De l’innocence à la folie il n’y a qu’un pas, un tout petit pas.

Vous ne me connaissez pas ? Au fond je m’en fous un peu car je suis madame tout le monde et ma vie n’est pas très intéressante. Ah vous voulez en savoir plus ? Bien prenez place que je vous raconte ma petite histoire.

Je suis née dans une famille aisée des États-Unis, petite dernière des sept enfants j’étais bien sûr chouchoutée ; Cadeaux, habits et tout le tralala qui sert pour un bébé, autant le dire mes parents n’ont pas déboursé un sous pour les affaires. Je ne manquais de rien, mes frères adoraient jouer à la nounou avec moi parait-il, j’étais un peu un cadeau du ciel, un rayon de soleil serait plus approprié, toujours souriante et très gazouillante ; Une vraie « Pipelette ». Le temps passait vite, j’avais déjà deux ans, j’essayais de souffler les bougies de mon gâteau clignant des yeux à cause des flashs d’appareils photos, des cadeaux à droite, des cadeaux à gauche, du si joli papier déchiré en moins de deux par mes petites mains menues ; A cet âge-là déjà une petite rebelle, je connaissais très bien le mot non mais pas le oui, je hochais toujours la tête lâchant des non catégoriques et parfois même je piquais des crises, par mesure de sécurité ma famille me laissait pleurer jusqu’à ce que je comprenne que mes larmes de crocodiles ne changeraient rien. J’étais gâtée certes mais je recevais une très bonne éducation et ce, depuis toute petite, on devait bien se comporter, se tenir droits à table et oh mon dieu réciter le bénédicité à chaque repas, tout cela était compliqué à comprendre pour une petite gamine de mon âge ; Pensez-vous qu’à deux ans on sait ce que cela veut dire de rester tranquille sans bouger pendant des repas longs et ennuyeux même si je ne comprenais pas tout.

Quelques années avaient passées j’avais maintenant sept ans et j’étais une petite fille modèle, toujours bien coiffée, bien habillée, très serviable et présentable. J’avais commencé à jouer du piano, je faisais de la danse classique pour faire plaisir à mes parents mais je dois l’avouer j’adorais ça, on était tous passés par là dans la famille et aucun d’entre nous ferait exception à la règle ; Nos parents nous rêvaient artistes, danseurs, chanteurs alors que moi je me voyais suivre un cursus en psychologie dans une grande université d’où je sortirais avec une mention, j’étais très bonne à l’école, tellement bonne que je sautais deux classes d’un coup pour me retrouver à mon niveau. Je pouvais rester des heures le nez dans les bouquins à lire, étudier, j’écrivais même parfois, la vie était belle et simple parfois. Deux ans plus tard mes parents divorçaient et je partais avec ma mère à New-York – C’est ce que je croyais - mes frères restèrent avec mon père car ils étaient déjà grands et aucuns ne voulait partir mais moi non plus, les au revoir furent assez durs, nous pleurions tous dans les bras des uns et des autres, mon déchirement fût total lorsqu’à l’aéroport je vu notre vraie destination ; La France. C’était dans la belle ville de Saint-Tropez que ma mère avait trouvé une petite villa rien que pour nous deux, au départ j’étais perdue ; Je ne connaissais pas la langue, je n’avais aucun ami et ma famille me manquait. Ce fût ainsi durant un mois, pour être sûr de mon état ma mère préférait me faire suivre des cours à domicile pour apprendre la langue avant d’être envoyée dans une école pour filles où je restais plus de six ans avant que je ne déménage à Paris quelques mois avant mes quatorze ans.

Dans la ville des vices et du jeu je reprenais la danse classique en parallèle à mes études, je me refaisais des amis, je commençais à sortir aussi même si ma mère n’aimait pas trop ça, je passais tout de même plus de temps à étudier à la maison qu’à sortir avec les jeunes de mon âge. C’est à cette époque-là que j’ai eu mon premier amour ; Il était mignon, originaire de Cuba il avait un corps de dieu, il s’appelait Eduardo et il avait ce petit accent sud-américain qui faisait craquer les filles. On s’était connus dans le quartier, il y trainait avec ses potes tous les jours pendant les vacances, je sortais avec mes copines et on se retrouvait pour les regarder jouer au basket ; J’avais direct craqué sur lui au premier regard, à la fin de la soirée il avait insisté pour me raccompagner chez moi, ce n’est qu’une fois devant la porte qu’il m’a retenue et embrassée, mon premier baiser. Après tout ça on est sorti ensemble pendant une bonne année, je me rappelle encore avoir fait des jalouses, elles voulaient se l’arracher mais il n’avait d’yeux et d’attention que pour moi, on était au paradis, on se baladait toujours main dans la main, ce qui était bien à cette époque c’est que tous les deux on avait fait vœu de chasteté. Quand il m’a quittée pour son ex j’avais tellement la haine que toutes mes promesses ne faisaient plus foie, j’avais alors près de seize ans quand j’ai vraiment commencé à déconner, ma mère en voyait de toutes les couleurs et tout ça à cause d’un mec, j’ai même eu ma première fois à cette époque avec un mec dont je ne me souvenais pas du tout tellement j’étais à côté de la plaque ; Magnifique les promesses envolées. J’ai été envoyée en cure de désintox par ma mère, au bout de la troisième ça avait fonctionné mais j’avais arrêté les études avec tous mes problèmes, j’étais sous médocs, pire que la drogue ces machins-là, ça me faisait littéralement planer, enfin aucune importance.

J’avais passé trois ans à la maison à délirer, c’est donc à dix-neuf ans que j’avais tenté de reprendre des études mais tout cela était trop dur, je n’arrivais pas à suivre, j’ai alors tout lâché pour me trouver un petit boulot dans un café en tant que serveuse, je travaillais à la demi-journée ce qui me permettait d’aider ma mère à arrondir un peu plus les fins de mois, j’avais arrêté à nouveau la danse pour me concentrer sur mon boulot et surtout pour m’occuper de ma mère qui tombait gravement malade. Deux ans plus tard je perdais la femme qui comptait le plus au monde pour moi, à l’occasion de son enterrement j’avais revu mes frères ; Ils avaient bien changé mais étaient toujours beaux et toujours les même, mon père, lui, n’avait pas répondu présent à l’invitation, comme à tous mes messages, j’étais attristée mais je ne me laissais pas abattre par ça. Par la suite j’ai dû trouver un appartement n’ayant plus trop les moyens de payer une maison, heureusement j’ai volé de petits boulots en petits boulots pour payer le loyer de mon petit deux pièces car dans cette ville rien n’était donné.

Aujourd’hui je vis toujours à Paris dans mon petit appartement et je vole toujours de petits boulots en petits boulots.