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 Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}

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MessageSujet: Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}   Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham} EmptyLun 15 Juil - 1:04

Comment je m’étais retrouvé là, à attendre comme un idiot pendant cinq bonnes minutes ? Franchement, je n’en sais rien. Je me sentais con d’être là. Devant cette porte. A angoisser de tout et de rien. Ouais, j’appréhendais de la revoir, c’est clair. C’était Siham. La seule et unique femme que j’ai aimé. Celle avec qui je pensais finir ma vie. Celle que j’ai haïs pour m’avoir volé Slim aussi. Ouais, je me sentais con d’être là, à attendre anxieux devant cette porte. Je ne voulais plus souffrir. Pourtant, je savais qu’une fois que je taperai contre cette porte et que mon regard se posera sur Siham, un flot de bons souvenirs prendra d’assaut mon cerveau. Et puis à force, peut-être que j’en deviendrais nostalgique et que je finirais par la supplier de me reprendre. Moi, le raté de première. Mais je savais que c’était mort. Déjà en moi il y avait trop de rancune qui avait fini par noircir le tableau haut en couleur de mes souvenirs. Je n’étais pas capable de pardonner. Pardonner, c’était donner la possibilité à l’autre de te poignarder dans le dos une fois de plus. Et si tu penses que t’es trop con de penser ça, c’est que t’as pas compris que la souffrance est une chose peut-être donnée plusieurs fois. C’est comme l’ivresse. Quand tu te prends une grosse cuite, tu te jures de ne plus recommencer, ne serait-ce que pour éviter de gerber le peu de dignité qui te reste le lendemain matin dans la cuvette des chiottes. Pourtant, il suffira d’une fois où tu te sentiras pas bien pour réitérer l’expérience encore une fois. Juste comme ça. Et bien faire du mal, c’était pareil. Siham avait beau me dire qu’elle regrettait, je savais que le jour où Slim l’abandonnera encore une fois, c’est dans mes bras qu’elle viendra chialer. Encore une fois.

Mais je me trouvais bien devant la porte de chez elle pourtant. A attendre. Quoi, je me le demandais. Mais j’attendais. Je pesais le pour et le contre. Est-ce que ça en valait la peine tout ça ? De côtoyer Siham. Peut-être qu’il fallait faire comme avec Slim : tirer un trait dessus une bonne fois pour toutes. Après tout, c’est bien ce qu’elle a fait avec toi Ducon. Elle t’a tourné le dos alors que tu lui avais offert ton cœur. Ouais, même moi je m’étais fait entuber par l’amour. Même moi… Mais c’était fini tout ça. J’avais trouvé une autre partenaire, beaucoup moins bavarde et chiante, beaucoup plus réconfortante. Beaucoup plus destructrice aussi. Elle m’emmener petit à petit vers le fond. Elle était attractive et très addictive, seulement elle était la seule capable de me faire tout oublier, jusqu’à mon nom, le temps de quelques heures. Une bouteille d’alcool et la vie me souriait enfin. Plus de Slim. Plus de Siham. Plus de solitude. Juste moi et un monde plus supportable. Plus rigolo parfois aussi. Paradis artificiel.

Ce soir, je devrais m’en passer toutefois. Du moins, le temps où je serai enfermé dans cet appartement. Je me mettais rarement minable en compagnie de quelqu’un. Plus maintenant en tout cas. J’avais besoin d’être seul pour apprécier la chose. Donc ce soir, ce sera soirée raisonnable. Siham avait assez à se préoccuper entre son marmot et ses hormones déglinguées de femme enceinte. Pas besoin d’ajouter à la liste un alcoolo en plein bad.

J’avais passé la journée à me demander si je devais passer les mains vides ou pas. Si je devais prendre un petit quelque chose pour Sohan. J’imaginais aussi sa petite bouille. Il a devait être grand maintenant. Siham m’a très gentiment rappelé qu’il ne se souvenait plus de moi. Ça m’avait fait mal sur le coup, parce que c’est moi qui changeait ses couches et qui lui filait le biberon à trois heures du matin il n’y a pas si longtemps que ça. Mais bon, c’était comme ça. C’était la vie. Puis ça se saurait si je marquais les esprits.

Finalement, j’avais opté pour une bouteille de champagne sans alcool et un petit robot. Et puis dans un élan de je ne sais quoi, j’ai fini par taper à la porte. J’étais vraiment con.

