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 Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir.

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MessageSujet: Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir.   Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir. EmptyVen 7 Sep - 14:38




La nuit. La fin de service. Le vide. Un bâillement. Les doigts fripés. La vaisselle filent entre tes mains humides. Ton corps hurle de fatigue. Tes yeux menacent de se fermer. Tes jambes faibles tremblent. Tu tiens à peine debout. Mécaniquement, tu poses la dernière assiette propre. Un bâillement. Un étirement. Un frêle bonsoir s'extirpe de tes lèvres. Tes collègues te souhaitent une bonne nuit. Une bonne route. Pas de longues discussions ce soir. Tu t'empresses de sortir. La chaleur du restaurant t'abandonne à la fraicheur du crépuscule. Tu te laisses envelopper par ce froid parisien. Le vent rosie tes joues pâles. Ébouriffe ta crinière sombre. Réveille ton cerveau. Tu fouilles dans ton sac. Tu cherches tes clés. Le contact métallique tarde. Tu as encore foutu ton trousseau au fond. Un discret juron siffle. Ton porte-feuille, des stylos, des tickets de caisse, ton portable, tous te parviennent. Mais pas ton porte-clé. Tes opales vitreuses se lèvent. Ton vélo t'attend, cadenassé, comme chaque soir au même réverbère. Mais aujourd'hui, il n'est pas seul. Une silhouette élancée l'accompagne. Tu ignores si elle patientait pour te voir, ou si elle s'est simplement arrêtée en t'apercevant. Les lumières de l'avenue illumine son minois délicat. Ses traits fins. Cette poupée avec qui tu as couché un soir. Qui n'a plus donné de nouvelle. A qui tu n'en as pas donné. Tu n'es plus du genre à t'éprendre en une nuit. En quelques fêtes. Où tu as finalement arrêtée d'y aller. Louise ne t'as plus invité de toute façon. A peine sortie de l'enfance, encore fragile, ta plus jeune conquête ne représente pas grand chose à tes yeux. Tu as préféré laisser cette courte histoire s'éteindre. Son souvenir ne s'est pourtant pas effacé. Son image n'est pas encrée en toi. Mais tu remets facilement un nom sur son visage. Tu l'associes rapidement avec la nuit qui caractérise votre relation. Éphémère et bancale. Pas magique. Mais agréable quand même. Tu ne sais plus à combien de temps remonte cette soirée. Un, deux ou trois ans ? Tu étais déjà étudiante au Cours Florent. Tu travaillais déjà au restaurant derrière toi. Tu avais sans doute déjà vingt ans. « Naïs ! Je ne pensais pas te revoir un jour. » Tu hésites. Tu ne sais pas si tu dois l'inviter à venir chez toi. Elle pourrait mal l'interpréter. En même temps, finir la soirée comme celle où tu l'as vu pour la dernière fois ne te gênerai pas. Mais tu préfères taire ton invitation. Peut-être que cette rencontre ne va pas s'éterniser. « Que fais-tu ici toute seule si tard ? »
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MessageSujet: Re: Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir.   Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir. EmptySam 8 Sep - 17:01

Celestine & Naïs
La nuit. C’est toujours vers 23 heures que je sors, puis j’arpente les rues à la recherche de quelque chose qui pourrait me plaire, un ciné avec des séances nocturnes, un bar bien ambiancé, ou même le son d’une soirée dans laquelle je pourrais taper l’incruste. Tout est bon quand je sors le soir, et parfois je me contente juste de marcher les mains dans les poches pour pouvoir profiter du calme de la nuit, sa fraîcheur et son absence de monde. C’est toujours ainsi, la journée c’est les cours et le travail et la nuit c’est dehors. J’aime la nuit, j’y vis. Je marche depuis une bonne heure maintenant, je n’ai encore rien trouvé à faire, j’ai pris une ligne de métro au hasard et me voilà là, quelque part à traîner des