Paris me stresse. Voilà c’est dit. J’étais bien tranquille dans mon petit village de la Creuse : pas d’embouteillage, tout est calme, paisible, la belle vie quoi. Enfin, c’était quand un peu ennuyeux par rapport à Paris. Je déteste être en retard, donc la campagne était idéal pour ça ; vous ne verrez jamais un embouteillage entre Saint-Avit-Le-Pauvre, chez moi et Saint-Sulpice-Les-Champs, à moins qu’un tracteur est décidé de bloquer toute la route. Mais à Paris c’est tous les jours comme ça ! Donc pour ne pas stresser je prend le RER et le métro, mais il arrive qu’il y ait des retards.

Là, je suis calme, du moins autant que je peux l’être : je ne suis pas en retard pour le moment, je suis prête, tout va bien. Je regarde deux trois trucs sur mon ordinateur avant de partir. J’ai rendez-vous avec Marie, que je n’ai pas vu depuis un bail ! Elle était en école militaire et j’ai constaté que ça l’a remis sur le droit chemin. Je n’avais rien contre elle avant, juste que je savais qu’elle n’était pas ce qu’elle prétendait. Je pense qu’on se ressemble quelque part, quand j’étais jeune je n’étais pas une sainte, enfin pas au point de me droguer comme Marie, mais disons que je n’étais pas la petite fille sympa et bonne élève. Bon, j’étais bonne élève, et j’aimais bien l’école, mais j’aimais bien aussi énerver les profs et rire tout le temps et pour rien.

J’ai parlé avec Marie par téléphone, elle m’a même envoyé une lettre. J’adore les lettres j’en écrivais beaucoup quand j’étais jeune, n’étant pas né à la préhistoire, ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas de portables et d’ordinateurs, mais car j’aimais bien écrire, et j’aime toujours ça, comme lire. Il m’arrivait d’écrire des lettres de trois pages pour ma meilleure amie ! Le plus drôle restait quand même l’expression écrite en français, à force les professeurs n’en faisaient plus, ils en avaient marre de devoir corriger trois kilomètres de feuilles à chaque fois ! J’ai toujours beaucoup eu d’imagination, à part pendant les périodes difficiles comme le divorce de mes parents quand j’avais douze ans et la mort de mes grands-parents quelques années plus tard, mais c’est normal aussi, quelqu’un qui arrive, malgré ça à avoir des bonnes notes en cours, de l’imagination et de l’inspiration, je dis chapeau !

Mais ce n’est pas le sujet. Je pris mon portable, qui m’a valut une bonne partie de mes économies, mais j’en suis fière ! Et mon sac, avec un bazar montre à l’intérieur. Les hommes ont raisons, chercher quelque chose dans un sac de femme c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. En fait je suis bordélique mais organisé, ce qui est assez bizarre, parce que y’a plein de bazar mais je sais où chaque chose est et va.

J’éteignais mon ordinateur, puis partais mon portable dans la main. Je fermais à clé la porte puis partais en direction du RER. Il n’est pas très loin de chez moi, je n’ai pas besoin de marcher des kilomètres pour y aller. La marche n’est pas vraiment mon truc, je préfère les sports co’. Une fois là-bas, je regardais l’heure et l’heure à laquelle la prochaine rame arrive : il est 13h28 et la prochaine rame arrive dans cinq minutes. Ah non, six, sept, huit, elle arrive dans huit minutes, elle a été retardé, mince ! Je n’ai plus qu’à attendre, j’espère ne pas être en retard. Je lis le journal sur mon portable, histoire de savoir ce qui se passe en ce moment. J’aime bien lire les journaux ou un livre quand je suis dans le métro et le RER et en l’attendant. Je lis un peu tout l’express, le figaro, libé’ et parfois le monde, mais moins, je trouve ça trop ennuyeux !

Ah enfin il est là ! Je continue de lire tout en montant dans la rame ; il y a un peu de monde, mais pas comme aux heures de pointe. Une fois arrivé, je prend le RER pour aller au Jardin des plantes, j’aime bien y aller parfois pour lire ou réfléchir.

Quand j’arrive devant l’entrée, il est quatorze heure, pile, mais le temps que je trouve marie, l’heure sera passer. Mince ! Je ne cours pas sinon je vais avoir l’air d’une grosse gourde, alors je marche normalement. Quand je la vois, je lui fais un sourire, tout comme elle et l’enlace. Je dis alors « salut ! Je vais assez bien et toi ? »

Ma relation avec Marie n’a pas toujours été aussi simple. On ne peut pas dire qu’on se détestait, ce n’était pas ça, enfin peut être que de son côté c’était le cas, mais du mien, pas du tout. Je n’aime pas coller une étiquette sur les gens, toi j’t’aime bien, toi j’t’aime pas et ça ne changera pas ! Si des gens ne m’aime pas, c’est leur choix, mais ce n’est pas dit que ce soit réciproque et puis mon avis à l’égard de certaines personnes peut changer, comme le dit le proverbe « Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. » Mon avis à l’égard de Marie a considérablement changé durant les derniers mois. Avant je savais qu’elle n’était pas aussi « noir » qu’elle le laissait paraître, surtout que Sylvain m’a dit comment elle était avant et j’ai tout de suite su qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, mais n’étant ni psychologue, ni voyante, je ne sus ce que c’était, alors je ne formula aucune hypothèse. Maintenant quand je vois Marie je me dis que c’est la vraie, pas celle que j’ai connu dans ma classe quelques mois auparavant.

J’espère qu’elle n’a pas de rancune à mon égard, car parfois je me rends compte que je n’ai pas été spécialement sympathique avec elle. Mais je suis comme ça, souvent je m’en veux d’ailleurs, mais je ne peux pas changer. Je suis blessante, vexante, cassante et extrêmement franche, quand quelque chose ne va pas, je le dis, que ce soit à ma meilleure amie ou à un parfait inconnu. Les gens qui ne me connaissent pas vraiment m’en veule souvent quand je leur dis par exemple que la tenu qu’ils ont aujourd’hui ne va pas du tout, mais mes amis savent que je suis comme ça alors ils passent l’éponge et je leur en suis d’ailleurs extrêmement reconnaissante.

« Alors dis-moi comment ça se passe au lycée, tu dois être soulagée de ne plus m’avoir dans l’une de tes classes non ? » Ah le lycée ! J’ai toujours des « cas » comme on dit, tout ne peut pas être tout beau tout rose, c’est sur. Mais je fais mes cours, parce qu’après tout je suis payée pour ça ! Je suis très contente, je vais emmener, pour ceux qui le souhaite, une quarantaine d’élèves en Angleterre, ce sera sûrement dans six mois, car pour le moment je n’ai eu que l’autorisation de faire un voyage, il me reste à l’organiser et je peux vous dire que ce n’est pas très simple ; J’en ai déjà fait deux depuis que j’enseigne et ça demande un boulot incroyable ! Je n’ai pas envie de faire un voyage basique avec comme visite big ben, le golden eye, le Tower Bridge et the Tower of London. Sachant que je connais Londres presque comme ma poche, je pourrais faire visiter à mes élèves des lieux méconnus mais splendides !

Je répondis alors « oh bah ça va. Tu sais ce n’est pas toujours facile la vie de prof’. Oh oui c’est vrai que ça me retire un poids énorme ton départ » dis-je en riant. Puis je demandais à mon tour « et toi dans ton école, ça va ? »