« Rêve pas, Siham. Si je suis là, c’est à cause de ma connerie légendaire. C’est tout. »
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MessageSujet: Re: Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}   Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham} EmptyMar 16 Juil - 3:16

« T'as l'air triste. » Sous-entendu : t'as les yeux bouffis, t'es décoiffée et ton maquillage a coulé, fais quelque chose. C'était mignon, cette courtoisie enfantine. Soan avait beau n'avoir que trois ans, sa perspicacité, elle, était beaucoup plus avancée que celle d'un enfant de son âge. Ca lui arrivait souvent de mettre fin à ses jeux pour se poser et observer ce qu'il se passait autour de lui afin de mettre le doigt sur des détails insignifiants à commenter. Enfin ça, c'est quand il n'était pas occupé à poser des questions stupides et qui demeuraient sans réponse, du genre qui a accroché les étoiles dans le ciel ? J'avais peut-être mon master en médecine vétérinaire en poche, il m'arrivait fréquemment de me retrouver conne à bégayer en essayant de lui donner une explication plausible. Dans ce genre de situation, je regrettais de ne pas avoir hérité de l'imagination sans limites de Curtiss Sr. « Tu te fais des idées Soan. C'est pas ma faute si le film est émouvant. » Je devais être la seule femme à chialer toutes les larmes de son corps devant les Visiteurs. La montagne de mouchoirs usagés au sommet de laquelle je trônais n'avait fait que grimper en altitude depuis le début du film. Si ça continuait comme ça, j'aurais bientôt la mer à domicile. C'est que le cocktail hormones de grossesse/divorce était en train de me transformer en véritable Madeleine. Je devais faire peine à voir, avachie dans mon canapé à racler le fond de mon pot ben & jerry's comme si ça faisait des années que j'en avais plus mangé. Si j'avais eu le choix, ce n'était pas à la petite cuillère que je l'aurais attaquée, mais à la pelle de plage, quitte à rester dans le thème marin. Je m'imaginais Slim, arrivant contre vent et marée pour toquer à ma porte et … « Maman, quelqu'un a frappé. » Traversée par la désagréable impression que quelqu'un était en train de fouiller dans mes pensées, je dressais une barrière mentale, comme dans les films. On est jamais trop prudente. Ca devait probablement être le sex friend de la voisine qui s'était encore trompé de porte. Mais c'était pas sa faute, au bougre, si j'avais pas pensé à traduire le nom qui figurait sur ma porte en wesh wesh pour lui faire comprendre qu'il faisait erreur.

« Rêve pas, Siham. Si je suis là, c’est à cause de ma connerie légendaire. C’est tout. » Oh t'inquiète pas pour ça, je suis bel et bien éveillée. Si j'avais été dans un rêve, ce n'est très certainement pas sur toi que j'aurais ouvert cette putain de porte. Mais ça je me gardai bien de lui dire. « Ah, ce n'est que toi. » Afin d'éviter de me frotter à sa susceptibilité, je lui assénai une légère tape sur la joue pour lui faire comprendre que je déconnais. Ca me faisait plaisir de le voir. C'est que mine de rien, sa tête de con m'avait manquée. Tout en lui dérobant la bouteille de champagne qu'il tenait entre ses mots, je lui désignai le robot d'un coup de tête. « Si tu te donnais autant de mal à chaque fois que t'es con, je devrais faire construire une pièce spéciale pour stocker tous tes cadeaux. » Je pouvais pas m'empêcher de lui lancer une armée de boutades à la face à chaque fois que l'on se retrouvait dans la même pièce. C'était plus fort que moi, un truc qui me dépassait. «  C'est ta connerie naturelle qui t'amène, ou une connerie en particulier ? Je veux tout savoir. » C'est ce moment que choisit Soan pour sortir de l'ombre. Plissant les yeux, il observa Sid sous toutes ses coutures avant de me tirer la manche, signe qu'il avait une question à poser. « C'est le monsieur des photos ? » Le gamin faisait référence aux quelques clichés immortalisant Soan sur les genoux de Sid dont je n'avais pu me défaire. Mine de rien, même s'il n'en avait gardé aucun souvenir, cela restait une étape cruciale de la vie de mon fils. L'ironie voulait que je n'ai aucune photo de Soan en compagnie de Slim. Peut-être parce que c'était un truc de famille parfaite. Ce genre de famille que l'on juge soudée au premier coup d'œil alors qu'il n'en est rien. Pour avoir une illustration proche de la réalité, il aurait fallu qu'on se place tous les droits face à un miroir brisé. C'était à ça que ressemblait désormais la famille Curtiss. Je jetai un bref coup d'œil à mon fils avant d'acquiescer. Satisfait de ses performances mnésiques, il décocha un grand sourire à notre hôtre. « Dans ce cas, bonjour, monsieur des photos. » Je roulai des yeux en guise de réponse à la débilité puérile de Soan avant d'attraper Sid par le bras et le tirer de force à l'intérieur. C'est que nos histoires ne regardaient pas mes voisins de palier. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, je finis par le lâcher.  « Fais comme chez toi. Mais oublie pas que t'es chez moi. » Hospitalière que j'étais, j'ajoutais d'une voix moqueuse. « Si t'as besoin de rien, tu me fais signe. »
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MessageSujet: Re: Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}   Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham} EmptyJeu 18 Juil - 0:27