pieds. Je recherche des yeux un bar-tabac, j’ai pas pris de clope en partant, ça m’fait chier. Et y’a rien d’ouvert, moi qui avait entendu dire qu’ici c’était jamais fermé avant minuit, je crois bien que tout ça c’était que des mytho, tout ce qui me reste à faire c’est de trouver un de ces foutu distributeurs de cigarette, ou alors de croiser un mec, battre des cils et lui demander c’que j’veux. Demande qui s’fait jamais sans compensation passé une certaine heure, et qui donc avec mon refus se termine toujours mal. Fait chier. Les mains dans les poches, je finis par donner un coup d’pieds dans un caillou qui vient à rebondir contre le mur d’un restaurant. C’est bien ma veine de balancer des choses sur des établissements ouvert et à l’intérieur desquelles il y’ait encore du monde. J’regarde l’heure. Non, là c’est fermé. Enfin je distingue une nana à travers la vitrine qui remet tout en place. Elle ne m’a pas entendu. Tant mieux. J’ai pas besoin d’avoir de problème. Puis, en jetant un dernier coup d’œil avant d’repartir. Je réalise que je la connais. C’est un vieux souvenir maintenant. C’est comme tomber sur un vieux jouet perdu. On a qu’une envie, s’en servir à nouveau. Enfin c’est métaphorique bien sûr ce que je dis, j’ai pas l’intention de me servir de qui que ce soit, mais le sentiment est là. Ce dont j’ai envie, c’est juste de me rappeler à son souvenir. L’envie de la fixer qui me prenait autrefois n’est pas parti, c’est dingue comme une personne qu’on a pas vu en plus de deux ans peut toujours vous faire le même effet, le même que vot’ancien jouet préféré. Elle ne devrait pas tarder à sortir, j’peux attendre. Juste à côté, il y’a un réverbère contre lequel je m’adosse. Si j’avais une cigarette, ça aurait été plus simple. Le temps commence à m’sembler long, mais au pire j’entrerais si ça m’soule trop. Dès que j’ai pris cette décision je vois les lumière s’éteindre et Célestine sortir. Alors un sourire se trace sur mon visage, je la regarde s’énerver sur son sac, j’sais même pas si elle a calculé que j’l’observe. J’aurais qu’à attendre qu’elle lève la tête, qu’elle me replace dans l’contexte, puis si elle m’demande qui j’suis, je joue l’inconnu qui cherche à taper une sèche. J’vais pas non plus m’aplatir pour lui rappeler une vieille nuit, et notamment le fait que j’ai grillé à vie son amitié avec Louise. J’suis pas demeuré à ce point-là. « Naïs ! Je ne pensais pas te revoir un jour. » Elle m’regarde, se souvient de moi et j’souris un peu plus. « Moi non plus. J’passais pas hasard et je t’ai vu alors j’ai attendu. » Je réponds avant de me redresser et d’faire un pas. « Alors tu travaille là ? C’est bien ? Ca doit être hard d’finir à s’t’heure. » J’ai presque l’impression de la harceler avec mes questions, mais j’ai toujours été bavarde et curieuse. Donc bon, rien d’surprenant. Je me retourne vers elle alors que j’m’étais avancer pour zieuter l’restau. « Que fais-tu ici toute seule si tard ? » J’hausse les épaules. « Je me promène. Il est trop tôt pour que je dorme alors je sors. D’ailleurs t’aurais pas une clope par hasard ? juste par hasard, j’me rappelle pas qu’tu fume mais des fois que ça t’sois venu avec les années. D’ailleurs tu vas bien depuis ? » Depuis que les gens l’ont boycotté par solidarité avec Louise, par ma faute en gros. Mais y’a des fois, on commence à réaliser c’qu’on a fait quand on voit les conséquences
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MessageSujet: Re: Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir.   Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir. EmptyJeu 13 Sep - 20:40


