Impossible de s’occuper durablement l’esprit. Faustine ne trouvait rien qui parvenait à maintenir son intérêt plus de quelques secondes. Elle était d’humeur changeante et particulièrement exécrable. Il fallait qu’elle trouve à s’occuper et vite, sinon elle allait tout bonnement commettre un meurtre. Et elle en était capable, c’était ça le pire !
Elle n’avait pas envie de mettre le pied dehors, il faisait trop froid, trop moche, il pleuvait des cordes. De quoi la mettre encore plus de mauvaise humeur. Elle ne supportait pas le froid ou le mauvais temps. Elle n’aimait pas le temps gris, ça lui minait le moral. Elle n’aimait que le temps couvert, elle aimait quand la nature était remplie de lumières et de belles couleurs. Les jours pluvieux n’y étaient pas propices du tout.

Ce temps sapait tout, y compris sa créativité. Quand elle s’ennuyait, elle pouvait toujours compter sur la photo pour la divertir. Mais ce temps ne laissait de place à aucunes photos potables. Vêtue d’un banal jean un peu trop grand et d’un débardeur blanc, elle pestait devant son impuissance. Son réflex reposait sur son lit alors qu’elle martelait la vitre de ses poings. C’était quand même impensable de se dire qu’elle pouvait s’ennuyer comme ça ! Elle n’avait absolument rien pour se divertir. Elle s’ennuyait à mourir. Elle ne savait pas quoi faire, ni qui appeler. Elle n’avait pas vraiment envie de voir qui que ce soit à vrai dire. Elle avait juste besoin de s’amuser, de quelque chose de… divertissant, de n’importe quoi à vrai dire. Elle ne faisait que tourner en rond dans cet appartement gigantesque comme une âme en peine, mais c’était elle qui avait besoin de n’importe quoi, y compris torturer quelqu’un. C’est là qu’elle eut une idée de génie : elle avait quelqu’un avec qui jouer, avec qui s’amuser, sa cible favorite, la plus savoureuse : Dante.
Après le remariage, elle avait hérité de membres en plus dans sa famille dont le ténébreux Dante. Il était silencieux, renfermé et terriblement mystérieux. Elle pouvait lire dans ses yeux sans pouvoir vraiment mettre des mots sur ce qu’elle voyait mais cela la fascinait, elle voulait comprendre. Alors elle le taquinait, elle le poussait à bout, il lui arrivait même de lui faire du charme pourvu qu’elle lui faisait perdre les pédales. Il fallait avouer que des rumeurs couraient sur lui à Paris. Les filles aimaient à dire qu’il était plus chaud qu’il en avait l’air, qu’il valait le détour. Cela l’intriguait, elle aimait bien vérifier les choses en général. Mais c’était son « frère », le tenter était encore ce qu’il y avait de plus drôle à faire, tout en ne franchissant jamais les limites.

Elle attrapa son appareil photo et sortit de sa chambre. Où pouvait-il bien être ? Elle le savait à la maison, c’était certain. Mais où exactement ? Pas dans sa chambre visiblement. Dans le salon ? En effet, il était assis dans le canapé. Un sourire malicieux s’imprima sur le visage de la petite blonde. Elle avança à pas feutrés dans la pièce, se glissa derrière le canapé avant de jeter ses bras autour du cou du jeune homme avec un cri.

« Dante ! Tu joues avec moi ? »

C’était tout elle cette attitude enfantine, elle en jouait énormément. Elle était bien plus mature qu’elle ne le laissait paraître mais cela ne regardait qu’elle. Elle aimait laisser croire aux hommes qu’elle était une fragile petite chose qui avait besoin d’eux, mais ce n’était pas nécessairement le cas. Le tout était dans l’illusion, leur laisser croire ce qu’ils voulaient pour pouvoir obtenir ce qu’elle voulait vraiment. La séduction, cet art féminin. Dieu sait qu’Adam était une artiste, dans tous les sens du terme.