Faire semblant, voilà un concept qui m’échappait totalement. Enfin non, quand il y avait un quelconque intérêt derrière, je savais faire l’hypocrite. Comme tout le monde quoi. Mais fallait qu’il y ait un intérêt vraiment très intéressant à la clé. En l’occurrence, avec Siham, il n’y en avait absolument pas. Ce n’était pas mon amie, juste une relique du passé que mon inconscient refusait d’effacer. A défaut d’avoir un présent et un futur empli d’espoir, je préférais me raccrocher à un truc agréable du passé, sans trop me remémorer que je m’étais joliment fait avoir. Ceci expliquerait ma venue. Pourtant, les sentiments agréables s’étaient fait la belle depuis un moment alors je crois qu’il y avait une part de sadomasochisme en moi sinon, pourquoi je me pointerais chez la future ex-femme de mon ex-pote qui est elle-même mon ex-copine qui s’était servie de moi pour mieux me jeter ? A cet instant précis, je venais de m’auto dégouter à un tel point que je regrettais d’avoir tapé à la porte. Sid, t’es vraiment trop con.

De toute façon, c’était déjà trop tard pour moi. Siham ouvra la porte avant même que je me décide à dégager de là. Dommage pour moi. En plus, la situation était franchement désagréable. Primo, vu les yeux gonflés et injectés de sang de Siham, elle était en train de chialer comme une madeleine – et c’était pas trop mon kiffe de m’occuper de nénettes en détresse, déjà que j’arrivais pas à me sauver moi-même… - et deuxio, la blague du « ce n’est que toi » n’est pas du tout passé. Je sentais bien qu’il y avait une part de vrai là-dedans. J’aurais pu ne pas relever. J’aurais pu.

« Ouais, ce n’est que moi, Siham. Mais je peux repartir, y a pas de souci. »

J’ai dit ça d’un ton amer. J’étais amer. C’était elle qui m’avait lourdement insisté à venir chez elle et j’avais droit à un accueil de merde. J’étais à deux doigts de me barrer pour de bon. De part cette simple remarque de sa part, j’avais plus envie d’être là. Plus du tout. Puis après, tout s’est passé relativement rapidement. Sohan a rappliqué et a demandé qui j’étais. Si je m’étais écouté, je lui aurais répondu « le connard de service, ou le pigeon de ta mère, je ne sais pas trop », mais j’ai rien dit. A quoi bon l’ouvrir ? Tout ce qui sortait de ma bouche s’évaporait immédiatement dans l’air, sans que personne n’y prête une quelconque attention. Autant me la fermer directement. Ça m’évitera de gaspiller ma salive. Le mioche a parlé de photos, je n’ai pas tellement cherché à comprendre. Tout ça me passait bien au-dessus de la tête maintenant. J’étais passé par pure courtoisie. Je ne comptais pas réitérer la chose. Donc je me contentai de répondre au gosse par un sourire mi- gêné, mi- forcé tandis que Siham me tira par le bras pour me faire entrer chez elle. J’ai eu droit à une autre blague de son cru.

« T’inquiète pas, j’ai fait cette erreur une fois et j’ai bien retenu la leçon. »

Je n’étais pas là pour faire le miséreux, mais ce qu’elle m’avait fait me faisait encore souffrir. C’était certainement dû à ma rancune tenace, mais je n’y pouvais rien. C’était comme ça. Et puis elle n’avait pas souffert dans l’histoire. D’un côté, j’étais bien content que Slim la malmène. C’était une sorte compensation pour moi. Elle souffrait et je m’en frottais les mains.