« Alors tu travaille là ? C’est bien ? Ça doit être hard d’finir à s’t’heure. » Hard. C'est le mot. « C'est un travail comme un autre tu sais. » Crevant. Parfois chiant. Tu ne t'y amuses pas tous les soirs. Mais ça te permet de vivre. Tu n'en demandes pas plus. En cours ou sur scène toute la journée, seul un emploi de nuit te convenait. Ce restaurant n'est pas trop loin de chez toi. Alors tu n'oses pas t'en plaindre. C'est ta dernière année au cours Florent. Du moins tu l'espères. Tu lâcheras enfin ce boulot. Pour devenir comédienne. Pour suivre ton rêve et vivre sur les planches. Et abandonner l'espace d'un instant ta vie insignifiante. La Célestine inintéressante. Pour être quelqu'un d'autre. Pour jouer. Faut croire que c'est ce que tu sais faire de mieux. « Je me promène. Il est trop tôt pour que je dorme alors je sors. D’ailleurs t’aurais pas une clope par hasard ? Juste par hasard, j’me rappelle pas qu’tu fumes mais des fois que ça t’sois venu avec les années. » « Non, ça n'est pas venu avec les années. » Au moins elle se souvient un peu de toi. Malgré le temps écoulé. « D’ailleurs tu vas bien depuis ? »  Mais visiblement elle ne se rappelle pas que tu n'aimes pas parler de toi. Ton histoire avec Raphaël et ce qu'elle a engendré y est pour quelque chose. Mais ça, tu ne veux pas en parler. Tu ne veux jamais en parler. C'est une partie de ta vie que tu tentes d'oublier. En vain. Mais tu continues d'essayer. Si les gens n'en savent rien, ils ne t'en parleront pas. S'ils n'en parlent pas, toi non plus. Donc cet épisode finira par s'éteindre avec le temps. Enfin, c'est ce que tu espères. Peut-être un peu naïvement. Quoi qu'il en soit, tu ne veux pas parler de toi. Tu décides d'ouvrir sur un autre sujet. Le seul que vous avez en commun avec la nuit que vous avez partagée. « Depuis la dernière fête à laquelle Louise m'a invité ? Oui, ne t'inquiète pas, ça n'a pas détruit ma vie. » Louise n'était pas ta meilleure amie. Sortir de sa vie ne t'as anéantie. Brisé le cœur. Ou entraîné des remords. Tu n'es même pas vraiment en colère par ses enfantillages. Son amitié ne devait pas être si importante à tes yeux. « Si elle n'a pas supporté ce qu'il s'est passé cette nuit là, c'est son problème. Pas le mien. » Tu avais presque oublié cette histoire avant de revoir Naïs. Tu aurais peut-être du lui donner des nouvelles. Au moins de temps en temps. C'est con de se perdre de vue pour ça. Pour une fille perfide, jalouse et égoïste. « J'imagine que tu la vois toujours. » Ça te semble presque évident. Ta plus jeune conquête semble être captivée, apprivoisée par Louise. « Qu'est ce que vous devenez toutes les deux ? »
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MessageSujet: Re: Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir.   Naïs ◭ C'est comme un rire qui trouve pas vers où mourir. EmptyDim 16 Sep - 3:29

Celestine & Naïs
Revoir Célestine est une surprise. Une surprise agréable dans le sens où j’avais gardé un bon souvenir d’elle. D’un côté, qu’est ce qui aurait pu se passer entre nous pour que le souvenir soit mauvais ? Louise sûrement, et encore là je ne suis pas concernée. C’est vrai que je n’ai jamais revu Célestine après ça et que donc louise a du y mettre son grain de sel, mais dans ce cas je serais plutôt la personne à blâmer. Devrais-je m’excuser ? Je ne sais pas. C’est loin. Et Célestine paraît au-dessus de « ça ». « C'est un travail comme un autre tu sais. » J’hausse les épaules. Moi, j’aime travailler dans mon salon de tatouage. C’est pas crevant du tout. Je dessine et j’aime ça. Je rencontre des gens. Je suis amenée à discuter avec eux. C’est bien. C’est facile. Puis bien payé. Célestine ne doit juste pas avoir la même chance que moi. Celle d’avoir un métier qui plait. Un métier qu’on aime faire. Même si c’est pas la vocation visée, forcément. Je ne réponds rien. Le travail, elle n’a pas envie qu’on en parle. Je ne lancerais pas ce sujet. Je réponds juste à sa question. J’en profite pour demander une cigarette, autant faire