Pauline. C'est un prénom comme les autres, qui va bien aux filles comme les autres. Pauline Bea Bourgeois est une fille comme les autres. Elle aime la musique, elle aime manger du pop-corn, et elle prend beaucoup de plaisir à essayer des vêtements. Bref : une adolescente comme toutes celles qu'on croise dans la rue. Mais elle a des choses en plus, qui font qu'elle a sa place dans le monde. Son histoire, pourtant, est loin d'être banale. Laissez-moi vous expliquer, car vous ne devinerez pas tout seul, oh que non.

Il était une fois une petite fille, et j'insiste sur le petite. Une petite fille qui criait, pleurait. Une femme tentait de la calmer, désespérée. Avec les quelques degrés présents dans l'air, il était logique que le bébé se mette à geindre. Mais ce n'est pas pour cette raison qu'elle pleurait. Des larmes creusaient les joues de la femme, mère de l'enfant. Elle lui chantait tant bien que mal une chanson pour l'endormir. Il le fallait. Il fallait à tout prix qu'elle s'endorme. Il était inconcevable qu'elle garde un souvenir des quelques jours suivant sa naissance. La mère culpabilisait. Elle ne pouvait s'empêcher de penser aux inconvénients de ce qu'elle allait faire. Peut-être que son enfant allait mourir de froid. Peut-être qu'elle allait être repêchée par un malfaiteur. Anne Lorimont savait qu'elle allait commettre une erreur, mais si elle voulait que son enfant soit protégé, elle ne pouvait pas le garder avec elle. Avec rancœur, elle déposa le bébé par terre. Refoulant ses larmes, elle posa une main sur sa joue et s'encourut, laissant seul la pauvre petite fille. Elle ne cessait de crier. Mais personne n'était là pour l'entendre. Elle était seule, abandonnée. Sa mère l'avait abandonnée, comme si sa date de péremption était arrivée. La petite n'avait aucune idée de ce qui lui arrivait. Quand elle entendit une sirène de police hurler, elle se remit à crier. Non, elle n'essayait pas d'imiter le bruit qu'elle entendait, mais plutôt de lancer un signal de détresse. La voiture se gara en vitesse, et un homme vêtu d'un uniforme s'empressa de la prendre. Il l'emmitoufla dans une couverture bien chaude. L'enfant avait les yeux grands ouverts, qui le fixaient d'un regard malheureux. Cet agent de police avait pitié de ce bébé abandonné. A l'aide de son collègue, il contacta SOS enfants. L'intérimaire pria de patienter. Et le policier patienta, jusqu'à ce qu'on lui demande de déposer l'enfant au poste de l'association. Il ne revit plus jamais le bébé après ce moment. Celui-ci a vécu bien des choses avant d'obtenir une famille comme les autres. Des dizaines de coups de téléphones pour en arriver à un couple chaleureux, la famille idéale pour la fillette qui n'avait encore que quelques semaines. Beaucoup de complications pour le couple, mais ils finirent par y arriver. Ils la nommèrent Pauline. Un nom qui exprimait parfaitement la petite fille, cette petite fille aux grands yeux roulant partout et aux joues potelées. Leur situation était stable, elle n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé le premier mois de sa vie. Ils fêtèrent ses anniversaires comme celui d'un autre enfant. Ils lui offrirent son premier vélo pour celui de ses 5 ans. A 6 ans, Pauline était si fière d'avoir perdu ses premières dents de lait. Elle était heureuse. Ses parents adoptifs l'étaient également. Ils formaient vraiment la famille parfaite. Quand Pauline fût en âge d'apprendre la vérité sur ce qui lui était arrivé, encore bébé, ses parents lui expliquèrent. L'enfant, très intelligente pour son âge, ne montra aucune réaction. Elle ne faisait que réfléchir. Mais qui était elle ? Elle se demandait qui étaient ses parents, qui l'avait mise au monde. Des pensées un peu incompréhensibles. Elle même ne comprenait pas vraiment ce qu'elle ressentait. Sa vie continuait normalement, sans grandes embûches. Mais elle ne cessait de penser. Elle gardait tout pour elle. Même si elle était très proche de ses parents, elle leur cachait qu'elle se posait autant de questions. Pauline avait vraiment envie de savoir, mais elle ne pouvait pas. Du coup, elle garda ses réflexions dans un coin de sa tête et grandit, comme n'importe quel autre enfant de son âge. Enfin, "enfant" était un petit mot. La jeune fille s'épanouissait. Elle devenait adolescente. Rien ne la différenciait des autres filles de sa classe. Seule son adoption changeait tout. Certains la regardaient étrangement. Ses amies compatissaient, sans vraiment comprendre. Mais Pauline était heureuse. Vraiment heureuse d'avoir été recueillie par d'aussi gentils parents. Ils lui avaient offert une éducation irréprochable. En fin de compte, elle avait une belle vie la jolie Pauline. Elle avait de jolies valeurs que lui avaient inculqué ses parents, et des amies prêtes à tout pour la soutenir. Aujourd'hui, Pauline a 17 ans. A Paris, elle essaye de se fondre dans la masse des adolescents. Elle a de la chance : ses parents lui offrent une liberté sans pareil, et elle a une meilleure amie plus que géniale, Ella Masquero. Toutes deux se sont rencontrées au lycée. Elles ne pouvaient plus sortir l'une sans l'autre, et passaient la plus grosse partie de leur temps ensemble. Une vie offerte sur un plateau d'argent pour Pauline Béa Bourgeois. Mais ce qu'elle a vécu a forgé une jeune femme intelligente. On ne cesse de le répéter, mais Pauline est une fille tellement bien intentionnée. Personne ne lui veut de mal. Pauline, on l'aime ou on ne la connaît pas, mais personne ne peut la détester. En résumé, c'est ça, la vie de Pauline Béa Bourgeois.