On s’est tous dirigés dans le salon où trônaient un amas de mouchoirs usagés et un gros pot de glace vide. Ça sentait la mauvaise soirée en perspective. Une Siham enceinte et contrariée n’était pas la meilleure compagnie qu’il soit. J’allai devoir faire gaffe au moindre mot que je daignerai prononcer si je voulais finir la soirée en un seul morceau. Joie.

« Je te demande pas si ça va. Dis-je après m’être assis dans le canapé, désignant d’un signe de la tête le bordel ambiant de la ménagère triste. »

Je ne vais pas dire que la situation me paraissait normale et que j’étais comme un poisson dans l’eau. Ce serait un gros mensonge. En toute franchise, la seule chose que je voulais, c’était faire ma bonne action à la con en l'écoutant geindre au sujet de l'infâme Slim pour ensuite retourner à mes occupations de pauvre SDF sans intérêt que j’étais.
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MessageSujet: Re: Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}   Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham} EmptyJeu 18 Juil - 16:47

« Ouais, ce n’est que moi, Siham. Mais je peux repartir, y a pas de souci. » Je levais les yeux au ciel à cette réflexion. Sid avait toujours eu cette fâcheuse tendance à prendre tout ce qu’on lui disait au premier degré. Un éternel pince sans rire. L’homme qui se tenait en face de moi était en rupture totale avec celui que j’avais connu. Pourtant, je n’avais pas rêvé la bonne humeur qui l’animait autrefois. Malheureusement, cette dernière n’était plus qu’un fantôme du passé qui flottait derrière lui. Je croisais les doigts pour qu’elle revienne le hanter à l’occasion. Personnellement, le voir pendre la gueule ne me faisait ni chaud ni froid. J’avais connu plus grincheux que lui. Quand quelque chose n’allait pas comme il le voulait, Slim passait sa vie à ronchonner dans le vent, comme un vieux. Plus d’une fois, l’envie de l’envoyer en maison de retraite m’avait effleurée l’esprit. Bref, tout ça pour dire que j’avais toujours réussi à réfréner mes envies de meurtre. Ce que je n’appréciais pas, c’était que Sid ignore à moitié Soan. Il pouvait me trainer dans la boue, me cracher à la gueule autant qu’il le voulait mais je n’admettais pas qu’il mêle le petit à nos histoires. Il n’avait absolument rien à voir dans cette guerre stupide que nous menions. C’est pourquoi je décidai de l’écarter du front de la bataille en l’envoyant se coucher. Je ne voulais pas qu’il garde une mauvaise image de Sid juste parce que ce dernier était incapable de se comporter en adulte civilisé. Quand la porte de sa chambre se referma derrière lui, je m’adressai à l’intéressé d’un ton qui se voulait cassant. « Tu sais, il y peut rien si sa mère est une connasse. » Une connasse, ouais. C’était à cette catégorie de personnes que j’étais associée, dans l’esprit de Sid. Il était persuadé que je l’avais utilisé à mes fins. Et il se trompait sur toute la ligne. Généralement, les gens dont on se sert sont ceux pour lesquels on ne ressent rien. Une absence de sentiments, le vide, le néant.  Ceux dont le regard nous importe peu. Ce n’était pas mon cas. Ouais, j’avais aimé Sid. Le problème c’est que j’avais fermé les yeux sur ce que je pouvais bien éprouver à son égard, par soucis de conscience morale. C’était tout naturellement que je me dirigeais vers lui quand les choses dérapaient avec Slim, parce que je savais qu’il serait là, quoiqu’il arrive. A longueur de temps, la balance de mon cœur penchait en faveur de l’un d’entre eux. Et à chaque fois, une masse supplémentaire se rajoutait de l’autre côté, venant rééquilibrer le tout. Seulement, Slim était là avant. Slim était le père de mon enfant. Premier arrivé, premier servi, comme on dit si bien.