d’une pierre deux coups et puis ça meublera le silence. Et si c’est non, et bien tant pis, je trouverais bien un distributeur. Et dans le pire des cas, j’attendrais demain. Je ne suis pas non plus au bord de la crise de nerfs. « Non, ça n'est pas venu avec les années. » Dommage. Enfin pour moi. Pour elle, je dirais tant mieux. Je réalise, c’est vrai que ça fait des années. Les débuts de ma relation avec Louise. J’ai un pincement au cœur rien que d’y repenser. Tout ça m’a semblé être une éternité, alors que tout au plus, c’était y’a trois ans. Trois ans de couple. Trois ans avec elle. Trois sans personne. Ou presque, parce que la fidelité n’était jamais respectée chez aucune de nous deux. C’est une autre histoire. Je pose juste une question. C’est mon tour et je n’ai pas envie que la conversation s’éteigne. Après tout, je l’ai attendu devant son restaurant, je veux au moins que notre temps de discussions égale celui passé à l’attendre. C’est un objectif con que j’ai du me fixer, ou même une exigence. Appelons ça comme on veut, le fait est qu’une de nous doit parler. D’elle de préférence. De questions du genre, qu’est-elle devenu depuis cette fameuse nuit ? Qu’a-t-elle fait ? Qui a-t-elle rencontré ? Des questions sur elle et non sur moi, après tout, je ne l’ai jamais vraiment connu ou même parler. C’est le moment de changer ça. « Depuis la dernière fête à laquelle Louise m'a invité ? Oui, ne t'inquiète pas, ça n'a pas détruit ma vie. » Oui, c’était là. Je souris à sa réponse. A croire qu’elle se fout d’avoir été en quelque sorte bannie par Louise. C’est bien. C’est ainsi qu’il faut agir. C’est ainsi que j’aimerais agir vis-à-vis d’elle. Mais Louise, c’est une histoire qui dépasse la fierté. Restons en à Celestine, et au fait que j’ai quelque part envie de m’excuser pour le comportement de mon ex. Après tout, c’était ma faute. « Si elle n'a pas supporté ce qu'il s'est passé cette nuit là, c'est son problème. Pas le mien. » Je me sens mal, tiraillée par l’envie de lui donner raison – parce qu’elle n’a pas tort – et celle de défendre mon ex, mon amour que je ne peux pas oublier. Plus que n’importe qui, je comprenais la jalousie de Louise. Moi-même, j’étais sujette à des excès de folie quand elle était avec quelqu’un d’autre. C’était pas une histoire d’amour, mais de possession. « J'imagine que tu la vois toujours. » Je relève la tête. L’envie de répondre : si seulement. « Qu'est ce que vous devenez toutes les deux ? » Ce qu’on devient ? Rien. J’ai envie de dire. Ce qu’on est devenu ? C’est autre chose. « A vrai dire, à l’heure d’aujourd’hui. Je n’ai pas parlé à Louise depuis six mois. Elle m’a jeté à la rue et s’est mise à m’éviter. Elle m’évite toujours d’ailleurs. » J’ajoute avant de reprendre. Je déglutis. J’ai des images qui reviennent. Putain, je dois penser à d’autres trucs. « Mais on a vécu trois ans ensemble. En tant que couple je veux dire. Mais c’est fini. Tu veux pas qu’on parle d’autre chose ? Louise est un sujet sensible chez moi. Je veux pas en parler. J’ai pas besoin d’en parler. » Oui, pas besoin. J’ai pas besoin d’elle, je l’ai réalisé. Pourtant j’y pense toujours, et ça me hantera sûrement un moment. « Je voulais juste m’excuser. C’est à cause de moi si tu as perdu tes amis. J'aurais pas du venir vers toi. Je suis désolée. » Oui, j’y pense c’est la moindre des choses. Je m’excuse parce qu’il le faut, elle le mérite. Son traitement était injuste. « Maintenant, j’suis comme qui dirait dans la même situation. Ca me manque pas. Enfin les autres me manquent pas. C’est juste que maintenant, je m’ennui plus souvent. » Oui, c’est ça. C’était des distractions les amis de Louise. Si il ne l’avait pas été, j’me serais promené dans cette rue plus tôt et j’aurais vu Célestine plus tôt.
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