ma mère qui ne décède dans cet accident de voiture. Seulement.. Je ne pouvais changer le cours des choses. « J’ai pas envie d’y aller ! J’m’ennuie là bas ! » Mon père me lança un regard noir, avant de me tirer d’un coup sec sur le bras. « T’as dix minutes. Si t’es pas prêt d’ici là, ça va mal aller. » Je le regardais quelques secondes, un air de défi sur le visage. Air qu’il s’empressa d’effacer, avec une bonne claque.

« Ne le dis surtout pas à ton père.. » lança la jeune blonde, un sourire en coin aux lèvres. Je laissais ma fumée de cigarette s’écraser sur le visage de ma charmante belle-mère. Ouais, mon père s’est remarié, au bout de deux ans environ. Chose peu étonnante, elle était là pour l’argent, je le savais. Sinon, elle n’aurait jamais répondu aux avances que je lui faisais. Et on aurait jamais couché ensemble, si elle aimait réellement mon père. « Tu crois que j’ai envie que mon père sache que j’saute sa meuf ? » Elle soupira. Elle détestait ma façon de parler mais je m’en foutais. Enfin, me taper la femme de mon père pouvait paraitre comme étant un acte détestable .. Et ça l’était. Mais c’était pour tous ces galas auxquels il m’avait forcé à assister. Pour toutes ces baffes qu’il a osé m’offrir lorsque je lui tenais tête. Et puis .. Il me connaissait et par conséquent, il aurait du savoir que ramener ce genre de femme à la maison, c’était risqué avec moi dans les parages. Blonde, canon, avec une poitrine de rêve et des jambes à n’en plus finir .. Elle était parfaite. Ou presque. Enfin bref. Notre manège dura toute une année. C’était assez cool comme relation ; l’interdit, rien de plus excitant ! Si mon père nous surprenait, on risquait gros, et il n’y avait rien de plus bandant que ça. Pour être franc, j’aurais aimé qu’il nous surprenne. J’aurais tant aimé voir sa tête, alors qu’il me surprenait entre les jambes de sa femme, la satisfaisant comme il était incapable de le faire ! C’était une sorte de vengeance, pour tout ce qu’il m’avait fait subir. Sauf que ça n’arriva jamais. Elle prenait toujours ses précautions vis-à-vis de mon père. Alors, j’ai arrêté, parce que je trouvais plus ça aussi marrant qu’au début. Je me suis lassé. C ‘est aussi pour ça que je n’ai pas de relations sérieuses ; je me lasse rapidement. Et je sais que je finirais par vite m’ennuyer si j’étais en couple.

« T’es perdu l’anglais ? » lançais-je, un sourire narquois aux lèvres. Il me lança un regard noir. Je sais, j’étais loin d’être sympa avec lui. Mais j’ai toujours été comme ça, du genre à me foutre de la gueule de tout le monde. Mais avec lui .. C’est pire. C’est pire parce qu’il est différent des autres. Je sais pas comment expliquer ça .. Quand je le vois, j’ai l’irrésistible envie de l’embrasser, le toucher. Jusque là, rien d’étonnant lorsqu’on connait mon goût pour les beaux garçons. Non, le truc étonnant, c’est que mon cœur s’accélérait tout le temps, que j’avais des putains de papillon dans le ventre .. Putain, je l’aimais, ce con. Ouais, moi, Julian Stefan Garrel j’étais amoureux. Chose qui est pourtant improbable, chez moi .. Je m’étais promis de ne jamais tomber amoureux. C’est qu’un attrape couillon l’amour, n’arrêtais-je pas de dire avant. Et voilà que ce petit con arrivait, et qu’il me faisait craquer … C’était aussi pour ça, que je me montrais aussi odieux. Je le détestais, à cause de tout ce qu’il me faisait ressentir. Je le détestais, mais je l’aimais, comme jamais j’avais aimé quelqu’un. Et je savais pas quoi en faire, de tous ces sentiments. Ouais, je lui avais déjà dis. Mais c’était pas pour autant que je voulais qu’on ait une de ces relations de couple monotone, qui finirait par rapidement me lasser .. Non, en fait, je savais pas ce que je voulais. J’étais juste .. Totalement paumé.