« T’inquiète pas, j’ai fait cette erreur une fois et j’ai bien retenu la leçon. » Complétement blasée par ses propos, je me laissai tomber à côté de lui. Quelque chose me disait que j’allais devoir marcher sur des œufs si je ne voulais pas le voir s’en aller. Avec chance, je pourrais même récupérer un morceau de coquille et lui enfoncer sur le crâne pour qu’il puisse jouer son rôle de Caliméro à fond. « Faut que t’arrêtes de voir le mal dans tout ce que je dis, c’est franchement usant. » Surtout quand on savait que je n’étais pas du genre à surveiller mes mots. J’étais plutôt spontanée comme meuf. C’était pas spécialement le bon plan, surtout sachant que Sid était avant tout le mec le plus rancunier que je connaisse, doublé d’un incorrigible paranoïaque. « Je te demande pas si ça va. » Cette remarque lourde de sous-entendus eut le don de m’éreinter un peu plus. « Pourquoi ? T’as peur que je fonde en larmes dans tes bras et que je me serve de ta chemise comme kleenex ? C’est à ça que tu t’attendais ? » Pour ta gouverne, Sid O’Leary, j’ai pas besoin de toi pour ça. Je peux très bien le faire toute seule. « Le monde ne s’arrête pas de tourner parce que Slim Curtiss a décidé que Siham n’était plus assez bien pour lui. Je suis peut-être blonde, mais ça m’empêche pas d’être réaliste. » Puis tout comme lui, j’avais retenu ma leçon. Je m’étais peut-être laissée aller plusieurs fois en sa présence, mais on ne m’y reprendrait plus. « Tu dois jubiler, hein ? Mais te gêne pas, vas-y. Laisse exploser ta joie. Dis-moi que j’ai que ce que je mérite, que c’est le karma qui me revient à la gueule. Parce que tu sais quoi ? T’as raison, Sid. » Voilà. C’était dit. Je n’avais pas dans l’intention de reconnaitre mes tords, mais c’était sorti tout seul, comme si mes lèvres avaient été enduites de lubrifiant. « De toute façon, t’es pas là pour parler de lui. D’ailleurs je parie que tu sais même pas pourquoi t’es là. Mais t’es là, c’est ce qui compte. » C’est ça, rattrape-toi Siham. A ses yeux, je devais ressembler à un pêcheur qui agitait son hameçon juste sous son nez en attendant qu’il morde. « Tu comptes rester éternellement sur tes gardes ou on va pouvoir discuter calmement ? » Parce que c’est vrai, y a assez de sujets de conversation pour éviter de mentionner le nom de mon ex-mari, non ? Puis j’ai pas vraiment envie que mon appartement vire au mur des lamentations, de toute façon.
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MessageSujet: Re: Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham}   Rancune : une maladie qui ne pardonne pas. {Siham} EmptyMar 23 Juil - 3:04

L’ambiance n’était absolument pas au beau fixe. La tension était rapidement devenue électrique et, quand bien même je ne savais toujours pas la raison de ma venue, je n’avais guère l’envie de me battre. OK, mon comportement faisait certainement penser le contraire mais… Je ne suis pas quelqu’un de tout blanc ou tout noir. Rien n’est clair dans mon esprit. Tout est flou. Constamment. Alors ouais, je voulais clairement faire comprendre à Siham que j’étais en colère contre elle. Pas suffisamment pour perdre la tête et être un connard qui oserait lever la main sur une femme, mais suffisamment pour me rendre malade. J’en étais devenu malade de cette histoire. Malade d’avoir tout donné pour rien. Malade d’être revenu pour rien. Malade d’être là où je ne devrais pas être. Je ne voulais qu’une seule chose à présent : la paix. J’étais épuisé de tout ça, de me battre contre mes sentiments qui me détruisent à chacun de leur passage. Je ne voulais plus de ça. Etre posé et serein. C’est ça que j’espérais tout en sachant que ça n’arriverait jamais.  

Je n’ai pas tellement apprécié la remarque sur le mioche. Je n’y pouvais rien si je n’avais rien à lui dire. Je ne dis pas qu’il avait sa part de responsabilité dans tout ce merdier – j’étais con mais tout de même – mais je ne pouvais pas faire comme si tout allait bien. Ce gosse, je m’en suis occupé comme mon propre fils. Je l’ai aimé comme la prunelle de mes yeux. Je l’ai vu grandir jour après jour. Tout ça pour quoi ? Pour que Siham me l’arrache, sans aucun état d’âme. C’est son fils, j’en conviens. Mais du moment où je m’en suis occupé comme la chair de ma chair, je pensais avoir mon mot à dire, même si cet enfant ne partageait rien de génétique avec moi. J’avais construit un lien avec, et lui a eu la chance d’oublier. De m’oublier. Mais pas moi. Quand je l’ai vu, ça m’a assommé. Il était tellement grand que ça me faisait prendre conscience de l’énorme lapse de temps qui s’est écoulé depuis que Siham m’a largué. Contrairement à ce qu’elle pourrait penser, il n’y avait pas qu’une question de fierté dans toute cette histoire. Il y avait moi et mes sentiments qu’elle n’a jamais daigné prendre en compte. Et ça, c’était impardonnable. Même si je l’aimais comme un fou. Elle ne me rendait pas la pareille. C’était l’illustration même de ce qu’elle ressentait pour moi : rien du tout. Mais je n’ai pas répondu à sa remarque. Pas de conflits vains ce soir.

