« Maman, tu sais, tu devrais faire plus attention car tu te rapproches dangereusement du 3ème âge » dis-je en l'aidant à se relever ; elle venait de se ramasser lamentablement sur les escaliers. Rassurez-vous, elle est loin d'être vielle. C'est juste que j'aime bien la taquiner quelques fois. Ma mère est moi avons un relation vraiment fusionnelle et ça n'est pas peu dire. Je l'admire plus que tout ; elle a fait face à tellement de choses dans sa vie, à commencer par la mort de mon père ... Commençons d'abord par le commencement, ça sera bien plus simple ainsi.
Je suis née le premier novembre 1989 à Doncaster en Angleterre. Mon père était médecin biologiste à l’hôpital de la ville et ma mère travaillait comme secrétaire dans une entreprise. Ma mère était originaire de la France ; elle était venue en Angleterre pour ses études et y était finalement restée. Nous n'avions peut-être pas de gros moyens mais suffisamment de quoi vivre. Mon père me disait souvent « L'argent ne fait pas le bonheur » et il avait bien raison car je n'avais jamais manqué de rien concernant l'amour que me portait mon entourage. Enfin bref, j'étais leur seul enfant, même si parfois je me demande pourquoi ils n'ont pas voulu d'autres enfants. Quoiqu'il en soit, j'ai vécu une adolescence des plus banales entre les cours et les amourettes. J'étais une élève assez moyenne en cours ; les racines carrées, vecteurs et autres ne m’intéressaient vraiment pas. Ce que j'aimais moi, c'était le mannequinat. A chaque fois que j'attendais ma mère au bureau, je lisais les magasines qui s'y trouvaient, m'imaginant à la place de ces filles plus belles les unes que les autres. Seulement, à mes 18 ans, on diagnostiqua à mon père un cancer de stade 3 qui était donc incurable. Chaque jour que je le voyais franchir la porte de la maison pour aller se "soigner", j'appréhendais juste le jour où je ne le verrais plus franchir cette même porte et dire « Je suis de retour ». Et ce jour arriva. Même bien plus tôt que je l'aurais pensé. La période qui s'en suivit n'en fut pas moins dure ; ma mère faisait des efforts considérables pour faire comme si tout était normal mais je savais qu'elle souffrait. Et moi aussi je souffrais. A cela s'ajoutait les factures à payer et le loyer entre autre. On ne s'en sortait plus du tout avec le simple salaire de secrétaire de ma mère. C'est pour cela qu'elle avait décidé qu'on retournerait donc chez elle à Paris. Je n'y avais jamais posé les pieds, je parlais un poquo de français grâce à ma mère, sinon rien du tout. La seule chose qui m'enchantait à l'idée d'y aller, c'était de savoir que j'aurais des multitudes de possibilité sur ce que je voulais faire : le mannequinat. Ce qui nous mena donc jusqu'à ce jour. A présent je suis majeur et ne vis plus avec ma mère. Je travaille en tant que mannequin dans une agence privée de Paris. Ma vie n'a rien d'extraordinaire comme vous avez pu le voir, mais c'est ma vie et je ne l'échangerais pour rien au monde.