Mais je devais être le seul à être dans cette optique-là. Siham est parti au quart de tour suite à ma réflexion, lourde de sens certes mais qui, à mon avis, ne valait pas tout ce pétage de plomb. J’étais parti pour écouter la longue tirade qui allait m’accabler de je ne sais quel défaut ou erreur. Franchement, je trouvais son comportement plutôt scandaleux, tant sur la forme que sur le fond. Elle n’avait pas le droit de faire un quelconque scandale. Elle était fautive sur toute la ligne. Elle avait fait le mauvais choix en se mettant avec Slim, elle m’avait utilisé quand il l’a abandonné comme une merde et madame n’était pas contente que je lui fasse la gueule. Mais à quoi s’attendait-elle ? A ce que je lui fasse l’amour comme avant ? Que je la supplie de bien vouloir me reprendre ? Je ne comprenais absolument pas où elle voulait en venir et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai cessé de l’écouter.

Bon, y a eu une autre raison qui m’a poussé à fermer mes oreilles. Une raison bien plus grave à mes yeux. Dans le fond, je fichais bien de ce que pouvait penser de moi, Siham. Assis à ses côtés, je n’éprouvais rien de plus qu’une vague tristesse, avec une pointe de nostalgie tout au plus. Mais il n’y avait plus rien d’heureux. L’espoir était définitivement mort. Il y avait Slim. Il y a toujours Slim. Slim, ce mec qui était prioritaire sur tout. Alors la place de vulgaire second, j’y renonçais sans aucun problème. Il y avait de quoi être lassé d’être la roue de secours d’une bagnole qu’on utilise qu’en cas de gros pépin. Même si je me sentais pas de le faire actuellement, je voulais me poser pour de vraie. Baigner d’amour et tout ça. Faut pas croire mais je suis un grand sensible. Un grand sensible qui noie ce qu’il est derrière de la merde, pour éviter d’être brisé. Ouais, quand j’ose dévoiler cette partie de moi, y a une Siham pour m’anéantir.
Bref, le truc à retenir c’était que je venais de prendre conscience que le chapitre Siham était en passe d’être tournée. En passe seulement parce qu’il y avait quelque chose qui m’embêtait vraiment.

Mon regard qui se baladait dans toute la pièce vint à s’accrocher à quelque chose des plus déstabilisantes. Je comprenais à présent le délire de « l’homme sur les photos » du mioche. Des photos de moi avec le gamin, pendant la période « happy fake familiy », trônaient sur un meuble du salon. Ça m’écœurait, me flattait et m’énervait au plus profond de mes entrailles. Comment osait-elle faire ça, sans même me demander mon avis ? Elle s’était barrée sans même me prendre en compte, mais c’était une autre chose de laisser des photos de moi chez elle. Je n’étais pas d’accord pour qu’elle utilise mon image pour une raison quelconque. Elle n’avait pas le droit de combler du vide en placardant ma gueule dans son salon. Ce n’était que quelques photos, mais il fallait qu’elle assume ce qu’elle avait fait : me rayer de sa vie. J’étais devenu monsieur personne, alors qu’elle agisse en conséquence.

C’est alors que je me levai sans dire mot, sans même faire attention à mon interlocutrice qui n’avait certainement pas fini de vider son sac, en direction de fameuses photos. Je les ai délicatement sorties de leur cadre. Je ne pus m’empêcher de sourire, non sans amertume, à la vue des clichés. Je souriais à l’époque, c’était dingue. Tout ça datait d’un bon siècle au moins. J’ai sorti mon briquet de ma poche et j’approchai la flamme de ces souvenirs qui ne méritent rien d’autres que croupir dans l’abime de l’oubli. Plus jamais ça. Je ne veux plus jamais souffrir comme ça me suis-je promis. C’était un peu un énième pacte avec moi-même. Ce même pacte que j’avais conclu quand le train du bonheur s’est brusquement arrêté.

« Je n’ai jamais fait partie ni de ta vie, ni de celle du mioche. Alors oublie-moi, d’accord ? Dis-je sans même prendre la peine de me tourner vers Siham. »

Trop obnubilé par les flammes, par l’aisance avec laquelle les images disparaissaient, j’espérai secrètement que mes maux s’envolent dans le même instant.  
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